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118. Exceptionnel ensemble de 383 lettres de Jacques CHARDONNE à son ami l’écrivain Paul GERALDY
(complété de 3 lettres de Géraldy à Chardonne et de 2 lettres de Camille Belguise et Delamain à Géraldy). Echelonné sur 45 années
de 1916 à 1961, elle représente une source incomparable sur l’écrivain, sa formation , ses passions et ses haines et son oeuvre.
Paul LEFEVRE, dit Paul Géraldy est né le 6 mai 1885 et décédera en 1983. Il est l’un des poètes et dramaturges les plus
respectés de la première partie du XX
ème
siècle en particulier avec la publication de son célèbre recueil publié en 1912,
« Toi et moi ». Sa poésie aujourd’hui désuète fut qualifiée d’innovante dans les années 20. Quant à son théâtre, en met-
tant en avant les relations familiales au sein de la petite bourgeoisie intellectuelle de l’entre-deux-guerres, il trouva là un
terrain de connivence évidente avec son ami Jacques Chardonne.
Habitant l’un à côté de l’autre boulevard de la tour Maubourg à Paris, Chardonne et Géraldy font connaissance en 1912
et la première lettre de cet ensemble date de 1915. Ils poursuivront une correspondance soutenue et leur différent com-
mercial (avec la librairie Boutelleau-Delamain) les marqueront mais n’entacheront pas leur amitié. (Géraldy s’en expli-
que dans une longue lettre présente dans cet ensemble).
Géraldy compte à plusieurs titres dans l’existence de Chardonne, en particulier en étant à l’origine de la suggestion donné
à Jacques Boutelleau de prendre comme nom de plume, Jacques Chardonne. Une lettre explique en détail ce point.
(1937 ;
« vous m’avez baptisé »
). De la même manière c’est Paul Géraldy qui donnera son nom au premier livre de
Chardonne ;
« l’Epithalame »
et en sera le premier lecteur. Leur relation fut toutefois arrêtée par une brouille finale en
1961, Géraldy ne le revoyant plus jusqu’à son enterrement en 1968.
Les sentiments de Géraldy pour Chardonne furent profonds ;
« longtemps j’ai aimé cet homme plus qu’aucun autre »
pour-
tant petit à petit il se détacha de l’ami et comme le précisera Ginette Guitard-Auviste ;
« Puis les yeux s’ouvrirent. Avec amer-
tume il ne vit dans la relecture de cette correspondance que les décombres d’un sentiment unilatéral, l’envers d’une illusion »
.
Reste toutefois une importante relation que traduit ces lettres souvent riches rédigées à l’écriture serrée et avec passion et force.
- 1916 : Chardonne évoque avant tout l’œuvre de son ami,
« je vois que “Toi et moi” en est à la 8
ème
édition. Je pense que
nous n’avons aperçu que l’aurore de son succès ! »
puis il parle de son œuvre pour la première fois en septembre 1916 ;
« l’amitié est trop paisible et intérieur pour donner beaucoup de prise à l’écrivain… j’avais tenté de lui faire une part
dans mon livre, elle se réduit à une ombre qui va diminuant »
- 1917 : Chardonne continu avant tout à consacrer l’essentiel de ses lettres au travail de son ami (ses pièces de théâtre)
et à sa propre vie de loisirs. Puis débute la description de son travail (de nombreuses interrogations sur le style) et de
son premier ouvrage ;
« vous ne connaissez pas encore mon livre… je vous ai envoyé quelques phrases d’une même
“envolée” car elles mériteraient d’être transcrites »
tout en donnant d’intéressants renseignements sur lui
« je ne suis
pas du tout bibliophile alors ne me donnez pas d’exemplaires de luxe »
- 1917/1920 : L’amitié se fait plus complice et Chardonne n’hésite pas à parler de sa femme et de son couple ;
« ma femme
me rends la vie un peu difficile »
de son travail et de la rédaction de l’Epithalame qu’il, débute à l’hôtel Bellevue et qu’il
va fignolé avec les conseils écrits de Géraldy jusqu’en 1920. Et enfin Géraldy suit par courrier interposé l’aventure des
éditions Delamain et Stock
- 1920/1930 : Géraldy demeure le conseiller des affaires publiques (romans, éditions, publications) et privées (épouse, enfants…).
