Page 18 - cat-vent_piasa11-12-2012

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« Vallette fut autrefois, mon ami. Il est maintenant l’ami des autres »…
14 décembre 
:
Celle qui pleure
a eu moins de succès que les
larmes de Mme S
teinheil
. « C’est toujours le même four, non pas
banal
, mais seigneurial, où je cuis depuis 30 ans. Il y a même un
commencement de calcination »…
1909
.
11 octobre
.
Le Sang du pauvre
paraît à la fin du mois : « Livre un peu bouleversant, facile à lancer »…
3 novembre
, au sujet des
deux éditions du
Désespéré 
; celle de S
tock
, «
carottée
par ce charmant éditeur & désavouée par moi, défectueuse d’ailleurs, remaniée
& tripotée », étant presque épuisée, Bloy propose d’utiliser en les cartonnant 14 exemplaires de l’édition Soirat…
1910
, plusieurs lettres
évoquent le projet avorté du
Désespéré
cartonné…
1911
.
8 avril
. Rédaction de la carte pour signaler son installation prochaine à Bourg-
la-Reine ; parution prochaine du
Vieux de la Montagne
, « V
e
tome de ma série autobiographique. Vous y figurez honorablement »…
18 juin
, « 96
e
annivers. de Waterloo », sur son déménagement : « Bourg-la-Reine est habitable mais j’ai besoin de m’y habituer. Ce n’est
plus la paix de Montmartre où nous étions seuls locataires d’une grande maison presque rurale […] Je ne suis plus chez moi. Je suis
chez un propriétaire, & ce n’est pas drôle »…
1912
.
1
er
janvier
. « Le vieux mendiant vous serre très-affectueusement la main ». Il invite
Bellé à venir le voir à Bourg-la-Reine : « Là vous apprendriez que je suis sur le point de devenir un homme très dangereux »…
15 janvier
 :
« Les Bourgeois de ce pays, loin de songer à me brûler vif, m’ignorent parfaitement & j’encourage volontiers cette ignorance qui m’est
douce et profitable »…
1915
.
4 janvier
. « Plus d’éditeurs, plus d’imprimeurs, plus de crédit. Auparavant nous n’étions que pauvres, aujourd’hui nous vivons
d’aumônes. […] Pour endormir mes peines je travaille comme si la vie normale n’était pas interrompue & je prépare un nouveau
livre »…
11 janvier
. Désarroi, depuis que « la colossale entreprise de brigandage a commencé » : « Souvent aussi je me surprends à
envier les pauvres bougres qui combattent dans la boue glacée, avec 40 ans de moins que moi, & qui, du moins ont ou peuvent avoir
la consolation d’étriper quelques pourceaux. […] Il est certain que l’empire allemand est en fort mauvaise posture & que la partie
est perdue pour lui. Mais on ne détruit pas 60 millions d’hommes. Il faut s’attendre à une prolongation de cette guerre infernale »…
L’Homme providentiel qui délivrera des « putains politiques » se fait désirer, et tout va au paroxysme. « On croirait que le Démon
va devenir le Maître du monde »… Il cite le récit d’un prisonnier sur les atrocités de l’ennemi… Lorsque les Russes arriveront à Berlin,
la vermine s’en ira, non sans avoir parachevé « la destruction de la Belgique & de nos départements du Nord. Essayez d’imaginer
alors la ruée de deux millions d’hommes fous de représailles sur l’Allemagne enragée de désespoir ! C’est une vision d’apocalypse.
Voilà ce que nous promet 1915 »…
23 février
. « Le nouveau pape [B
enoît
XV], qui me paraît être un politicien étrange, a prescrit des
prières “pour la paix”, recommandation que les évêques & les curés sont forcés d’interpréter, tant elle paraît monstrueuse. La paix,
en effet, suppose la guerre. Or, il n’y a pas de guerre, mais une entreprise colossale d’assassinats, de cambriolage & de destruction.
