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
.
François, comte de BULKELEY
(1686-1756) lieutenant général au service de France. 3 L.A., juin-juillet
1736, au Président de M
ONTESQUIEU
à Paris ; 3, 1 et 3 pages in-4, adresses avec cachets cire rouge aux armes
(brisés). [CM 449, 450 et 456]
 ⁄ .
B
ELLE CORRESPONDANCE AMICALE
.
17 juin
. « Jay vû de près le Styx, jay vû les Eumenides &c et pour vous parler plus simplement, mon cher
president, jetois bien mal lors que l’on m’apporta votre derniere lettre qui suspendit pour un tems les transports de
ma fievre ; mais que de sang innocent il a fallu repandre pour l’éteindre tout à fait ». Il s’interroge sur la santé de
Montesquieu et sa « prise d’epicuquana […] Conservez vous mon cher president pour les princes princesses,
duchesses et autres, et surtout pour vos amis et vos serviteurs ». Il évoque la colique de Milord W
ALDEGRAVE
: « vous
et moy pensons de mesme sur son sujet ; les hommes occupés des grandes affaires n’ont pas le tems d’être malades » ;
la réception du comte de M
ATIGNON
dans l’Académie de La Rochelle : « quel blaspheme, douter que le comte pût
devenir un chef des beaux esprits »… Si Montesquieu est à Chantilly, Bulkeley le charge de dire « à la princesse de
C
LERMONT
que son esclave et qui le sera toujours, n’a pas été bien du tout, elle le reconnoitra à cette phrase, dont
elle s’est souvent moquée, et plut à Dieu qu’elle ne se fut moquée que de cela »… Il parle encore du duc
d’E
STOUTEVILLE
« qui conserve toujours j’espere son embonpoint et son admiration pour les ministres ». Il souhaite
enfin à Montesquieu « beaucoup de santé, et une vendange abondante malgré toute l’indifférence de votre
philosophie »...
[
Fin juin-début juillet
]. « Tout ingrat, tout dedaigneux, tout leger qu’est Mr le president de Montesquieu, les
mesmes personnes à qui il avoit promis hier quil les honoreroit de sa presence et qui l’ont attendu jusques à dix heures
et demy, le convient pour ce soir à un petit souper, mais il est prié en mesme tems de ne les point oublier. La
compagnie sera peu nombreuse, et les propos des plus libres sans être pourtant licencieux »...
[Orléans] 21 juillet
. « J’ai si peu joui de vous à Paris, mon cher president, que cela m’a degouté d’y rester plus
longtems. Votre maudit garçon m’a mesme fait veiller inutilement à vous attendre la veille de mon depart, car il
m’assura que vous deviez m’honorer d’une visitte ». Il incite Montesquieu à venir le visiter à Orléans avec le comte
de M
ATIGNON
: « Je prens actuellement les eaux de Vichy qu’on dit estre excellentes pour l’estomach, et je vous
conseille serieusement de les essayer. Vous serez icy dans le sein de la tranquillité, vous respirerez un air serrein, vous
serez à l’abri des indigestions, et nous vous renverrons à la ville sain et en embonpoint, et les beautés de Paris nous
en sçauront gré ». Il évoque l’ordre du Saint-Esprit où l’on a refusé d’admettre B
AUYN D
’A
NGERVILLIERS
(ministre
de la Guerre) : « c’est un degoust de plus qu’il essuye : s’il etoit sage il les laisseroit là, et il acquereroit plus de
consideration par sa rettraitte, qu’il n’a eu d’honneur dans son employ ; j’ay cru aussy bien que vous ce foudre de
guerre debarqué d’Italie ; il m’a paru tout aussy bruyant et aussy inepte que lorsque feue Mme sa femme le chassoit
de sa presence par un torrent d’injures ». Il s’inquiète de la santé et de la grossesse de la duchesse de B
OURBON
, de
sa nièce Mme de R
ENEL
qu’il croit « dans un très grand danger ». Il transmet les compliments de sa maîtresse (et
future femme) Mme de C
ANTILLON
, et évoque les distinctions et galanteries de Louis XV pour Mlle de C
LER
-
MONT
… « Adieu mon tres cher president portez vous bien, et passez comme moy
du mepris de la personne
au mepris des dignitez »...
.
Claudine Guérin de TENCIN
(1682-1749) femme de lettres, animatrice d’un salon littéraire influent.
3 L.A., [Paris juillet-août 1736], à M
ONTESQUIEU
à Paris ; 1 page in-8 et 1 page et demie in-8 avec adresses,
et 1 page et demie in-12. [CM 455, 458 et 451]
 ⁄ .
C
HARMANTS BILLETS AMICAUX
.
[20 juillet]
. « Souvené vous mon petit Romain que c’est aujourdhuy vandredy car je vous crois trop juste pour me
conter mardy cétoit pour Chaub [Luke S
CHAUB
] que vous venies et dalieur il ne faut pas cesse de ménage avec moy.
Nous somme prié chez Mde de G
ONTAUD
dimanche »…
12 août
. « Mde de G
ONTAUD
garde sa chambre mon petit Romain elle ma prié de vous le faire dire vous voyé quelle
souhaite que vous aliés chés elle elle a raison plus on vous conoit plus on vous aime. Pour moy je vous aime au point
detre bien aise d’avoir des rivalles si elles ont plus d’agrement et desprit que je n’en ay. Je suis bien sure de
l’emporter sur elle par mes sentimens pour vous ».
« Je suis désespérée de vos indigestions c’est trop de souffrir de ma mauvaise santé et de la vostre il faut
absolument que vous faciés quelque petites choses pour rétablir vostre estomac il a la mine d’avoir besoin de quelques
secour »... Elle évoque le prochain départ de Montesquieu, puis le commandeur [de S
OLAR
] : « J’ay pensé comme
vous sur le commandeur j’enverray de mon costé luy dire que les vandredy sont rétablis mais ce ne sera que dans
le cas où vous pourés en etre vous luy ête necessaire pour luy assurer la contenance. Bonjour mon très cher ami vous
ete bien tendrement aimé et vous ne le serez jamais mieux ».