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
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Félicité de LAMENNAIS
(1782-1854). L.A.S., Paris 24 décembre 1818 ; 1 page et demie in-4.
 ⁄ 
Il confirme la mort subite de leur saint ami l’abbé Paul T
ESSEYRE
. « Dieu vouloit recompenser ses vertus ; il
permit qu’on meconnût le caractère de malignité qu’avoit la fièvre à laquelle il a succombé. Dans son delire, qui fut
continuel les derniers jours de la maladie, il ne parloit que de Dieu, du séminaire et de la petite communauté. On
obtenoit de lui tout ce qu’on vouloit, avec les mots d’amour et d’obéissance. Je ne l’ai quitté que peu d’heures avant
qu’il expirât. On s’est partagé avec empressement tout ce qui lui avoit appartenu. Tout le monde se sentoit plus porté
à l’invoquer qu’à prier pour lui, tant l’opinion qu’on avoit de sa sainteté étoit grande. M
r
le Prince de L
ÉON
a fait
embaumer son cœur ; il est maintenant deposé à la petite communauté ; puisse l’esprit de ce saint prêtre y
demeurer aussi, et animer tous les éleves qui s’y formeront »…

.
Félicité de LAMENNAIS
. L.A., mercredi [août 1820, à son frère, Jean-Marie de L
AMENNAIS
] ;
3 pages in-8.
 ⁄ .
À
PROPOS DE LA RÉCEPTION DU DEUXIÈME VOLUME DE L
E
SSAI SUR L
INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION
. Le mot
de S
AINT
-V
ICTOR
sur l’article de la
Quotidienne
pose mal la question, et Lamennais en est fâché : selon M. de
B
ONALD
, « il n’a été question de rien moins que d’une censure ecclésiastique », et Lamennais va envoyer à
Saint-Victor une note pour le
Defenseur
, afin de rétablir la question… Il donne un extrait de la lettre de Bonald, qui
cite lui-même une lettre d’un confrère de province, « homme de grand sens et d’une véritable science », à un évêque :
« “Je […] ne peux asseoir de jugement sur l’idée même de l’ouvrage, et qu’il cherche à faire prévaloir sur celles des
métaphysiciens qui l’ont précédé. Elle est grande, mais trop absolue et trop exclusive. Je crois entrevoir le côté par
où elle pèche, mais vaguement, parce que cet ouvrage a besoin d’être beaucoup médité pour être saisi dans ses prin-
cipes et dans ses conséquences. […] l’auteur, en supposant même que sa théorie puisse être légitimement
attaquée à certains égards, me paroît avoir ouvert une nouvelle route dans les recherches philosophiques de la
vérité. Il s’élève à une hauteur où je ne crois pas qu’aucun philosophe fût arrivé. C’est ce qui frappe d’admiration dans
plusieurs endroits de son ouvrage. Mais c’est aussi ce qui fait trembler, car s’il venoit à tomber, la chute seroit terri-
ble” »… Cependant le prêtre est d’avis qu’il ne s’agit que d’opinions philosophiques, sans danger pour la foi ; il fait
peu de cas de l’irritation des théologiens et des professeurs de philosophie contre un système qui les sort de la rou-
tine. « “Le vrai danger seroit dans une lutte qui amuseroit nos ennemis, et dans une censure de l’autorité
ecclésiastique qui pousseroit à bout l’auteur. […] L’idée de M. de la M. me paroît empruntée de celle de M. de B.
dans ses Recherches philosophiques. Ils ont raison de vouloir établir partout l’autorité, mais une idée vraie à son point
de départ, dégénère en système et peut devenir fausse lorsqu’on veut l’établir à l’occasion d’autres doctrines
reconnues vraies” »… Lamennais cite ensuite quelques lignes de M. de Senfft sur l’abbé Gourdon, grand vicaire de
Nantes, ravi de ce deuxième volume et qui écrit qu’« il s’applique à le faire lire par tout ce qui n’est pas abruti par les
calculs de la bourse, et que les jeunes gens de Nantes en sont dans l’enthousiasme »… Mais l’auteur achève sa lettre
sur une note de lassitude : « Le bruit n’est pas fini, et la haine de certains hommes croîtra à mesure qu’elle
deviendra plus impuissante. Ce malheureux volume que je crois être un grand service rendu à la religion, détruira
peut-être la tranquillité de toute ma vie »…

.
Félicité de LAMENNAIS
. L.A., Genève 30 mai 1824, [à son frère, l’abbé Jean-Marie de L
AMENNAIS
] ;
5 pages in-8.
 ⁄ 
L
ONGUE LETTRE ÉCRITE EN ROUTE VERS
R
OME
,
PARLANT DU
M
ÉMORIAL CATHOLIQUE
,
DE SES ÉCRITS
,
DE LA POLI
-
TIQUE
,
ET DE L
ÉLECTION DU NOUVEAU PAPE
L
ÉON
XII. Il renvoie une traduction de l’
Imitation de Jésus-Christ
que
Denys lui avait prêtée, et joint à sa lettre « une copie figurée des signatures de la lettre des sauvages au Président du
Congrès » demandant des Jésuites, à publier dans le
Mémorial
, dont il critique le dernier numéro. Il évoque l’abbé
Perreau, les évêques de Metz, Tulle et Saint-Brieuc, et l’avenir de la religion en Bretagne, puis rappelle l’envoi de li-
vres que Saint-Victor doit faire au curé de Genève [Vuarin] : 60 exemplaires des tomes III et IV l’
Essai
, 60 de l’
Imi-
tation
, 20 du
Journal du chrétien
…On ne vendra jamais ce qui reste des
Réflexions
… « Malgré l’infamie des élections,
la session présente ébranle extrêmement le ministère. Son règne ne sauroit desormais être fort long. Mais qu’aurons-
nous après ? Rien de pire certainement. Mais quoi ? Je l’ignore ; je ne conçois aujourd’hui la possibilité de quoi que
ce soit. Il faut que cette boue fermente pour qu’il en sorte quelque chose de moins impur. Il faut de nouvelles leçons,
de nouveaux châtiments. Il faut ce que Dieu seul sait »… Et de raconter une anecdote sur l’élection du « Pape ac-