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français ?...). Je crains bien qu’il ne se fiche du bouquin comme de sa première et lointaine maîtresse »…
26 mai
. La veuve de D
rumont
lui a écrit une lettre navrante : « Flammarion refuse de rééditer les livres de son mari ». Il aimerait « s’entendre avec ces manants »,
pour publier quelques passages choisis. Il a entendu que certains libraires faisaient une mauvaise publicité à son livre. Qu’en est-il ?...
22 juin
. « Assurément, vous m’avez enterré déjà dans cette petite part empoisonnée du cœur où achèvent de pourrir les amitiés
mortes avant que le squelette en puisse être dressé sur du fil de laiton, par les soins des naturalistes ». Il s’est installé route d’Hyères,
où il travaille enfin chez lui : « seul entre quatre murs, je puis me croire une espèce de génie. Au café sous le regard sceptique des
garçons, ce n’est réellement pas possible ! »…
4 novembre
. Il a été très malade : « J’ai failli dériver tout doucement au large de la mer
sans rives, et sans l’autorisation du dictateur Bernard Grasset ». Il ne va toujours pas bien…
Hyères 28 juin [
1933
].
Belles réflexions sur
leur amitié (après le décès de Simone B.M. le 11 mai), qui a eu des hauts et des bas : « Elle a grandi presque malgré moi, ou du moins
presque sans que j’y pense. Je puis donc vous prier de l’accepter maintenant bien moins comme un don volontaire que comme une
pauvre chose qui vous appartenait depuis toujours »… Il lui demande d’être le parrain de son prochain enfant attendu en août…
[31
août]
 : « croyez-vous, ou ne croyez-vous pas possible une enquête sur H
itler
, et la jeunesse allemande ? De toutes manières, je ne
voudrais réellement pas mourir sans avoir dit quelque chose du drame wagnérien qui se joue en ce moment là-bas, et qui met debout
toute la juiverie du monde. […] Je vous assure que j’ai quelque chose à dire de ce bonhomme-là »…
3 octobre
. Il annonce la naissance de
son fils Jean-Loup (30 septembre 1933), qui « a dégringolé hier en ce vague et triste monde, avec une vitesse record » ; il souhaite que
son ami accepte d’être le parrain…
7 novembre
. Sur un projet de revue qui semble intéresser la maison Grasset, qui y voit une bonne
opération financière, dont il ne veut pas la priver : « Car je crois sincèrement qu’en l’état présent de mes rapports avec une partie
du public de la
Grande Peur
la publication des Morceaux choisis de Drumont ne serait pas une brillante affaire ». Il est souffrant :
« Mettons que ce soit la grippe. Moi j’appelle ça un écœurement total de l’âme, et la grippe, ou la tripe n’y est pour rien »… – [
Paris
,
après son accident de moto (31 juillet 1933)] : « J’ai vu hier “l’électrologue” et le radiologue (ou graphe). Évidemment, je commence –
ou plutôt continue à croire – que je trainerai la patte toute ma vie »… [
Baléares
1935
]. Longue lettre sur sa situation financière et à
l’égard de P
lon
qu’il surnomme la « Veuve Garancière », qui lui a fait des avances de 1927 à 1929 dont il ignore le montant, et dispose
d’une délégation sur l’indemnité que Bernanos devrait toucher après son accident, « de deux romans achevés (
Un crime
et
M. Ouine
),
d’un « autre roman dont elle possède plus de deux cents pages et qu’il m’est
très
facile d’achever en cinquante », et de 110 pages
« d’un autre livre [
Journal d’un curé de campagne
], lesquelles pages sont certainement les plus émouvantes que j’ai écrites […] Tout ce
travail (sauf
M
r
Ouine
) a été fait depuis fin avril 1934, c’est-à-dire en huit mois, en dépit d’un mois de maladie, et de cinq à six semaines
perdues pour le déménagement (!), la vente de mon mobilier, l’installation ici »… Il aimerait pouvoir « travailler tout de suite à mon
journal », à condition de le payer à la page : « Il me semble, je vous jure, que ce journal serait beau. Et demain, il sera sans doute trop
tard. Tous crevés,
même
les salauds ! » Ce serait impubliable chez Plon « où la grandissante méfiance de certains salauds ferait déjà une
