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Correspondance amoureuse d’un protestant emprisonné
Correspondance amoureuse, familiale & amicale reçue par Philippe Aliès, natif de Saint Antonin, avocat au parlement, protestant,
emprisonné suite à une lettre de cachet. 1741-1742.
Emprisonnement en 1741.
• Six lettres de sa fiancée, Marie Jeanne Vialars.
- « Monsieur Aliès de La Rochelle doit aller vous voir bien tot avec monsieur votre frere qui n’ira vous faire sa derniere visite que pour vous livrer
de nouveax combats et recommancer les menases, je suis persuadee de votre fermeté mais je vous prie au nom de Dieu Monsieur et cher fiancé
de menager votre langue sur ce quil ya de plus delicat afin de ne pas augmenter vos peines et les miennes qui seront toujour aussi grandes que
les votres (...). Armés vous de patiance, Dieu et infiniment plus debonere que nos enemis ne sont cruels et nous devons tout atandre de sa bonté
et de sa misericorde pourveu que nous recevions les epreuves dont il nous visite avec patiance et resignation » (
26
juin
1741
).
- « ... le sieur Rauset ajouta que vous faisies baucoup de carrillon au seminere et quau prejudice des deffenses de monsieur Desplats vous allies
toujour dans la ville et que vos parens etoint asseurés que si vous continuis on vous transporterent dans un lieu inconu a plus de cent cinquantes
liuies d’isy, Mademoiselle de Beri ajouta que vos parens prioint mon pere de vous ecrire pour vous porter a demurer dans le seminere et d’obeir
aux ordres du roy (...). Monsieur votre frere dit partout que Monsieur de St Florentin avoit deja espedié un ordre pour vous faire enlever et
remettre entre quatre murailles pour votre vie (...). » (sans date).
- « Monsieur mon tres cher fiancé, votre derniere letre me met dans une afflicion inconcevable en m’aprenant que vous cragnés d’etre bien tot
trasferé dans quelque prison puisque en apparance je seray dabord privée du dous plaisir de recevoir de vos nouvelles et des assurences de votre
affection et de vous renouveler mes sentimens, si nos enemis reussisent contre vous ils ne m’epargneront point sans doute mais en quelque
etat que l’on me reduise j’espere si fort en Dieu que j’ose me flater d’etre toujour a l’epruve de la plus cruelle persecution et de persister toute
ma vie dans l’amitié que je vous ay vouée, la crainte d’etre enfermee ne me touche pas tant que celle de vous y scavoir de que cera par raport a
moy, mais enfin quel autre parti avons nous a prendre mon cher fiancé que celuy de la patiance et de la perseverance puisquil ne nous arrivera
jamais que les malheurs qui nous auront ete predits avant notre engagement, preditions dont nous faysions alors peu de cas quoy qu’elle parti
comme vous scavés de nos meilleurs amis, ainsi puisque nous sommes seuls la cause de notre malheur et que nous avons bien voulu nous y
esposer pour suivre le penchant de notre coeur aymons nous de constance et de fermeté, meprisons la plus tirannie que persecution et mourons
s’il le faut plutot que de tomber dans la legereté et la perfidie, mais principalement conservons nos sentimens dans toute leur pureté et dans
les dispositions esperons tout de celluy a qui tout et possible, en adorant toujour la main qui nous frape pour notre profit, ce sont les grasces
que je ne cesseray jamais de demender pour vous et pour moy, et que je vous exhorte de demander aussi avec ferveur et confiance, si la divine
providence ne trouve pas a propos de finir nos calamités souffrons avec resignation et finissons notre cariere par une mort glorieuse qui nous en
affranchira et nous mettra en possesion d’un bonheur inaterable, ce sera alors que nos [âmes] epurees par les tribulation de la terre et blanchies
au sang de l’agneau sans tache, seront unis par les liens de l’amour le plus pur que le monde et l’enfer ne scauroint rompre, tranquilisés vous
je vous prie mon cher fiancé par des meditations pieuses, pensés que le motif de notre desunion net pas la seule veüe de nos enemis et qu’apres
une rupture ils ne vous laisseroint pas plus traquille puisque vous scaves bien la pricipale chose qu’ils nous demandent, ainsi meprisés des
peinnes lejeres pour un peu de temps en comparaison de celle de l’eternité, et contés toujour sur un parfait retour de ma part et sur une fidelité
inebranlable et sur tout les autre sentimens don vous me connessés capable avec lesquelle je veux vivre et mourir (...).»
• douze lettres de sa sœur, Jeanne Daliès :
- « Mon cher frere ie ne saure tesprimer la douleur que nous avons resanti ma mere et [moi] daprandre que tu aves ete trasporte au saiminaire de
St Genies (...) Marque au moins une bone volonte pour t’istruire car tu as bau dire con veut que tu rompes ton mariage pairsone ne le veut on
ne soite sinon que tu sois un bon catolique (...). »
- « Mon tres cher frere ta laittre nous tranquilise un peu, tache de te bien conporte (...). Nous tanverons le chemises neves des quelles sairont
pretes si tu veus labit de drap marque nous le, ie ne sai se que vous voules faire ni ne les uns ni les autres, ta fiansee ne va pas a leglise tu conpran
bien que quele bonne volonte que nous eions monsieur Pomies ni moi et monsieur le Cure ausi on ne vous epousera iamais que vous ne fasies
votre devoir ie ne te dis pas con change de religion comme de chemise et quil faut meme etre un peu tranquile pour i panse mais du moins
faut il demande au Seigneur quil nous fase la grase de nous eclairer, ie ne negligairai iamais rien pour te randre servise, le Seigneur met temoin
que ie voudre vous voir epouse dans un mois, tranquilise toi, tache de ne pas tomber malade (...). »
- « Mon tres cher frere ma mere et moi somes au desespoir de voir que tu ne veus pas te faire une raison (...). Il faut que tu nous aide e ne pas te
laiser acable par le chagrain (...). Rien narive que le Seigneur ne lanvoie, ofre lui tes paines, cet un paire tandre qui a donne son san pour nous
racheter (...). Ie tavoue que iei ete tres surprise de ce que tu me mande de rainonser au mariage ie me suis bien garde dan rien temoigne a ta
fiansee au contraire ie lei esortee davoir bon courage e de tecrire, ele ma promis de le faire il te faire tout au monde can tu sairas plus tranquile
pour lepouse car Vialars dit que tu es le maitre de vincre tes enemis can tu voudras qu’il ne tient ca toi et qu’il pret de baile sa file qant ton
voudra pour la maitre dans un covan (...). »
- « ... Mon cher frere Dieu te faira la grase dan la suite de vincre tous tes enemis mais plus ton mariage susistera plus tu auras de paines et nous
aussi (...). Tu dois meme parle sovan a Bernat comme tu ne plus dans le santimans depouse sete demoiselle, faire sanblan de le prandre pour le
meileur de tes amis, le prier de te donne ses conseils et darete le pairsones qui veulet te tragase (...) ie lui parlairai fort comme tu veus roumpre
ton mariage (...). »
- « ... Juge si tu as des enemis dans Vilefranche, que ie sais que Monsieur de Condorset a ecrit a ton superieur qu’il se croiget religinaire, si le
superieur ne tan pas parle ne fais point sanblan de le savoir, voila pourcoi il te le faut engage decrire a leveque an ta faveur, car pour moi il te
crois trop honetome pour faire le personage de catolique si tu ne le panses pas (...). »
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