Ainsi après la séparation avec Marthe, Chardonne écrit à Géraldy ;
« Me voici dans la vaporeuse Charente. Elle est belle mais je
la regarde avec le cœur fermé. Cette année à été trop longue et j’ai reçu trop de coups, elle m’a jeté dans la vieillesse »
.
Mais c’est aussi l’époque des premiers succès (Epithalame) et des projets (
« je songe à deux petits romans »
qui devien-
dront Eva et Claire).
- 1930/1940 : Epoque du succès accomplit que Chardonne fait partager à Géraldy en évoquant de plus en plus souvent
ses propos, son oeuvre (les destinées romanesques qui sont dédiées à Géraldy) et ses interrogations et de moins en
moins souvent le travail de son ami. Mais ces succès ne retirent pas les doutes de l’écrivain ;
« C’est toujours le pacte
de Faust. Pour obtenir ce que l’on veut, il faut donner son âme, c’est-à-dire ; dîner, parler, goûter, retourner dans les
mêmes salons. Cela m’a beaucoup dispersé, fatigué, agacé »
- 1940/1945 : Durant la guerre les thèmes premiers sont la subsistance et la création. Mais Chardonne se prend aussi de
politique et envisage la publication de son brûlot pro-allemand ;
« le ciel de Nieflheim »
. Il en parle dans une lettre à
Géraldy et lui précise ;
« une centaine d’épreuves brochées sans couverture, pour quelques personnes, celles qui peu-
vent le lire sans souffrances inutiles », « je ne pouvais écrire “le Ciel” que maintenant, je comprends que ce texte est
inutile voir nuisible… mais c’est que j’aurais poussé mon cri quand cela m’était permis »
. Puis à la fin de la guerre le
ton devient plus triste, plus mélancolique. Il voit son fils arrêté et doit répondre à nombre de questions de la police ;
« une espèce d’enquête, un va-et-vient de police »
. Géraldy proposera même de faire intervenir Léon Blum pour cal-
mer les policiers et enquêteurs. Puis tout revient dans l’ordre.
- 1945/1961 : Il annonce à Géraldy son éloignement de la maison d’édition où il devient
« conseiller technique »
, car
petit à petit la tension monte avec son associé, Delamain. Puis il lui parle de la publication de
« Chimériques »
et de
Paul Morand et Roger Nimier les proches de l’après-guerre.et enfin de Madère sa grande aventure des dernières années.
Le ton se fait plus lointain , plus suspicieux , plus éloigné de son cher ami qui s’éloigne petit à petit mais tout en res-
tant à l’écoute du travail de son ami comme le précise sa dernière lettre ;
« cher ami vous avez atteint au ravissement…
une telle beauté est si neuve que l’on n’a pas envie d’en partir ! »
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Voir la reproduction en 4
ème
de couverture
119. Ensemble de 6 écrits autographes de Jacques CHARDONNE
adressés à Ginette GUITARD-AUVISTE et évoquant la per-
sonnalité et les écrits de Paul MORAND et d’autres amis disparus. 2 pages in-12 et 4 pages in-8 recto-verso.
« Sa politique au
service de Vichy était gaulliste »… « il s’agissait de transporter la guerre vers l’Est et non de l’amener chez nous »… « cette
politique là de Morand fut ruinée par les communistes »… « on fait porter le poids 18 ans après à Morand. Honteux acadé-
miciens ».
Dans un autre texte (brouillon de lettre qu’il adressé le 18 février 1966 à Morand), Chardonne lui parle de Gide
, « ai-
je été juste pour cet homme que je n’ai voulu voir dans ma vie que trois minutes et dont je trouve d’ailleurs les trois quarts de
l’œuvre médiocre »
puis de son œuvre poétique,
« je ne fais aucune différence entre votre prose et vos poésies »
Ensemble complété de la photocopie de 33 lettres de Morand annotées par Ginette Guitard-Auviste et non retenues par
elle pour la publication de choix de correspondances à la Table Ronde.
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