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Au long des deux volumes, « c’est un entassement de bassesses, d’infâmies, de ridicules, de platitudes, de misères de toute sorte […]
Vols, escroqueries, concubinage, prostitution du sentiment maternel, avilissement des caractères, vanités bêtes ou méchantes, c’est
à lasser le dégoût lui-même »… C’est là « la grande faute » de ce roman, qui est bien moins du fait de Daudet « que d’une École dont
on peut regarder M. Flaubert comme le chef, de fait, sans théorie et sans enseignement ». Mais ce « roman exact », tel une enquête,
« est pour les moralistes qui savent conclure, un renseignement effrayant. Je ne sache pas de livre plus terrible contre la société
actuelle et Paris, […] Je ne connais pas de livre plus capable de faire mépriser le monde moderne et ses mœurs. Cette histoire de Ratés,
de cette tribu d’impuissants, envieuse et dévorante, qui doit dévorer un jour tout le grain social, cette histoire racontée sous des
formes désintéressées, quand elles ne sont pas émues, est l’accusation la plus nette et la mieux formulée contre toutes les idées qui
règnent en ce temps d’exécrable démocratie » ; et Barbey d’évoquer l’instruction obligatoire, le concubinage… Quant au style, ayant
abandonné sa manière charmante, « ce talent charmant tremble […] dans le manche grossier du réalisme. C’est un conteur d’une grâce
émue et légère, qu’aucun romancier contemporain n’a au même degré que lui ». Barbey voit en certaines pages « du pur Dickens, mais
avec des touches que Dickens n’a pas » ; et Daudet se trompe quand il croit avoir fait « un livre ironique […] Le cadre accepté, la tête
prise là-dedans, il a fait un livre sincère. Daudet est un esprit trop facilement ému et trop transparent pour être ironique et amer bien
longtemps ». En résumé,
Jack
« n’aura de succès que par l’attendrissement qu’il causera à ceux qui le liront, car la maîtresse faculté
de M. Daudet, c’est la faculté de l’attendrissement […] Sans cette faculté d’attendrissement, le livre resterait, je n’en doute pas, par
son fond, mortellement antipathique aux esprits élevés et délicats, le vrai, le seul public pour un écrivain de la race de M. Daudet ».
Daudet s’est heureusement gardé d’avoir mis « son pied, qui est fin et cambré, dans les vieilles savates d’Eugène Sue », et « malgré tout
ce qui m’a déplu dans cette hideuse histoire des Ratés, où tout est raté, la grâce de celui qui a écrit toute cette
raterie
y est si forte,
qu’elle ne ratera pas ! »
Reproduction page ci-contre
17.
Henri BARBUSSE
(1873-1935). L.A.S., Aumont par Senlis (Oise) 7 juin 1927, à Louis R
éaud
 ; 1 page obl. in-4.
200/300
Mise au point après un article de la revue
Le Rouge et le Noir 
: « Les scènes de
L’Enfer
n’ont nullement été imaginées, elles ont été
vécues par moi ou par d’autres, peu importe, elles sont vraies. Pour ce qui est du passage qui a trait au dialogue entre le malade, et
le médecin, je tiens à préciser que la documentation scientifique dont j’ai fait usage, est des plus sérieuse, je la tiens du professeur
Charles R
ichet
, dont j’ai d’ailleurs été le secrétaire il y a plus de vingt ans. Précisément, j’ai horreur des écrivains qui soutenant une
thèse, un point de vue, ne s’entourent pas de garanties certaines quant à l’origine de leur documentation »…
18.
Charles BAUDELAIRE
(1821-1867). L.A.S. « C. B. », Bruxelles [15 mars 1865], à Émile D
eschanel
 ; 1 page in-12, adresse.
8.000/10.000
B
elle
lettre
à
son
ancien
condisciple
,
au
sujet
de
ses
traductions
de
P
oe
et
des
F
leurs
du
M
al
. [Émile D
eschanel
(1819-1904) avait été le
condisciple de Baudelaire à Louis-le-Grand ; il avait consacré, dans le
Journal des Débats
du 15 octobre 1864, une grande partie de son
article « Les Villonistes » aux
Fleurs du Mal
, rappelant leur camaraderie, et citant quelques vers inédits de jeunesse.]
« Voici
mon dernier
volume de P
oe
. As-tu les autres :
Histoires Extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, Aventures
d’Arthur Gordon Pym
, et
Eureka
 ? F
rédéricx
m’a appris hier (14 Mars) que tu avais parlé des
Fleurs du Mal
dans les
Débats
 ». Il n’a pas
réussi à le trouver cela et demande deux exemplaires du journal : « Vite, vite. C’est très important, et je n’ai pas le temps de t’expliquer
pourquoi. Figures-toi que j’ai feuilleté trois mois de la collection des
Débats
, mais vainement. – Ah ! ça, pourvu que ce ne soit pas un
affreux éreintage ! ». Il donne son adresse : «
Bruxelles. R. de la Montagne.
28 ».
Reproduction page 6
19. [
Charles BAUDELAIRE
]. Eau-forte par Alfred B
riend
d’après un autoportrait ; 11,7 x 8,2 cm sur feuille à toutes marges (à vue 19 x 14 cm,
encadrée).
100/150
Autoportrait de Baudelaire sou l’influence du haschich, gravé par Alfred Briend pour le
Voyage dans un grenier
de Charles C[ousin]
(D. Morgand et Fatout, 1878).
20.
BEAUX-ARTS. ACADÉMIE ROYALE DE PEINTURE ET DE SCULPTURE
. C
opie manuscrite
des procès-verbaux d’assemblée de l’Académie,
[XVIII
e
siècle] ; 74 pages d’un vol. petit in-4 (le reste vierge), reliure de l’époque basane brune (usagée).
250/300
P
rocès
-
verbaux
de plus de 30 assemblées de conférences de l’A
cadémie
royale
de
peinture
et
de
sculpture
tenues entre le 10 janvier 1750
et le 8 avril 1752, avec le texte du règlement royal pour l’Académie (12 janvier 1751, en 21 articles) et de celui de l’Académie pour son
concierge (30 juillet 1751, en 11 articles). Ces conférences ont « pour principal objet l’instruction de la jeunesse »... Y ont participé en
personne, ou par l’envoi de travaux, le comte de C
aylus
, T
ocqué
, M
assé
, Fr. G
irardon
, le recteur G
alloche
, B
oullongne
, V
assé
, M
ariette
,
C
halles
, V
ien
, etc. C
oypel
, directeur, répond par de beaux discours de remerciements. Etc. O
n
joint
une pièce sur vélin, 1603.
21.
BEAUX-ARTS
. 10 lettres ou pièces, la plupart L.A.S.
200/250
Auguste C
ain
(à H. Houssaye), Auguste C
ouder
(1822, au duc d’Orléans), Paul-Émile D
estouches
, Jean-Jacques F
euchère
(1849, reçu pour
sa statue de
La Constitution
), Alfred et Tony J
ohannot
, Gaston L
a
T
ouche
, Olivier M
erson
(à Bouguereau), Luc-Olivier M
erson
(à Arthur
Meyer), Henry M
onnier
(1845, recommandant Antonin Moine à Colnaghi).