Page 30 - untitled

SEO Version

99
P
ROCÈS
S
AINT
-D
OMINGUE
. 3 liasses de documents relatifs à des procédures engagées à Saint-Domingue.
Procès contre Mme Delaunay Mahé (9 documents, 1782-1783). Procès contre M. Gayot chargé de la succession Dugué (7 pièces,
1784-1787). Procédure contre M. Laloubère, chargé de la succession Boisset (2 pièces, 1789).
300 / 400
100
N
ANTES
. Jean-Baptiste de Lieutaud de Troisvilles, négociant et colon nantais, propriétaire d’une sucrerie à Arcahaye.
2 lettres. Nantes, 1787-1788. 2 pp. 1/2 in-4. Adresses et marques postales de Port-au-Prince au dos.
Lettres relatives à la gestion et les comptes de son habitation de Saint-Domingue.
200 / 300
101
G
ESTION DE L
HABITATION
/ E
SCLAVAGE
. Manuscrit (brouillon) de Mathurin Thomas. 6 pp. in-folio. Vers 1790.
Instructions données au gérant de son habitation à Saint-Domingue
. “1° d’avoir le plus grand soin du mobilier en général,
pour cet effet de planter [...] des patates pour avoir beaucoup de vivres,
de donner les dimanches, deux heures aux nègres, de
les traiter et médicamenter en bon père de famille, de ne les jamais surcharger de travail
, ny de veillée, ce qui est très facile
à faire, en ayant le soin de sercler, et planter à propos, de ne jamais se laisser empoisonner, et de conserver les nègres nouveaux
nouvellement achetés au moyen desquels il se trouvera sufisament de forces [...]. 3° de ne jamais rouler les cannes avant leur
maturité, de fumer les terres maigres ou de les renouveler en y plantant des patates, jamais ne les laisser en second rejetton et
toujours bien sercler [...]”
600 / 800
102
V
ENTE CARGAISON D
UN NAVIRE
/ B
ORDEAUX
. Manuscrit de 4 pp. in-folio, signé par l’économe de Mathurin Thomas.
Bordeaux, an 2.
“Compte de vente et net produit de 19 barriques sucre terré St Domingue reçues d’envoi de Corvaizier Benoît & Comp. de
Philadelphie par le navire la Pensylvania capitaine Harding pour le compte du citoyen Moulinier habitant de Saint-Domingue [...]”.
300 / 400
103
R
ÉVOLUTION
. 5 lettres adressées à l’économe de Mathurin Thomas, à Saint-Domingue. “A la montagne”, “aux Rozes”
et Paris, 1789-an 3.
Expédition et chargement de sacs de café, décès et succession de Thomas, affaires des colonies, nouvelles des colons exilés. “Les
affaires des malheureux colons prennent une bonne tournure, et je puis vous assurer que l’opinion publique a bien changé à leur
égard. Polvirel et Sonthonax sont aux prises avec les commissaires colons, la discussion contradictoire a lieu tous les jours devant
une commission que la Convention a nommée à cet effet parmi ses membres ; on en est aujourd’huy à la 30
e
séance qui s’impriment
tous les jours et de distribuent de même. De cette discussion va sortir enfin la vérité qu’on avait toujours couverte d’un voile
impénétrable, et
il est certain que la justice nationale vengera les colons en punissant les dévastateurs de leurs pays
[...]”.
300 / 400
104
R
ÉVOLTE DES ESCLAVES À
S
AINT
-D
OMINGUE
. 9 lettres de Larac, dernier gérant de l’habitation Thomas. L’Archahaye
et Port-au-Prince, 1792 –1793.
57 pp. in-4.
Quelques adresses au dos.
