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113.
Henri rivière
(1827-1883) marin et écrivain, tué au Tonkin. L.A.S., à bord de la
Vire
, Sydney 27 août 1877 ;
4 pages in-8.
500/600
Belle et longue lettre. à Nouméa il a connu l’existence d’une sous-préfecture française : soirées dansantes chez l’amiral
gouverneur, jeux de roulette, etc. Tous les jours « de une heure à quatre heures, dévotement, j’écris mon grand roman,
Le
Combat de la vie
, où il y a cent personnages et qui aura six volumes. C’est le seul que j’aie jamais tenté et que je tenterai
jamais de cette longueur. Il y a fallu cet exil et cette solitude de deux ans. [...] ce qui m’étonne, c’est d’avoir inventé deux
personnages comiques avec lesquels je m’amuse. Je n’oserais pas dire que je les trouve spirituels, mais je les trouve gais. C’est
un retournement d’esprit qui s’est fait en moi et assez singulier. Depuis que je suis seul et souvent un peu triste, j’ai des
tendances à abandonner toute forme noire ou même sévère en littérature. Je me plais à tout ce qui a du mouvement et de la
belle humeur et je relis quelquefois les romans de ce bon grand père Dumas qui rit et qui pleure à la fois »... Il a lu des extraits
de
L’Assommoir
dans la presse : « Ce Zola sera un écrivain et des meilleurs quand son style sera moins exubérant et moins
feuillu et quand il se sera dégagé quelque peu de cette épaisse buée érotique qui l’entoure. Et cependant cette buée-là, c’est le
succès de la littérature d’aujourd’hui.
L’Assommoir
, grâce à elle, s’est déjà écoulé à 40 000 exemplaires. Elle était dans
Germinie
Lacerteux
, elle doit être dans
La Fille Elisa
. Elle est dans Belot, dans les préfaces de Dumas. Notre société s’en va avec rage aux
mauvais lieux de la littérature. Elle a soif du vin bleu, de la fille, des sensations obscènes. Flaubert même en est là, dont je viens
de lire les
Trois Contes
»... Il en cite quelques lignes pour illustrer son jugement : « Toujours la buée et le réalisme pour ne pas
dire la minutie des détails. Un chaudron n’est plus un chaudron, il faut le décrire, c’est un poème comme un sonnet. Il n’y a
plus que les yeux qui voient et les sens qui s’émeuvent, lourdement et pris d’une ivresse malsaine »... Il parle encore de Sydney,
où règne « la flirtation », et de l’avenir de la
Vire
, dont on pourrait prolonger la campagne, et termine en chargeant son ami de
souvenirs « pour Giraud, pour Flaubert, pour “tous et toutes” comme on dit en Provence. Je vous prie surtout de me rappeler
respectueusement au bienveillant souvenir de la Princesse [Mathilde] »...
114. [
Henri rivière
].
Henri de bornier
(1825-1901). Manuscrit autographe signé,
Pour les obsèques de Henri
Rivière
, [1885] ; 7 pages in-4.
200/300
Hommage au commandant Rivière, tué le 19 mai 1883 lors d’une sortie de Hanoï [sa tête fut promenée sur une pique et
sa mort allait provoquer l’envoi de renforts importants au Tonkin. La Société des Gens de lettres et la Société des Auteurs et
Compositeurs dramatiques firent élever un monument à la mémoire de leur confrère, en 1885, au cimetière Montparnasse].
Navigateur et écrivain comme Bougainville, La Pérouse, La Place, d’Entrecasteaux et Jurien de La Gravière, « ce dompteur
des flots fut un dompteur de style ; sa phrase a la couleur et le mouvement des vagues, ses romans marchent avec un bruit
d’orage »... Bornier rappelle quelques-uns de ses écrits et l’ambition de la gloire qui le mena au martyre ; il conclut à une
vengeance certaine : « ces barbares ne savaient pas qu’en promenant dans leurs villes sa tête et ses mains coupées, qu’en semant
son sang sur leurs routes, ils semaient nos vengeances futures et prochaines »...
*115.
Felice ROMANI
(1788-1865) poète et librettiste italien. Poème autographe signé, S. Vitto presso Genova
3 novembre 1846 ; 3/4 page in-4 ; en italien.
400/500
Beau poème de 8 vers du librettiste de Bellini et Donizetti :
« Quando lontan delle mie patrie vive
Vivrai tranquilla de tuoi Lari in seno
116.
Georges ROUAULT
(1871-1958) peintre. Manuscrit autographe de 15 poèmes,
Versailles
. Album I
; carnet in‑8
cousu (18 x 14 cm) de 12 feuillets écrits au recto, sous étui-chemise toile noire.
2.000/2.500
Précieux carnet de poèmes dédié à Jacques Maritain.
Ce carnet présente d’importantes ratures et corrections, avec de nombreux vers biffés, et quelques collages sur la version
primitive. Il présente 3 petits dessins à la plume en marge, et comprend, outre les poèmes d’introduction et de dédicace,
13 poèmes numérotés de 1 à 12, plus le dernier non numéroté.
Introduction
(3 huitains, titre primitif biffé :
Préface avertissement
) : « Sur l’autobus Montmartre-Porte Rapp / j’ai trouvé
ces feuillets égarés »…
Versailles
(4 strophes de 5 vers) : « A Jacques Maritain / en souvenir de son dévouement / à ma malencontreuse arrivée dans
cet adorable pays »…
I
(39 vers) : « Ici tout le monde descend / d’Adam et Eve par le serpent »…
2 (3 strophes de 17 vers) : « Versailles cure d’air / chantent les propriétaires / et les hôteliers effrontés »…
3
. Lac des Suisses
(2 douzains) : « De tristes hères / couchés par terre / font une cure / de plein air »…
4
. Monsieur Bonnenfant avec estampe
(2 dizains) : « Je n’ai pas volé mon nom / je suis un heureux garçon »…
5
. Au refuge du travail
(16 vers) : « Je m’appelle La Nique / Je suis un intellectuel raté / Sans méchanceté / que l’Institut
n’a pas encore distingué »…
6
. Matin de printemps
(27 vers) : « Je le reconnais de la portière / du train express qui m’entraîne / à mes affaires »…
7
. Hymne aux coteaux de Saint-Martin par une femme peintre
(23 vers) : « La Nature ! / nous la contemplons ! / à genoux /
nous l’adorons »…