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.
Claudine Guérin de TENCIN
(1682-1749) femme de lettres, animatrice d’un salon littéraire influent.
2 L.A., [fin avril ? et juin-juillet 1734], à M
ONTESQUIEU
à Paris ; 2 pages in-8 et 2 pages in-4, adresses avec
cachets cire rouge aux armes. [CM 386 et 397]
 ⁄ .
A
U SUJET DE LA PUBLICATION DES
C
ONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DE LA GRANDEUR DES
R
OMAINS ET DE LEUR
DÉCADENCE
,
ET DES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR
M
ONTESQUIEU POUR L
ÉDITION FRANÇAISE
.
Dimanche [fin avril ?]
. « Vous souvenés vous de la partie que nous avons fait de boire une bouteille de vin de
Tocaie. C’est demain lundy quelle s’execute et je vous prie de ne me pas manquer. Nous ne serons que la dame moy
vous et le petit Rezé. […] Mon livre s’il vous plait je n’en feray d’autre eusage que de le lire moy toute seule ou tout
au plus avec Rezé ».
[Juin-juillet]
. « Je crois qu’il ne faut pas parler au c. [cardinal de F
LEURY
] ni au commandeur [Antonio Maurice
S
OLARO
(1689-1762), dit le commandeur de S
OLAR
, commandeur de l’ordre de Malte et diplomate, ami du
cardinal de Fleury] parce que ce seroit attirer sur vous l’attention de certaines gens et qu’il faut que vous soyé dans
le pui encore quelques temps. Voyla le fruit de mes réflexions de cette nuit. […] Voissi de la bagatelle. Votre critique
d’hier est tres bonne à mon sens du moins je l’ay senti comme vous et avant que vous vous fussiez expliqué. Cette
circonstence est necessaire pour que je puisse m’assurer de mon jugement. Autre bagatelle où nous avons encor
raison tous deux. Le ridicule bien atrapé n’est point gaÿe par luy même il ne l’est que relativement à nostre
malignitée par conséquand Mde Joffrain [G
EOFFRIN
] quelque bien qu’elle l’atrape n’a pas une imagination gaye. Elle
l’a comme vous l’avés très bien défini singulliere. Pardonné moy tout ce petit ravodage. […] Je li un livre que je veux
que vous lisié ».
.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de MONTESQUIEU
. L.A. (minute), Paris 17 juin 1734,
[au comte François de B
ULKELEY
] ; 1 page in-4. [CM 394]
.⁄.
B
ELLE LETTRE SUR LA MORT DU MARÉCHAL DE
B
ERWICK
. [James Fitz-James, duc de B
ERWICK
(1670-1734), fils
naturel du roi d’Angleterre Jacques II Stuart, maréchal de France, commandait l’armée française du Rhin dans la
guerre de Succession de Pologne, et eut la tête emportée par un boulet lors du siège de Philipsbourg (12 juin 1734) ;
il était, ainsi que son beau-frère Bulkeley, un ami fidèle de Montesquieu.]
« Je ne pourrois vous dire milord a quel point jay esté penetré de la mort de mr le marechal. Quand je naurois pas
eu lhonneur de le conoitre je le regreterois pour lestat et je sentirois tout de meme combien cette perte est
irreparable. Jamais je nay vu le peuple frapé dun evenement autant que de celui la et cela fait un bien grand eloge.
Je suis bien touché milord de votre douleur et plus elle est juste plus elle lui est due plus je sens que je my interesse.
Je vous demenderois lhonneur de votre amitié si le chagrin ou je suis me permettoit de demander pour moy aucune
grace quelque prætieuse quelle me fut »…
5.
Pierre COSTE
(1668-1747) protestant français réfugié à Londres, traducteur de Locke et Newton, et éditeur
de Montaigne. L.A.S., [Londres] 24 juin 1734, au Président de M
ONTESQUIEU
, à Paris ; 2 pages et demie
in-4, adresse avec cachet de cire au buste de philosophe antique (fente au dernier feuillet). [CM 395]
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A
U SUJET DU SUCCÈS EN
A
NGLETERRE DES
C
ONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DE LA GRANDEUR DES
R
OMAINS ET DE
LEUR DÉCADENCE
. [De son ami et correspondant londonien Pierre Coste, Montesquieu disait en riant qu’il « croit
avoir fait
Montaigne, et il rougit quand on le loue devant lui ».]
Il évoque d’abord « ce funeste accident qui nous a enlevé le Duc de B
ERWICK
. Indépendamment de son habileté
dans la guerre, & sans compter les belles actions qui l’ont élevé au rang des plus fameux généraux, c’étoit un homme
adorable par sa vertu, par son humanité, sa politesse, & c’est ce qui me rendra sa mémoire précieuse »… Il en vient
au succès des
Considérations
en Angleterre, où le livre « est lû avec avidité, & est universellement applaudi. Un li-
braire m’a assuré que Mylord C
ARTERET
[…] lui en a fait un éloge complet, c’est qu’il l’a gouté en tout & partout.
Je puis assurer la même chose d’un critique qui semble chercher plutôt à reprendre qu’à louer, dans les ouvrages qui
lui tombent entre les mains, je veux dire qu’il n’a rien trouvé à censurer dans le vôtre. […] Je ne vous dirai pas ce
que j’en pense moi-même, parce que je ne l’ai pas vû, & qu’on ne le trouve plus chez nos libraires. Tout ce qu’ils
ont reçu de Hollande, a été enlevé en fort peu de temps. Il en viendra de nouveaux exemplaires ; & alors j’aurai soin
de le lire & de vous en dire naïvement tout ce qui me viendra dans l’esprit.
Préparez tout pour une seconde édition. […] Il y a long-temps que je me suis livré au plaisir de vous aimer ; & je
ne m’en saurai non plus passer que de respirer. C’est votre mérite qui a excité ce feu qui ne s’éteindra qu’avec ma
vie »…