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
.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de MONTESQUIEU
. L.A. (minute), Paris 19 juin 1737, à
François de B
ULKELEY
à Londres ; 3 pages et demie in-4. [CM 472]
. ⁄ .
L
ONGUE LETTRE SUR UN SOUPER CHEZ LE PRINCE DE
C
ONTI
,
LA DISGRÂCE DE
C
HAUVELIN
,
LA MARQUISE DE
R
ENEL
,
ET LES
O
RLÉANS
.
« Il est aujourd’hui le 19 juin et nous mourons de froid icy. Je vais faire faire du feu à la honte de la providence.
Que voulez vous dire que Milady Mari [M
ONTAGU
] aura un amant malgré moy ce sera si peu malgré moy que sans
l’attachement que jay pour Madame Bulkeley je vous offrirois volontiers à elle, je vous prie quand vous la verrés de
lassurer de mon respect et de mon admiration ». Il a soupé chez le prince de C
ONTI
, où le prince et d’autres « me
chargerent de vous embrasser de leur part nous vous voulions touts à ce souper qui par parentese fut un des plus
longs que jaye fait de ma vie. Il me paroit que le prince cherche à donner une terrible extention à ses plaisirs. Le feu
garde des sceaux [C
HAUVELIN
] est arrivé à Bourges il est allé dabort à pied ches le petit D
ODART
son intendant et
son maitre pour luy faire voir quil avoit obei aux ordres du roy. On dit tant de choses sur sa nouvelle disgrace que
je ne scay qu’en croire il a esté egalement accablé par ses ennemis et par ses amis qui ne pouvant renoncer aus es-
perances quils avoint concües de sa faveur vouloint à toute force le faire regrimper. Je vous avoüe que cette teste la
ne me paroit avoir esté bonne ny dans la prosperité ny dans ladversité ce qui prouve quelle nestoit pas meme bonne
lors quil n’avoit encore rien eu à demesler avec la fortune. Je ne suis point de votre avis de louer Grosbois lair y est
chargé de corpuscules qui ne portent point la joie nous y gagnerions le spleen ». Puis sur la santé de la marquise de
R
ENEL
(fille du maréchal de Berwick et nièce de Bulkeley) : « La pauvre Madame de Reinel sen va je croy dans lau-
tre monde sans perdre lesperance de celui cy elle est mieux mais elle crache toujours du pus et je vous avoüe que je
la croy sans ressource et quil nest question que de lui prolonger la vie. Elle me fait pitié car je la voy plus que je nay
fait encore cest me semble la plus aimable de toutes les productions du maréchal ». Il salue ses amis anglais, et ter-
mine en relatant le procès entre la duchesse de M
ODÈNE
et son frère Louis d’O
RLÉANS
au sujet de la succession de
leur père le Régent : « Madame de Modene entre en proces avec Mr le duc d’Orleans dont la devotion court risque
de soutenir un mauvais proces elle demende dentrer en partage parce que sa renonciation est nulle nayant pas tou-
ché la somme pour laquelle on lavoit faite renoncer. Il ne falloit que cela pour rendre leur amour parfait ».
