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• un brouillon de lettre, de la main d’Aliès, à sa fiancée :
« Mademoiselle et tres chere fiancée, (...). Pour moy ie dois vous dire que ie pense continuellement a vous et ce qui redouble mes infortunes
cest qu’on me menace de vous faire eprouver des peines pareilles a celles que ie souffre, comme si ce n’etoit pas assés de vous voir partager mes
peines ils veulent que ien aye a souffrir des plus violantes encore en me faisant partager les votres. Iugés de ma situation qui est continuellement
agitée des plus vives craintes, ie vous avoue que pour peu que vous vous sentissiés des dispositions a faire comme moy, ie ne hesiterois pas a
leur abandonner mes biens et ma fortune pour avoir le plaisir de vous posseder. Mais quel sentiment que puisse etre le votre sur un proiet que
iexecuterois si ie dependois moins de vous, ie me croiray touiours fort heureux de souffrir pour l’amour de vous, et de pouvoir recevoir de tems
en temps quelqu’une de vos consolations par vos lettres (...) » (
2
juillet
1741
).
• deux brouillons de lettres, de la main d’Aliès, à un ami.
• deux lettres de son cousin, Aliès de Caussade :
« J’ay apris avec une vive douleur, mon tres cher cousin, votre exil aux seminaires de Villefranche par ordre de la Cour. Ce fut un coup pour
moy tres sensible, et je partis pour aller voir ma tante sur le champ pour luy offrir ma bourse et mes services, et luy témoigner la part que nous
prenions tous a sa peyne et a la votre, soyes en persuadé mon cher Cousin, que sy je pouvois vous sortir de ce triste lieu, je n’epargnerois rien
pour ce faire et je partirois a toute heure de la nuit; je vous exorte s’il vous plait a la patiance, vous etes un peu vif et je crains que vous n’ayes
quelque vivacité contre ses peres, ce quy porteroit un prejudice notable pour votre rapel, on y travaille fort et ferme ... » (
21
mars
1741
).
• trois lettres de son ami Cortailhac :
- « (..) Mon cher, soutenés vous dans toutes ces epreuves par un esprit de religion, et par l’idée de mademoiselle votre fiancée; souffrés les même
avec constance, c’est le vray moyen de lasser vos persecuteurs, et de forcer meme leur estime; un jour, un aymable jour, Dieu vous delivrera,
et vous fera unir vos destinées avec cette aymable personne; ne luy apprenés qu’avec beaucoup de menagement votre situation, cette aymable
fille souffre au dela de toute expression depuis votre eloignement (...). Attendés tout de Dieu, de vous même, de votre esprit, consolés vous
par le souvenir de l’aymable V. Et si ce n’est pas dans ce monde, ce sera dans l’autre, que vos coeurs s’uniront au faisseau de vie, et qu’ils
se dedommageront de leurs souffrances, car aussy je m’imagine que cette aymable ne survivroit point a votre perte, et elle ne vit que dans
l’esperance d’être un jour a vous (...) » (
5
octobre
1741
).
- « Qu’il a esté heureux pour moy, mon tres cher amy, de trouver apres tant du temps que je ne t’avois pas ecrit, cette commodité pour te
faire part des vœux que je fais au Ciel pour toy au renouvellement de cette annee; je te la souhaite comblée de prosperités, de plaisirs, et de
benedictions, avec la liberté de t’unir a ta chere fiancée, que je vis passer dans ce pais-cy et qu’on menoit a Rodez ou elle a esté releguée; je
t’asseure que cela ma fait un veritable chagrin, et qu’apres toy je ne crois pas que personne puisse la regretter davantage. Je la trouve tres
aymable, elle est d’un blanc a éblouir, elle a de beaux yeux, elle a des graces au possible, et je la trouve digne d’un aymable cavalier comme
toy; je t’exhorte a la fidelité et a la constance, elle le merite par mil endroits; et principalement par l’amour qu’elle a pour toy, et dont elle ne
s’epargne pas les aveus devant tes amis ... » (
15
janvier
1742
).