Il ne peut pas être question de paix avec des brigands & des animaux féroces, encore moins avec la vermine. Moi je prie pour leur
extermination, avec le chagrin profond de ne pouvoir y prendre part »…
Jeanne d’Arc et l’Allemagne
est sa tentative pour contenter
sa rage…
23 octobre
. En 3 mois il a écrit
Au seuil de l’Apocalypse
, expression de tout ce qui lui dévorait le cœur. « L’aveuglement est
universel & l’imbécillité de tout le monde ne peut être égalée que par l’épouvantable canaillerie d’une multitude infâme qui ne voit
dans cette guerre sans nom que l’occasion de s’enrichir. Songez à nos gouvernants, à nos députés. Considérez que nous en sommes à
compter sur l’amitié fraternelle de l’Angleterre, de la Russie de l’Italie !.. En ce moment le décor change. Tout pour l’Orient. L’infernal
cabotin Guillaume […] va chercher en Asie de nouveaux soldats. L’horreur pourrait devenir infinie »… Ce qui le frappe le plus, « c’est
que, depuis le commencement, on n’a pas encore vu paraître un Homme. Je dis
Un
, un seul, le Prédestiné. C’est pourtant une loi
divine »… Il lui adresse un portrait photographique avec la légende autographe : « Léon Bloy attendant Lumbroso »…
1916
.
31 août
. Bloy
félicite Bellé d’être devenu aviateur : « vous ne pourrez plus tomber que du ciel, désormais. Cela vous interdit le désespoir dont vous
me parlez incidemment. Ce mot est sévèrement interdit chez l’auteur du
Désespéré
, l’homme le plus espérant qu’il y ait au monde.
Et pourtant cette guerre me dévore »… Il lui envoie un exemplaire censuré, et dédicacé, d’
Au seuil de l’Apocalypse
13 décembre
.
Son âme saturée d’horreur et de douleur a donné
Méditations d’un solitaire en 1916
, qui sera sans doute censuré ; riche, il l’eût
fait imprimer à ses frais et l’eût distribué hors commerce, « assuré de devenir ainsi le bienfaiteur de beaucoup d’âmes en détresse.
L’expédient étant impraticable, je me suis résigné. Chrétien de foi & de pratique, je peux accepter toutes les avanies & je suis armé
d’avance contre toutes les déceptions »…
Mardi de Pâques [10 avril]
. Depuis 38 ans il attend des événements prodigieux : « notre
dette est colossale […] Mais si la France ne peut pas périr, Dieu ayant besoin de cette prostituée, il faut néanmoins qu’elle expie son
épouvantable prévarication. […] Que pensez-vous de ce déchaînement universel de démocratie ? Rien qu’en Russie, cent millions de
brutes démuselées d’un seul coup, aux applaudissements de tous nos
intellectuels
incapables de discerner le fruit de terreur annoncé
par cette fleur de fraternité. 93 par le monde entier, toute la terre à ce diapason ! Il faut bien que Dieu s’en aille, puisque personne
ne veut plus de lui. Personne à l’exception de quelques solitaires qui auront accepté de souffrir pour sa gloire & dont les douleurs
sauveront sans doute ce qui pourra être sauvé »…
Sont aussi recueillies dans ce volume des lettres ou cartes à Bellé par sa femme Jeanne B
loy
(3 l.a.s. et 1 carte de visite autogr.), leur
fille Madeleine (2 l.a.s., dont une annonçant la mort de son père), son ami René M
artineau
(2 l.a.s.), les publications B
loud
et C
ie
(l.s.), et
3 l.a.s. d’Alfred V
allette
à Bloy, que celui-ci fit suivre à Bellé. Plus un prière d’insérer à propos du
Vieux de la montagne
et un prospectus
pour
Les Dernières Colonnes de l’Église
.
Reproductions pages précédentes
29.
Stanislas-Jean, chevalier de boufflers
(1738-1815). L.A.S., 5 novembre 1790, au baron de S
ervières
 ; 1 page et demie in-8, adresse.
150/200
Il a reçu sa lettre au sujet de la demande des artistes : « je ne suis pas moins empressé à concourir à leurs vues et je me suis mis en
mesure de faire mon rapport au comité lundi prochain. Si vous avés un quart d’heure à perdre lundi au matin j’auray l’honneur de vous
en faire la lecture, mais à vous seul, et meme je desire que M
rs
les artistes n’en prennent connoissance qu’après que j’aurai recueilli et
inséré les differentes observations du comité »…