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• six lettres de son ami Pomiès.
- « (..) Au sujet de l’affaire dont ie suis chargé a mon depart de Villefranche pour la rupture du mariage, tu sais sans doutte comme les choses
se sont passées, la demoiselle ne voulut iamais entendre parler de cette proposition quoique ie l’assurase fort de ta part que tu conserverois
touiours pour elle les mesmes sentimets mais que la police etoit une piece necessaire pour te procurer le rapel, tout cella fust inutille, ie l’invitai
alors d’aller a l’eglise et de faire quelque demarche pour la religion, elle ne voulut faire ni lun ny lautre (...). » (
10
avril
1741
).
- « (...). On a ecrit contre toy a Paris et sans la protection de Mr labbé de Ste Genevieve il y avoit des ordres rigoureux a t’envoyer, le temps est
enfin venu ou il faudra fondre la cloche, ie ne scay a quoy tu penses et ta fiancée aussi, il est bien asseuré (autant que iay peu le comprendre) que
ton frere nagira pour toy qu’autant que tu rompras ton mariage, et de toy a moy si tu peux sortir de cet endroit a cette condition ie te conseille
de l’accepter, tu peus touiours conserver les mesmes sentiments pour cette demoiselle et l’epouser dans la suite si les choses changent de face
(...). Comme la rupture du mariage fait quelque peine a mademoiselle Vialars, si tu te sens assés de force et de patiance pour pouvoir souffrir
cette relegation et que tu sois asseuré de te bien conduire pour ne pas t’attirer d’affaires plus facheuses tu peus en ce cas remettre tout à la
providence et attandre patiament qu’elle te sorte de cet androit (...). Il faut que tu fasses livre des deux choses pour te mettre en repos et liberté,
ou que tu rompes ce mariage, ou que vous soyés tous les deux bons catholiques et en ce dernier cas vous epouseriés bientost (...). » (
7
mai
1741
).
- « (...). Melle de Delrieu qui me donna de tes nouvelles me dit entrautres choses que tu etois dans des bons sentiments pour la religion
catholique, cella ma fait dautant plus de plaisir que cest ie pense le plus court moien pour faire finir ta relegation (...). » (
19
septembre
1741
).
• deux lettres de Fauret
- « (...). Ce qu’il y a de plus consolant pour vous et pour moy, ce sont les sentimens chretiens et catholiques dans lesquels vous m’avez fait
l’honneur de m’ecrire, je suis persuadé qu’ils sont sinceres, et que le caractere d’honnête homme dont vous faites profession, ne vous permettroit
pas de les mettre au jour s’ils nestoient tels que vous le dites, aussi n’ay je pas fait difficulté de les communiquer à Mad
elle
Vialars votre fiancée,
qui m’a repondu sur le même ton, en me faisant connoitre qu’elle estoit dans la disposition d’estre bonne catholique (...). » (
3
novembre
1741
).
• une lettre de Vialars (
23
avril
1741
). • une lettre d’avertissement, de Desplas (
16
avril
1741
). • deux lettres (dont l’une de Mademoiselle de Rieux,
11
septembre
1741
). • deux billets non signés.
Procès avec les prébendiers de l’église de Saint Antonin. 1735-1737.
• Décret de prise de corps contre Philippe Aliès; perquisition chez lui etc.
1737
.
• Conventions passées entre Antoine Grimald, prébendier de l’église de Saint Antonin, et Philippe Aliès, pour terminer un long conflit entre eux :
le sieur Aliès se mettra en prison pour trois mois; au sortir de la prison, il devra écouter un charitable avertissement; ensuite il s’absentera de Saint
Antonin l’espace de trois années consécutives; à son retour, il évitera de se trouver en présence de Grimald; il paiera les frais de justice.
1737
.
• deux lettres de Crussol marquis de Montalès à la mère de Philippe Aliès, menacé de retourner en prison (« il est jeune et l’age corigera sans dificulté
ses vivacités, vous voulés bien que ie vous dise qu’il faut le ramener par la douceur et lui fere sentir son tort par raisonement, vous en tirerés meilleur
party en prenant ceste voye, ne cessés de luy recomander de frequenter des iens sages et bone compagnie et plus vieux que luy »).
1735
-
1736
.
• différentes pièces et lettres (dont une de
1720
, une autre de
1733
).
Ensemble,
17
pièces.
Philippe Aliès, natif de Saint Antonin, avocat au parlement, professant la religion «
réformée
», avait été assigné à résidence au séminaire de Villefranche,
en mars
1741
, en exécution d’une lettre de cachet obtenue du Roi par son propre frère. Doté d’un tempérament vif et indépendant, Philippe Aliès
ne respecta pas les conditions de cet «exil», et, en vertu d’une seconde lettre de cachet, fut donc ensuite transféré au séminaire de Saint Geniez en
Rouergue (septembre
1741
). Sa fiancée, Jeanne Vialars, protestante elle aussi, fut à son tour « reléguée » à Rodez. Avec l’aide de la mère & de la sœur
de Philippe, ainsi que de ses amis (dont Pomiès et Mr de Lavaisse), elle s’entremit auprès de l’évêque de Rodez et du comte de Saint Florentin,
secrétaire
d’État de la religion prétendue réformée
, pour obtenir la mise en liberté de son fiancé, tout en lui conseillant de se bien comporter et de prendre soin de
lui. On lui fit dire qu’il serait élargi dès qu’il se serait converti à la foi catholique. Une lettre de sa fiancée révèle qu’ils avaient l’un et l’autre résolu de
feindre cette conversion, quitte à la prouver par la rupture de leurs fiançailles, et qu’ensuite il leur serait loisible de « rétrograder ». Sa sœur, de son
côté, l’engageait à accepter de s’instruire de la religion catholique, et à demander un certificat de catholicité au supérieur du séminaire de Saint Geniez.
Il semble que Philippe Aliès se soit réduit à ce stratagème, puisque fin
1742
il fut rendu à la liberté, après six mois à Villefranche et quatorze mois à
St Geniez. Il épousa alors sa fiancée, dont il eut un fils, et mourut le
17
janvier
1780
étant resté protestant.
Au verso d’une lettre de Pomiès du
21
août
1741
, se trouvent des notes de Philippe Aliès, résumant son exil et l’affaire de sa jeunesse.
émouvante correspondance amoureuse, familiale & amicale,
reçue par un protestant, qui, emprisonné par une lettre de cachet,
feignit de se convertir à la foi catholique et de rompre ses fiançailles
pour recouvrer la liberté.