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.
Trophime-Gérard de LALLY-TOLENDAL
. M
ANUSCRIT
autographe (inachevé), [vers 1785 ?] ;
110 pages in-4.
. ⁄ .
L
ALLY
-T
OLENDAL RACONTÉ PAR SON FILS
:
RELATION DE LA FIN DE LA MISSION DE
L
ALLY EN
I
NDE
,
SON RETOUR EN
F
RANCE
,
SON EMPRISONNEMENT
,
ET L
ERREUR JUDICIAIRE QUI S
ENSUIVIT
. Le manuscrit est rubriqué en marge, et
présente quelques corrections et additions ; après 8 pages foliotées 1-3, il est paginé 2-95 avec des feuillets bis, ter
ou quater ; inachevé, il semble être resté
INÉDIT
.
L’auteur rappelle pour commencer l’expédition de Tanjaour (juillet 1758), la prise de Cheringham (novembre
1759), la négociation avec S
ALABETZINGUE
, les intrigues du jésuite S
AINT
-E
STEVAN
pour faire passer le
commandement de l’armée à B
USSY
, l’échec devant Vandavachy (janvier 1760), la révolte du Conseil de
Pondichéry et des employés (mars-juin 1760), les mesures prises pour la défense de Pondichéry, les circonstances
de la capitulation de la colonie, et comment Lally, malade, sortit de la ville assiégée au milieu d’une émeute
meurtrière (janvier 1761)… Suit l’histoire de Lally comme prisonnier, en Inde puis en Angleterre, son retour en
France « prisonnier sur sa parole, pour faire tête à l’orage qui le menaçait », avec le récit
verbatim
de sa première
entrevue avec le duc de C
HOISEUL
, suivie de sa présentation au Roi par le maréchal de R
ICHELIEU
; « comme le Duc
de Richelieu & Lally sortaient ensemble du Cabinet du Roi pour entrer dans la galerie de Versailles, ils virent de
loin le Comte d’A
CHÉ
qui appercevant Lally courut à lui, en lui tendant les bras.
Il veut m’embrasser !
dit l’impétueux
Lally à Richelieu, qui, en courtisan habitué à feindre et à dévorer, lui répondit à l’oreille :
Baise B….
Lally ne
baisa
point, et entendit froidement le comte d’Aché lui dire à haute voix, en présence de toute la galerie :
Soyez le bien
arrivé, mon cher général. Mocquez vous de ce qu’une bande de coquins a dit de vous. N’ont-ils pas dit les mêmes horreurs
de moi ?
Il est bien sur que ce jour-là si Lally eut accepté le dîner chez le Duc de Choiseul, le raccommodement avec
Bussy, et les embrassemens du Comte d’Aché, ces trois principaux personnages, une fois coalisés, et armés du
crédit et des amis qu’avait chacun d’eux, en eussent imposé à toute cette tourbe de conseillers & d’employés de
l’Inde, qui eussent été trop heureux d’acheter le silence des autres par le leur »… Alors commence l’époque des
intrigues et des libelles : la « partie honorable » de la Compagnie, « les Montmorency, les Castries, les Michel, les
Booth, tous les anciens amis de La Bourdonnais se déclarèrent pour Lally », alors que la partie « mercantile », de
beaucoup plus nombreuse et influente sur les actionnaires, se dévoua à Bussy et au Conseil de Pondichéry, arrivé à
Paris pour dénoncer Lally au ministre et au Roi, « en corps »… Lally croyait en les lumières et en l’honnêteté du
contrôleur général B
ERTIN
, « intègre mais faible », mais ses amis le prévinrent : «
Il sera étourdi de la clameur publique
[…]. Il se trouvera obligé de vous sacrifier à plus puissant que lui
. C’est ce qui arriva mot à mot » ; et le Conseil,
enhardi, accusa Lally de concussion et de trahison… On lit des anecdotes curieuses concernant la sœur de
Choiseul, la duchesse de G
RAMONT
, les véritables intentions du duc de Choiseul lors de la signature de la lettre de
cachet qui fit embastiller Lally, les circonstances de son arrestation, et la détermination de Lally de se défendre
plutôt que de s’échapper (avec citation d’une lettre écrite clandestinement de sa prison à la comtesse de L
A
M
ARCK
) ;
est cité aussi un vif échange entre le duc de Choiseul et la comtesse de R
OCHECHOUART
, au sujet de l’incarcération
de Lally… Puis on raconte la suite : les 17 mois à la Bastille sans être interrogé, les calomnies du jésuite L
AVAUR
, les
scellés sur ses effets, un Parlement tourmenté par « la soif de persécuter », des irrégularités de procédure, la
« violence haineuse » des témoins que le lieutenant criminel L
E
N
OIR
, « magistrat aussi intègre qu’éclairé », a
cherché à comprendre en sollicitant du chevalier de C
RILLON
une déposition, citée ici (27 août 1763). L’injustice
est outrancière : on se contente d’assigner le comte d’A
CHÉ
, on promet sa grâce au meurtrier de l’intendant de
l’armée, on nomme rapporteur le conseiller P
ASQUIER
, « fanatique et sanguinaire », on refuse d’accorder un conseil
à l’accusé, l’instruction est scandaleuse…Touchantes anecdotes sur les visites à la Bastille de la cousine de Lally, Marie
Elizabeth D
ILLON
, « l’héroïne du sang & de l’amitié »…
O
N JOINT
un autre
MANUSCRIT
autographe, lui aussi inachevé (pag. 1-20 et 37-[55]), version différente de ce récit,
depuis juillet 1759 jusqu’au 2 mai 1766, avec d’autres détails.