Page 7 - cat-vent_drouot18-12-2012

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Les lettres que nous présentons ont été publiées en 1982 par René Pomeau dans la
Revue d’histoire
littéraire de la France
, avec de nombreuses erreurs.
Nous remercions à nouveau Mme Catherine
V
OLPILHAC
-A
UGER
d’avoir bien voulu nous faire généreusement
bénéficier de ses recherches pour la préparation du volume à paraître de la
Correspondance 1731-1746
de
Montesquieu (
Œuvres complètes
, t. XIX, ENS Éditions et Classiques Garnier, 2013) ; nous indiquons entre crochets
[CM] le numéro des lettres dans ce volume.
.
Gasparo CERATI
(1690-1769) prêtre oratorien et littérateur italien, recteur de l’Université de Pise. L.A.S.,
[fin septembre-début octobre 1733], à M
ONTESQUIEU
; 3 pages in-4 (qqs lég. fentes et mouill.). [CM 377]
 ⁄ 
[C’est lors de son voyage en Italie en 1728-1729 que Montesquieu avait fait la connaissance, à Rome, chez le
cardinal de P
OLIGNAC
, du père Cerati, qui deviendra un de ses fidèles correspondants.]
Il est très sensible aux marques de bonté de Montesquieu : « si pour en etre digne, il suffit de vous estimer, de vous
aimer, et de vous respecter, je suis bien sûr, que aucun ne me surpassera jamais dans ce genre de mérite. Vous me ferez
un plaisir extrême de me faire parvenir au plutôt qu’il sera possible, votre ouvrage sur les Romains [
Considérations sur
les causes de la grandeur des Romains
…]. Je ne doute pas, qu’il ne soit rempli de réflexions profondes, fines, et sublimes,
en un mot dignes de votre esprit, qui joint à une très grande penetration une égale solidité ». Il a une très grande envie
de venir en France, « mais jusqu’à cette heure toutes les ouvertures me sont bouchées par la Providence », mais il rêve
d’avoir « le plaisir d’être avec vous quelque tems, et de jouir des agremens de votre aimable conversation ». Il a appris
la langue anglaise, et aimerait que Montesquieu lui dresse une « liste des livres, qui ont gagné plus que les autres votre
estime pendant votre séjour à Londres ». Il incite Montesquieu à « déterminer notre illustre cardinal [de P
OLIGNAC
] à
profiter de son loisir pour donner au public son divin
Anti-Lucrèce
, vous gagneriez auprès de l’univers savant une gloire
immortelle. Associez-vous tous les beaux esprits de Paris, et donnez un assaut à cette place : si vous la réduisez à se
rendre à discretion, ou au moins à capituler, votre nom deviendra plus illustre que celui de Achilles, ou d’Epaminondas ».
Puis il évoque « les bruits de la guerre par la déclaration du Roy de Sardaigne contre l’Empereur. Il est à souhaiter que
la France, et ses Alliez réussissent dans le dessein d’enlever l’Italie aux Allemans, parce qu’autrement cette Province
seroit detruite de fond en comble par cette nation extremement avide. La guerre, qu’on commance à présent, sera un
époque mémorable dans les siècles à venir, parce que selon toutes les apparences elle enfantera un nouveau système de
Gouvernement dans l’Europe, et l’Italie, et l’Allemagne seront le théâtre des grands changements »…
.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de MONTESQUIEU
. L.A. (minute), [Paris fin février-
début mars 1734, à Henriette, marquise de R
ENEL
] ; 2 pages in-4 avec ratures. [CM 379]
. ⁄ .
J
OLIE LETTRE GALANTE À LA MARQUISE DE
R
ENEL
; la fille du maréchal de Berwick séjournait alors dans son
château de Cheverny.
« Jay senti pour vous seule une flame parfaite. Ma princesse est donc une bergere et je pourray lui dire tout mais
estant habitant de la ville elle nattend de moy que des nouvelles. Quarante mille alemans arrivés a Mantoüe avec le
g[énéral] Merci [Claude Florimond de Mercy, général autrichien, qui sera battu le 30 juin devant Parme à la tête des
Impériaux], la promotion toujours differée ce qui fait enrager beaucoup de monde, monsieur le marquis de Vilars
brigadier pour servir de planche a monsieur de Renel. Que vous diray je vint trois compagnies de gardes qui partiront
le cinq. J’ay oui dire des merveilles de votre chateau de Chiverni [Cheverny] je les croy toutes car vous y estes. Excusés
ce moment de fadeur. Je vis hier monsieur labé [de Fitz-James, frère de Mme de Renel] qui me laissa un heure dans sa
chambre avec un rituel pour mamuser. Mais vous scavez quavec le foible que jay pour lui je me reduirois a bien
d’autres epreuves. Adieu Madame il n’y a que mon admiration qui approche du respect avec lequel je suis »…
Autour de
Charles de Secondat, baron de La Brède et de
MONTESQUIEU
(1689-1755)