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AUTOGRAPHES
Arts et Littérature
14.
Ferdinand BAC
(1859-1952) peintre. L.A.S., Compiègne 25 février 1951 ; 1 page et demie in-4.
100/150
S
ur
N
apoléon
III. Il adresse un document vendu aux enchères « avec plusieurs centaines d’autres suppliques de tous les corps
constitués de France pour demander à Louis-Napoléon de rétablir l’Empire. […] Or Louis Napoléon, “Carbonaro”, membre de cette
Société secrète, avait dû jurer, à vie et à mort, de rester fidèle à la forme républicaine ». Il a fini par refaire un Second Empire, mais son
attitude change alors complètement : « Alors que tout le monde constatait son audace, ses affirmations précises, il devient l’homme
qui hésite […] Il savait que la société secrète l’avait condamné à mort. L’attentat d’Orsini (dont il avait été le camarade) en était la
conséquence inévitable »… O
n
joint
la supplique des membres du Tribunal de Rocroi et la lettre d’envoi de son président (12 novembre
1852), demandant le rétablissement de l’Empire.
15.
Honoré de BALZAC
(1799-1850). L.A.S., [avril-mai 1832 ?], à Charles Nodier, à l’Arsenal ; 1 page in-8, adresse au verso avec cachet cire
rouge aux armes (un peu brisé) ; montée dans une chemise en daim gris estampé façon crocodile, emboîtage daim gris avec titre sur
le plat sup. (
Florent Rousseau
).
8.000/10.000
E
xtraordinaire
lettre
inédite
dans
la
langue
rabelaisienne
des
C
ontes
drolatiques
 ; elle est probablement contemporaine de la parution du
premier dixain des Cent Contes drolatiques, chez Gosselin, en avril 1832.
« Si vous vouliez pantagruéliser ung petit et faire ung bon tronson de chière lie, vous ne regarderiez pas à l’incongruité d’une
invitation faicte la veille pour le lendemain et viendriez rue de Cassini, n° 1 demain vers complies, id est à six heures disner avecque
Rabou, J. Janin, Henri Monnier grand abstracteur de rires et joyeusetez et nous narguerions le mauvais tems. – Vostre acceptation
me ferait faire une croix à ma solive, une coche à mon lit et mieux que cela me donnerait un bon souvenir dedans ma pauvre vie
d’artiste ». Il le prie de répondre pour « asseoir mon disner drolatique et mes plats filosoficalement bons, moult sophistiqués et ce bon
vin de Touraine dont une fois je vous regalai chez le compère Ladvocat ». Il termine par des « complimens grandement admiratifs »…
Reproduction page ci-contre
16.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
(1808-1889). M
anuscrit
autographe signé,
Littérature.
Jack – par M. Alphonse Daudet
, [1876] ; 5 pages
in-fol. découpées pour l’impression et remontées (qqs petits manques) sur 5 feuillets de papier chamois, reliure demi-percaline
rouge.
4.000/5.000
I
ntéressante
critique
du
roman
J
ack
d
’A
lphonse
D
audet
(Dentu, 1876),
et
vigoureuse
attaque
du
roman
naturaliste
. L’article a été publié
dans Le Constitutionnel du 28 février 1876, et recueilli dans le volume XVIII de
Les Œuvres et les Hommes 
:
Le Roman contemporain
(Lemerre, 1902).
Le manuscrit, superbement tracé aux encres noire, verte et rouge, a été découpé en 47 bandes numérotées au crayon rouge pour en
accélérer la composition ; manquent les petits fragments 25, 26, 35, 37, 39 et 40. Il présente quelques ratures et corrections.
« Tout le monde connaît M. Alphonse Daudet. Il a maintenant, littérairement,
pignon sur rue
, quoique ce soit là un mot bien pesant
pour dire le succès de ce talent aërien, – charmant et charmeur, et qui est en train, pour l’heure, de prouver qu’il a aussi la fécondité ».
Jack
est « un livre d’haleine », et « un livre cruel », que Daudet a dédié à Flaubert : « Il dit M. Flaubert son maître et malheureusement,
il est trop son maître. Or M. Flaubert vient de Gautier, qui vient lui-même de Goëthe. Triste généalogie ! » Daudet a enfermé son
âme « dans la prison
descriptive
[…] Je voudrais que le
moi
de M. Daudet, son
moi
sensible et réfléchi, tînt plus de place dans son
œuvre actuelle ». Il ne peut devenir un de ces Impassibles dont il s’est moqué : « sa nature proteste contre son choix et sa préférence
intellectuelle ». Mais ce « livre de colère et de pitié » pâtit de prendre pour modèles les « descripteurs », et « « l’artiste fait pour nous
donner les plus nobles spectacles, les choses les plus aristocratiques et les plus idéales, s’est détourné de toute cette poësie pour
nous peindre les réalités les plus basses. La petite flamme bleue des génies capricieux et charmants qu’il a dans l’esprit, cet homme,
de délicate fantaisie, la promène et la fait ramper sur des sujets abjects et répugnants, sous prétexte de mœurs contemporaines à
reproduire […] Le sujet du roman de
Jack
est prosaïque, commun, oui, et même abject ; et tout le talent de l’écrivain, brillant dans une
foule de détails, n’en sauve ni l’abaissement douloureux, ni la vulgarité pire encore ». Il est allé chercher son sujet dans la fange. « Son
livre est donc l’histoire tragique des bohèmes impuissants, vaniteux, envieux, dont ce malheureux monde moderne et révolutionné
fourmille. Pour intailler mieux dans leur ignominie, M. Daudet a employé un mot, beaucoup dit dans ce monde-là, il les a appelés : les
Ratés
, ... et l’emploi hardi de ce mot, qui se montre, je crois pour la première fois dans un livre de style, en fera peut-être la fortune ».
Jack est lui-même un raté, « et qui rate depuis sa naissance, attendu qu’il est le bâtard d’une fille entretenue. Or c’est ce malheur de
naissance qui s’appesantit sur lui et l’enfonce dans toutes les misères de sa vie... M. Daudet aurait pu en faire un héros, car il y a des
bâtards qui sont des héros, qui remontent à force de cœur, de volonté et d’énergie ce torrent de la bâtardise qui entraîne Jack aux
derniers malheurs et aux plus lamentables catastrophes. Mais Jack importe bien moins au romancier que le milieu dans lequel il vit et
succombe. Jack pour lui est une occasion de peindre les Ratés ; c’est le bouc émissaire des Ratés » ; or « il est impossible à l’imagination
dégoûtée de s’intéresser à ce Jack, imbécille, sentimental et raté [...] Tel est le défaut de la cuirasse de ce roman. Le sans-intérêt ! »…