jolie petite haine, bien roulée »…
Une lettre d’
Hyères
est adressée à Pierre G
axotte
pour lui recommander Pierre Bessand-Massenet, « un des cœurs les plus
réellement
fiers que je connaisse »… Un autre lettre à un ami annonce la naissance de Jean-Loup : « Un petit garçon vient de dégringoler en ce
bas-monde – dégringoler est le mot qu’il faut. Un quart d’heure a suffi. […] Que ne puis-je aussi vite donner un livre à la Postérité ! »…
M
anuscrit
autographe signé (3 pages et demie in-4) de la fin de la conclusion de
La Grande Peur des bien-pensants
, où Bernanos
interpelle les « Jeunes français, jeunes électeurs français, soldats d’hier ou de demain »… ; et pour finir l’affirmation lucide que « la
société qui se crée peu à peu sous nos yeux réalisera aussi parfaitement que possible, avec une sorte de rigueur mathématique, l’idéal
d’une société sans Dieu. Seulement, nous n’y vivrons pas. L’air va manquer à nos poumons. L’air manque. Le Monde qui nous observe
avec une méfiance grandissante s’étonne de lire dans nos yeux la même angoisse obscure. Déjà quelques-uns d’entre nous ont cessé
de sourire, mesurent l’obstacle du regard… On ne nous aura pas. On ne nous aura pas vivants ! »
Suivent 2 pages autographes de corrections pour
La Grande Peur des bien-pensants 
; puis un tiré à part des
Cours et Conférences
d’Action française
(octobre 1929) avec la conférence de Bernanos sur
Édouard Drumont
.
On a relié en tête du volume une
photographie
de Bernanos par Laure A
lbin
-G
uillot
(1927, 25,5 x 18 cm) avec
dédicace
a.s. : « à Pierre
Bessand-Massenet, à son amitié si diligente et si discrète, avec ma très affectueuse gratitude, G. Bernanos ».
Reproductions page précédente
27.
Saverio bettinelli
(1718-1808) jésuite italien, écrivain et pédagogue. 6 L.A.S., Mantoue 1805-1806, au général de C
ampredon
, à l’Armée
de Naples (une au général V
erdier
) ; 10 pages in-4, qqs adresses ; 2 avec vers en italien.
400/500
B
elle
correspondance
du
poète
et
érudit
.
20 novembre 1805
, il lui adresse « le portrait de Bettinelli [portrait gravé joint] du tems qu’il
manioit la lyre de Virgile, et meritoit par là les bontez du Virgile françois de l’auteur de la Henriade. Voilà aussi les vers, qu’il vient
de consacrer à la nation triomphante »… Le général M
iollis
, « notre mecene », a réveillé sa lyre poétique éteinte. « La lyre de Virgile
est à present dans les mains de l’Abbé D
elille
 »…
26 novembre
, remerciant de l’envoi d’arbres d’Andes ou Pietolo, « parmi lesquels il
y a surement quelque rameaux du chêne fameux chanté par Angiolo di Costanzo »…
22 janvier 1806
, faisant hommage d’un sonnet :
« Mais pourquoi me renvoïer les dialogues, qui peuvent vous divertir dans quelques momens de repos, ou vous endormir dans ceux de
l’ennui, qui n’epargnent pas même les guerriers les plus actifs. Ne fût-ce que par la singularité d’un jesuite, qui parle d’amour et non pas
de l’amour de Dieu Boileau ne m’accuseroit pas de méconnoitre celui-ci, et se scandaliseroit de me voir confident et ami de l’autre »…
25 avril 
: on parle toujours des occupations militaires du général, et Bettinelli a pensé à lui à l’occasion de « quelque sonnet, que la
gloire de la France m’a inspiré, et que j’aurois voulu soumettre à votre goût si rare dans votre nation pour notre poesie »… Il recopie
pour lui le sonnet qui a fait parler Milan, et par lequel il prend congé des Muses…
7 mai
, au général V
erdier
, faisant des compliments
sur les vers de Mme Verdier, et envoyant un sonnet « inspiré par la reconnoissance, et par la sensibilité, que l’idille a excitée avec
leur touchante expression de votre cœur excellent »…
15 novembre 
: « Ce seroit vous importuner de vous questionner sur M
r
votre
frere, et mon éloge de Petrarque, sur Mad
e
Verdier, et mon pauvre sonnet &c. L’inexactitude de notre commerce me fait couper mon
épanchement, et mes complimens sur votre promotion »…
O
n
joint
un manuscrit de 2 poèmes de Bettinelli dédié à Campredon, et 7 poèmes imprimés.