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JACQUES CHARDONNE
LETTRES ET MANUSCRITS
Collection GUITARD-AUVISTE
113. Exceptionnel manuscrit quasiment complet de son roman Eva ou le journal interrompu
sera publié par Grasset en
1930 (187 pages in-8 représentant l’ensemble du texte à l’exception du premier feuillet (3 pages imprimées de l’édition
Grasset de1930) et de trois feuillets correspondant au début du second chapitre (8 pages imprimées). Sous une une pagi-
nation anarchique, ce texte présenté, sans doute la première version, contient de nombreuses variantes, passages qui
seront supprimés par la suite, nom des lieux et des personnages qui ne sont pas ceux retenus au final et passages qui
n’existent pas encore par rapport au texte définitif. Toutes les pages sont abondaments raturées et corrigées.
Principal roman de
« la vie du couple »
, Chardonne développera dans ce roman, ainsi que dans Claire par la suite, sa pensée bien
ancrée en lui et qui sous-tend tous ses écrits ;
« le principal pour un homme est la femme qu’il aime, il en retire tout le bonheur
et toute la souffrance possible »
. Eva qui est souvent qualifié par les amateurs de l’écrivain comme son roman le plus noir tour-
nera avant tout autour de la seconde partie de la phrase de Chardonne citée précédemment, la souffrance. Roman immobile ou
rien ne se passe mais qui est
« plein comme un œuf »
selon l’expression d’Albert Thibaudet, Eva est un chef d’œuvre intimiste
où se dévoile derrière la pudeur des sentiments , la réalité de la vie de couple. Comme le précise Ginette Guitard-Auviste dans
sa biographie,
« l’art suprême de Eva est d’appliquer une lucidité implacable à la peinture d’une âme en plein leurre »
L’épouse de Chardonne Camille Belguise sera terriblement marquée par la lecture de ce roman qu’elle avait découvert par mor-
ceau avant dans lire l’intégralité revue et retouchée par Chardonne. Ginette Guitard-Auviste qui eut l’occasion à plusieurs repri-
ses de parler de ce livre avec elle dira dans sa biographie ;
« elle ne s’est pas sentie visée personnellement, mais en elle, la
Femme a sursauté. Elle pense que toutes les femmes maudiront ce livre. Quant aux hommes, ce sera un régal pour certains »
Ce travail présente un témoignage inégalé de la force d’écriture de l’un des plus grands écrivains de l’amour et du cou-
ple que le XX
ème
siècle aura connu
10 000/15 000
Voir la reproduction en 3
ème
de couverture
114. Cahier de travail daté de 1955 et intitulé « Propos comme cela ».
Constitué de 276 pages écrites sur les feuilles in-8
d’écolier, il représente l’ensemble des phrases, citations, pensées, maximes et aphorismes relevés par l’écrivain ou inven-
tés par lui au fil des jours. De ce travail de plusieurs centaines de phrases et formules, dont il ne tirera qu’une petite par-
tie (le cahier contient de nombreuses réflexions non utilisées pour la version publiée) Chardonne publiera un merveilleux
livre,
« Propos comme cela »
chez Grasset l’année suivante en 1956.
Retrouvant les thèmes de prédilection de l’écrivain, le couple, l’amour, la souffrance morale, l’amitié ce texte, ici pré-
senté pour la première fois dans sa version brute, recèle de nombreuses pépites dignes des plus grands prosateurs du cou-
ple tel Guitry,
« On ne sait jamais qui on épouse. Le mariage vous l’apprendra »… « je ne connais qu’une distraction
dans la vieillesse, être utile. C’est vraiment sortir de soi »… « Quand je parle à ma femme, il me semble que je la trompe,
elle a 70 ans et elle est encore belle, mais elle est une autre »… « je serai plus content des autres si j’étais content de
moi »… « une vie qui se prolonge trop n’a pas de sens. On a tout perdu en route »… « il m’arrive souvent d’être triste
et cela se voit. J’en ai honte. Je n’aime pas qu’on remarque ce que je pense »
.
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115. Cahier de travail non daté
(mais sans doute 1957) et intitulé,
« propos nouveaux n°II »
il constitue la suite des propos,
remarques, maximes et aphorismes écrits tout au long de l’année par Chardonne. Annoncé dans la préface de «
Propos
comme ça »
par Chardonne,
« j’ai plusieurs livres en vue : la suite, par petits morceaux, de propos comme ça »
il ne sera
jamais au final publié soit que l’auteur n’en n’aura pas eu le temps de son vivant, soit que le non succès en librairie aura
fait reculer l’éditeur. Il n’en demeure pas moins que Chardonne au travers de plusieurs centaines de formules écrites tout
au long des 156 pages d’écoliers rédigées dans une écriture serrée et dans un style ferme et nerveux, continu à explorer
les territoires sentimentaux qu’il connait bien.
« On devrait quitter ce monde d’un seul bond, sans un mot »… « il y en a qui se font des amis pour la vie, dans ma vie, j’ai
perdu tous les miens »… « mon jardin est bien nettoyé. On voulait tuer les moustiques… tout est mort en même temps. Plus
un insecte, plus un papillon, ni une abeille, ni un oiseau. Cela s’appelle l’épuration »… « Me voici le dernier de tous ceux
que j’ai connus. Les nouveaux venus pour moi ce sont des morts, je les connais avant qu’ils aient vécu »… « le style de
Morand est fait de flammes, il est jeune comme le feu plutôt se tromper dans ses haines que dans ses amours »… « vivre
trop vieux c’est perdre jusqu’à ses souvenirs »… « le sentiment d’avoir perdu les pédales et de ne pas savoir où l’on va appa-
raît vers les 45 ans, sentiment qui durcira, sans changer de nature. Enfin j’ai compris, c’était ça la vie ! »
.
4 000/5 000
116. Ensemble des notes préparatoires à la rédaction de son roman, « L’amour du prochain ».
Constitué de 181 pages
grand in-8. Ce travail nous permet de rentrer dans l’arrière boutique du romancier avec cet énorme travail préparatoire
constitué d’écrits sur les personnages, le thème, les lieux, les situations, les premières ébauches de texte. Dans ce célè-
bre roman qui connaîtra un grand succès en librairie, Chardonne offrira avec finesse, en romancier et moraliste, des des-
criptions mélancoliques et fines de la vie à plusieurs (
« l’amitié vraie est très rare, comme l’amour. C’est une chance si
elle nous accompagne toute la vie »
) de l’amour (
« l’univers de la vie intime est illimité. Nous ignorons où le cœur nous
mène et la portée d’une émotion »
) et de la vie en société (
« il n’entendait pas changer l’ordre social, il voulait que
chacun s’améliorât par la pensée »
).
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Voir la reproduction en 4
ème
de couverture
117. Important texte manuscrit
non signé de 8 pages in-8 concernant son autre roman L’Epithalame publié en chez Stock
en 1921 mais qui semble être là une analyse pour à la réédition de 1929 chez Grasset. Chardonne s’y explique sur les
mécanismes profonds de son roman et sur les réactions lors de la première publication.
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