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Manuscrits & Archivalia
crétoise fait échouer leur plan. D'autre part, le consul de Ctyhère, entre-temps surveillé, ne
peut plus les accueillir.
Après 8 mois d'esclavage, retenus par le pacha dans un village sous la surveillance de trois
agas et d'un soubassi, ils sont conduits en barque en Magne [péninsule grecque au sud
du Péloponnèse], à Marathonisi, dont les habitants ont la réputation d'être des brigands
mais dont le Bey est un ami des Français (p. 59). On les fait alors passer pour de pauvres
Vénitiens naufragés. D'autres Français, certains échappés de la forteresse de Coron
[
Koroni
], les rejoindront chez ce Bey amical et de nombreuses lettres seront échangées
avec des administratifs, commerciaux ou militaires français pour préparer lentement leur
retour en France. Ils reçoivent un peu d'argent "en attendant de nous faire participer aux
secours que le Gouvernement accordoit aux malheureux français prisonniers en turquie"
(p. 61). Le dénouement de la guerre est proche car des vaisseaux parlementaires mouillent
au port de Coron avec le Général Dessaix qui porte la lettre que Kléber "avoit fait le
24 janvier [1800] à Damas avec le Grand vizir pour l'évacuation de L'Égypte" (p. 63) [i.e. la
reddition signée avec les Anglais suite à la défaite française]. La fin de la guerre signifie la
liberté pour les Français détenus par les Turcs mais Bonaparte a entre-temps été nommé
Consul et les Français livrent à nouveau combat aux Turcs car les Anglais bloquent la sortie
des vaisseaux français à Alexandrie, ce qui entraîne l'exécution ou la remise au bagne de
Français dans les territoires turcs.
Finalement, après
15 mois cachés
chez le Bey, ils embarquent sur un navire russe.
Par cabotage, ils passent à Cythère, Corfou et l'Albanie où ils sont, suite à une tempête,
harponnés par des marchands-corsaires anglais jusqu'à Trieste. Mis en quarantaine, ils y
retrouvent d'autres Français pris par des corsaires. Le commandant a pitié d'eux, les fait
débarquer avec lettre et argent à Ancona où un général français leur donne un ordre de
route, relayé à Florence par un autre ordre jusqu'à Menton puis "Marseille où j'arrivai Le
1
er
prairial à midi au grand étonnement de tous mes parents et amis qui me croyaient mort
depuis longtemps car depuis 26 mois ils n'avoient pas eu de nouvelles".
● Cette histoire rocambolesque mériterait une publication critique. Le texte, dense et
fourmillant de détails, s'y prête parfaitement !
313 — (Manuscrit biographique) 
Ens. 2 journaux privés 
Journal intime d'un curé
de campagne.
France (région de Fontainebleau, Praslin, Blandy, Champigny et Paris), juillet 1808 à
octobre 1812.
Cahier in-8° : [188] pp.
Cartonnage de l'époque : demi-papier vert à coins, plats de papier rose (abîmé).
Est.
 : 
200/ 250 €
Peu d'allusions à la religion, si ce n'est à quelques messes, mais plutôt des faits quotidiens
et divers : état de sa santé et de celle des autres, visites, nouvelles de ses proches, dîners,
aller-retours entre Paris et les environs, spectacle d'ombres chinoises au village, état de ses
ruches, visite à Versailles pour voir Mr de Vaugirard (28-4-1811), visite d'un jardin "anglois"
à Melun (26-44-1811), foires, rénovation de bâtiments, etc. Le tout est entrelardé d'allusions
à la politique et aux guerres avec l'Espagne puis l'Autriche (levée de troupes), avec l'ombre
de Napoléon en filigrane : "arrivée de Bonaparte; chacun raisonne sur ce retour précipité"
(13-1-1809), "la guerre avec l'autriche paroit inévitable" (8-3-1809), "on apprend que le 19,
20, 21, 22 et 23 on s'est battu sur le Danube entre Ratisbonne et Nieustad [?] et que les
français ont battu les autrichiens complètement" (25-4-1809), "passage de bonaparte sur
le chemin de guignes à melun" (26-10-1809), nomination de ministres, mariage civil de
l'empereur à Saint-Cloud et polémique car les cardinaux n'y ont pas assisté (avril 1810),
"on dit que Bonaparte a appelé l'abbé de Broglie bête et cuistre parce qu'il a refusé sa croix
d'honneur" (14-6-1811), bataille de Russie (27-2-1812), etc. Parmi les noms cités : Victor
de Lostanges, marquis de Lostanges-Béduer, Cardinal Fesch, Horace Sébastiani, Alexis