Extraordinaire témoignage sur les débuts de la révolte des esclaves à Saint-Domingue
(4 lettres font de 8 à 13 pp. chacune),
les exactions des insurgés, la panique des colons. Nous ne pouvons citer que quelques extraits. “Vous ne devez pas ignorer que
les gens de couleur ont fait soulever tous les ateliers, en leur promettant quatre jours de pillage et d’assassiner tous les blancs qui
ne pourront fuir à leur fureur [...]. Actuellement ils sont les maîtres de nos quartiers, les volent, sont portés au plus haut point tant
de la part des mulâtres que des nègres, St Marc retire le fruit de tous ces pillages, Léogane une bonne partie. Des navires américains
viennent sur la côte, enlèvent tout, sucre et café, à des vils prix ; le Port au Prince environ 80 barriques sucre par corsaire. Voilà
en peu de mots l’horreur de notre position. Quoique les nègres ne veulent plus entendre parler des blancs quelqu’espèces qu’ils
soient, j’espère qu’ils reviendront avant peu, cette vie commence à leur être désagréable [...]”. Il n’est plus maître chez lui et
témoigne de toute la difficulté qu’il a à essayer de remettre de l’ordre et continuer les affaires, d’envoyer des denrées sur Nantes
ou Bordeaux. “Je ne prévois pas que nous puissions de longtemps retourner sur les habitations. Les Nègres ne veulent point voir
l’ombre d’un Blanc, ny en entendre parler. Les gens de couleur même n’osent pas trop élever la voix. Nous sommes volés de
toutes parts. Les sucreries (?) sont chaque jour défoncées, on enlève le sucre à cabrouet. J’avois une étuve pleine de 1100 formes
et quinze barriques rabatu prêtes à mettre à bord. Cela a disparu avant que Fabre fut sur l’habitation. On continue toujours à voler
et il n’y a pas moyen de l’empêcher. Le chef des mulatres l’autorise. Dans le moment que je vous écris, j’ai 33 barriques à bord
dont vingt pour Mde de Saint-Sauveur. Ils ont brûlé toutes les barriques que j’avois de faites [...]. Il n’y a pas moyen de faire
travailler les Nègres sans les bien payer. Et leur donner tout ce qu’ils demandent. Nous avons fort peu de bon sujets sur l’habitation.
Le nommé Daba, ce quoquin de Daba la bouleverse ; son fils Jean-Charles le seconde [...]”. Il raconte très en détail la manière
dont il est revenu sans escorte sur l’habitation pour y remettre de l’ordre, le spectacle d’anarchie qui s’est offert à lui, la négociation
avec les insurgés, la soumission de certains et les invectives des autres, le danger permanent. “
A midy quatre vingt nègres,
négresses, négrittes et négrillons se sont rendus à la grande caze, Daba, Apollon, Boullion à la tête des Nègres, Marie-Rose,
Louison, Denne, Chison la Borgne, à la tête des négresse, rangés sur deux lignes. Je suis sorty seul, mon épée à la main ;
il faut vous observer, grands comme petits de deux sexes avoient soit des serpes ou des machettes, quelques lances ou
hallebardes
. Comme j’ai paru, il s’est fait grand silence. J’ai demandé que voulez vous plusieurs fois, ils ont toujours gardé le
silence. J’ai dit au nommé Boullion d’avancer et de porter la parolle paraissant être le chef. Au lieu d’avancer et de parler, il a
passé en arrière des autres ; j’ai dit de même à Apollon qui a fait de même ; je me suis alors adressé à Daba, il m’a répondu je
suis bien où je suis, vous pouvez me parler de là... Je lui ai dit alors parle, demande ce que tu veux.
Le silence qui avait si bien
été gardé jusqu’à ce moment, a été rompu par Marie-Rose, qui a dit faut lui couper la tête
. Louison il faut l’amarrer comme
un crabe, d’autres il faut le tailler et tous d’une commune voye ont dit de même, alors Daba a dit paix... Les ayant tenus à dis
pas de moy... Il faut que nous vous amenons et de suite au Bouras, MM. Lapointe et Leroux vous demandent. Je leur ay dit je
n’ay que faire de Lapointe ny de Leroux, si vous avez ordre de m’assassiner vous pouvez le faire... On a encore crié couper tête,
li maré li, comme crabe. Je leur ai répondu, quand à m’amarrer, je vous le défends, quand à me couper la tête vous le pouvez
[...]”.
Dans une dernière lettre de 12 pages, il raconte en détail les six jours de la prise de Port-au-Prince par Borel et les
forces royalistes, à laquelle il participa, et le massacre qui s’en est suivi.
(Voir reproduction p. 30.)
5 000 / 8 000
- 29 -