Page 42 - cat-vent_drouot18-12-2012

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
consommons en dépenses, et nous avons le chagrin de voir nos troupes diminuer tous les jours, par les maladies et
les désertions, sans pouvoir en faire aucun usage »… Il craint de se trouver dans l’impossibilité de soutenir la guerre,
et transmet une lettre de L
AW
, qui n’a pu payer ses troupes…
1
er
août et 2 septembre
. Ayant fait marcher des troupes
dès le soir du 28 avril, L
ALLY
a pris tour à tour Goudelour, le fort Saint-David et Divicottey, alors que le comte
d’A
CHÉ
a livré une première bataille navale, mais le défaut d’argent, de poudre et de fournitures de marine les a em-
pêchés d’entreprendre le siège de Madras… Lally s’est rendu avec ses troupes dans le Tanjaour pour réclamer au Raja
les 55 lacks de roupies dus en vertu d’une lettre de ce prince à Chana-Saëb « dans le tems que nos troupes l’assie-
geoient dans sa ville » (1749)… Cependant le siège de Madras paraît incertain, même si Lally ramasse des fonds :
M. d’A
CHÉ
considère l’escadre anglaise égale en forces à la sienne et « ne paroît pas déterminé à lui livrer un second
combat sans auparavant avoir reçu de nouveaux secours d’Europe. La destruction des Anglois par mer est
cependant un préalable nécessaire pour assurer le succès de cette entreprise »… Leyrit doute de surcroît que les
ordres que Lally a donnés à B
USSY
et M
ORACIN
pour obtenir des renforts soient suivis ; il donne des explications
sur la situation à Mazulipatam et dans le Décan en proie à une révolution ; pourtant Lally « s’embarrasse peu,
dit-il, de la conservation des quatre provinces de nantissement et que ce soit S
ALABETZINGUE
ou N
IZAMALY
qui ait
le fouba du Décan, persuadé que lorsqu’il aura détruit les Anglois il y arrangera les affaires comme il le jugera à
propos et sera le maître de reprendre les quatre provinces si elles conviennent, il n’a d’autre vues que la destruction
des Anglois ; c’est à quoi il raporte toutes ses idées rien n’est capable de l’en détourner »… Après avoir donné des
nouvelles du Bengale, où C
OURTIN
a été fait prisonnier, Leyrit reprend son rapport le 2 septembre pour raconter
l’échec des négociations de L
ALLY
avec le Raja du Tanjaour, suivi par l’échec de son siège de la ville (sont
incriminées l’insuffisance de vivres et de munitions, l’impossibilité de porter des secours à cause de l’abandon du
poste de Cheringham, et l’ignorance de Lally du génie et du caractère des peuples auxquels il avait affaire)…
« M. de Lally fâché de ce que l’argent manque veut se charger de la partie des finances et en conséquence vient
d’ordonner à tous les comptables de ne plus rien payer que sur ses ordres et reçus, il ne me paroît pas que ce
nouvel arrangement puisse subsister longtems »… M. d’A
CHÉ
, qui s’est plutôt bien tiré d’une deuxième bataille
navale, est « mécontent » et a refusé de différer son départ : « Les Anglois vont encore une fois devenir les maîtres
de la mer »… Lally projette de faire des mouvements pour divertir les Anglais de Vellore où Bussy et Moracin se
trouveraient avec un corps de troupes, mais il faudrait faire rétrograder ce corps : « Je lui ai dit ce que je pensois sur
ce sujet et je n’ai pas manqué de lui faire sentir les inconvenients qui resulteroient de l’abandon que nous
paroissions faire de la partie du Nord, d’où il peut tirer pour le présent bien des secours »…
28 septembre
.
Récapitulatif au Comité secret du précédent historique militaire, et réitération de son incapacité à subvenir aux
dépenses de campagne…
30 septembre
. Nouveau récapitulatif, avec quelques notes marginales d’une autre main…
11-12 octobre
. Comme prévu, L
ALLY
s’est vite dégouté de la gestion des finances, mais sa méfiance s’est étendue aux
terres, dont on lui a fait entendre « qu’il s’y passoit bien des abus », et il a voulu changer la régie, sans pourtant pren-
dre de résolution, ce qui a arrêté la rentrée des revenus ; il a tiré P
APIAPOULÉ
de prison et l’a chargé de prendre des
informations sur la valeur des terres conquises… Tout le monde est témoin des efforts que Leyrit a faits pour éta-
blir la confiance entre eux, et des épreuves auxquelles Lally a soumis sa patience « par une suitte non interrompue
de mauvais et d’injustes procedés. C’est y mettre le comble que de me reprocher comme il fait aujourd’huy de luy
tendre des pieges et de luy preparer des obstacles […] il cherche a rejetter sur moy tout le blame de ses operations
si elles ne reussissent pas […]. Je suis devenu la victime de ses preventions. Il se prevaut des nottes peu favorables
que je sçais que la Compagnie luy a donné de moy lorsqu’il est party pour l’Inde. Il ne me les a pas laissé ignorer »…
Leur détresse s’aggrave, et les Cipayes désertent. B
USSY
a reçu l’ordre de rejoindre Lally à Vandavachy : « Il est à sou-
haiter que M. de Lally veut suivre ses conseils […] vis-à-vis des puissances du pays tant Maures que gentils »… Le
12, Leyrit annonce que Bussy veut rentrer en France…
30 octobre
, au Comité secret. Arcate, abandonné par les An-
glais, a été pris « presque sans coup férir » ; Lally, suivant le conseil de Bussy, y a fait arborer le pavillon de S
ALA
-
BETZINGUE
. Ni l’arrivée de renforts anglais dans Madras, ni la mauvaise saison ne le détournent du dessein d’assiéger
cette place ; quant à l’argent, A
BEILLE
, sous-marchand, et M
IRAN
, ancien conseiller, ont proposé d’avancer 500 000
roupies, en demandant pour 5 ans la ferme des anciennes possessions de la Compagnie ; le Conseil la leur a accor-
dée, en cassant les anciens baux ; Leyrit craint que ces nouveaux fermiers ne tiennent pas leurs engagements…
Jointe à cette lettre, la copie de lettres de M
AGON
à Leyrit du 1
e
août et 6 septembre 1758, faisant état de mouve-
ments de vaisseaux… – Aux syndics et directeurs : les fonds envoyés et les revenus des terres ne suffiront pas à la dé-
pense de la guerre ; Leyrit voudrait relever le pavillon de Surate pour prévenir l’entreprise probable des Anglais sur
cet endroit…
2 novembre
. Nouvelles observations sur la coûteuse petite expédition sur Cheloupet de S
OUPIRE
, qui
ensuite est resté dans l’inaction en attendant Lally… Avant que l’escadre de M. de L’É
GUILLE
n’arrive, les Anglais
auront reçu des secours et ne craindront plus pour Madras ; Lally voudrait livrer le siège sans tarder « mais je ne pense
pas qu’il ait assés de forces pour une pareille entreprise »…
10 novembre
, envoi au Contrôleur général du journal
qu’il lui a demandé… O
N JOINT
un résumé (« extrait ») manuscrit de la lettre du 11 octobre (5 p. in-fol.).