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
.
Georges DUVAL DE LEYRIT
(1717-1764) employé de la Compagnie française des Indes, gouverneur de
Pondichéry. M
ANUSCRIT
signé avec date autographe,
Journal de ce qui s’est passé dans l’Inde de plus
intéressant depuis le 17 octobre 1758 jusqu’au [9 novembre 1758]
, Pondichéry 13 mars 1759 ; 51 pages et
quart in-fol. en 2 cahiers liés d’un ruban rose.
. ⁄ .
D
UPLICATA DU JOURNAL DU GOUVERNEUR DE
P
ONDICHÉRY
,
ÉTABLI APRÈS LA LEVÉE DU SIÈGE DE
M
ADRAS
(17 février 1759), à la demande du Contrôleur général, et à une époque où l’hostilité entre Leyrit et Lally était
devenue évidente à tout Pondichéry. Cet extrait correspond aux semaines au cours desquelles Lally, de retour à
Pondichéry après la prise d’Arcate, cherchait les fonds nécessaires pour son expédition contre Madras. Nous ne
citerons que quelques fragments de cet intéressant document.
17 octobre
. Lally demande au Conseil une modification des baux de la ferme générale de la Compagnie des Indes
afin d’obtenir une avance d’un demi-million de roupies. « M. de Lally demande de l’argent et veut en avoir à quelque
prix que ce soit pour faire le siège de Madras, il assure que s’il a cette somme il prendra cette place »… Il est
longuement question de la vérification des comptes ; Leyrit regrette que l’arrivée de la présente expédition
« eussent rendu aux militaires l’ascendance et l’autorité qu’on avoit cherché à leur ôter »… Anecdote sur la demande
que Lally lui fit, d’abolir le
Te Deum
annuel commémorant la levée du siège de Pondichéry par les Anglais : selon
Lally, D
UPLEIX
n’avait établi la cérémonie « que pour satisfaire sa vanité »…
18 octobre
. Journée passée avec B
USSY
à parler des affaires du Décan : échos des remarques de Bussy. Lally arrive pour dîner avec eux : il « ne pense qu’au
siège de Madras et il est inutile de lui rien proposer qui n’y ait point de raport »…
19 octobre
. « Nous n’avons pas
une roupie en caisse. M. de Lally, cependant, veut faire pendant l’hyver le siège de Madrast, il n’ignore pas notre
situation, je ne sais comment nous nous en tirerons »… Relation d’un conflit avec Lally suivant la proposition du
général P
IGOT
d’échanger leurs prisonniers…
20 octobre
. Récit d’une « grande colere » de Lally, à la nouvelle que
les conditions des fermiers pour avancer de l’argent avaient changé…
21 octobre
. « M. de Lally se previent tous les
jours de plus en plus contre M. de Bussy. Il ne cesse de se plaindre du peu de lumieres et de secours qu’il en a
tiré »… Lally l’a interrogé sur un « pot de vin » supposé ; il s’occupe des préparatifs du siège de Madras, entreprise
que Leyrit présente ici comme mal conçue et « bien hazardée » ; Leyrit croit que Lally « seroit flatté de ne pas
partager la gloire de cette conquête » avec le chef de l’escadre…
24 octobre
. Confirmation de la nouvelle d’un
débarquement anglais à Vizagapatam. Attention du Conseil à ne rien mettre dans sa correspondance qui pût
« choquer ce general qui est bien susceptible, pénétrant et méfiant et dont l’imagination va toujours au-dela de ce
qu’on a pensé. […] M. de Lally est déterminé a partir »…
25 octobre
. « M. de Lally continue ses préparatifs pour le
siège de Madrast. On demande beaucoup d’outils, il ne s’en trouve point ou que très peu dans les magasins. Tout
ce qui en avoit été porté à Tanjaour y a été laissé »… (En marge, une note dénonce ceci comme une « imposture »,
alors que la retraite de Tanjaour [en août] n’eut lieu que pour « courir a Pondicheri exposé depuis la seconde défaite
essuyée par l’escadre française »)…
26 octobre
. Ni les troupes ni les ouvriers ne sont payés…
28 octobre
.
Recommandations et réclamations de Bussy auprès de Lally ; mémoire présenté par Bussy à Lally…
30 octobre
.
Le Conseil, à la demande de Lally, a décidé d’écrire à l’Isle de France [Maurice] pour demander les
100 000 piastres attendues par l’escadre de M. de L’É
GUILLE
31 octobre
. Différend entre Bussy et Lally au sujet
d’un « paravana » pour R
AJAH
-S
AËB
, qui donnerait à ce dernier des droits fiscaux ; Leyrit donne raison à Bussy…
1
er
novembre
. Suites de cette affaire, et plaintes de Leyrit sur le peu de diplomatie dont fait preuve Lally à l’égard de
M
ÉHÉMET
A
LI
K
HAN
et ses frères (exposé de leur importance)…
4 novembre
. Un conseil mixte approuve par 26 voix
sur 27 la demande de Lally de mettre les troupes en campagne ; Leyrit voudrait « qu’on se bornat au siege de
Chingelpet ». Il nie avoir parlé à Lally le premier de Tanjaour… Échange peu amène avec Lally au sujet de fonds
pour la campagne : l’explication de Leyrit « bien loin de le satisfaire excita chés lui beaucoup de mauvaise humeur
qu’il exhala par des b. et des f. et par les propos les plus offensants »…
5 novembre
. Efforts du gouverneur pour
obtenir de l’argent pour la campagne des malabars et chefs de caste…
6 novembre
. « Les marchands et habitans de
la ville arrêtés au fort depuis hier se sont enfin déterminés à offrir cent quarante mille roupies »…
9 novembre
.
Résistance des marchands et chefs de caste, soutenus par quelques principaux de Pondichéry qui désapprouvent
l’emprunt : « Je suis accablé de représentations de toutes parts en faveur des uns et des autres »…