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Paris 26 août
(à en-tête du
Crédit Communal de France
), à son beau-frère Henry Lethier. Les blessés « ne seront dirigés
sur Provins qu’après la bataille & qu’autant que le siège de Paris ne sera pas fait » ; il parle des brassards destinés aux médecins
et infirmiers, et des ambulances qui devront être protégées par deux drapeaux tricolores et celui de la Croix-Rouge (dessin).
2 septembre
, il rend compte à sa sœur d’une démarche effectuée au ministère de la Guerre pour tenter d’obtenir des nouvelles
de leur frère Ernest : « Les derniers renseignements reçus au bureau sont en date du 6 [août] de la bataille de Woerth. On
connaît les pertes de
2 régiments
; on pourra avoir vers la
fin du mois
les pertes de Spickeren et dans
2 à 3 mois
, pas avant, le
relevé des batailles des 16 18 etc. » Il est ensuite question du maréchal Bazaine et de l’interdiction qu’il a donnée à ses officiers
d’écrire, du maréchal de Mac-Mahon qui doit empêcher les Prussiens de repasser la Moselle, et du départ de 1200 volontaires
pour le duché de Bade.
5 octobre
, pendant le siège de Paris : « Cette lettre doit prendre le premier ballon à partir » ; les deux
frères Alexandre et Paul, restés dans la capitale, écrivent à leur mère réfugiée à Tours : « Nous sommes à Paris dans la garde
nationale volontaire de Versailles, moi comme S. Lieutenant, Paul comme sergent major [...] Nous nous retrouverons cet hiver
sans doute tous rassemblés à Versailles. On est à Paris sans nouvelles de Bazaine ». Paul : « Les nouvelles du dehors sont très
rares ici depuis l’investissement de Paris. Les Prussiens n’ont pas encore dépassé la ligne des forts, ils réfléchissent sans doute
mûrement. Notre demeure est avenue de la Grande Armée (porte Maillot) [...] nous avons le Mont Valérien devant nous qui
nous protège. Les marins qui y sont ne manquent jamais de saluer les Prussiens dès l’aube par quelques coups de canon, cela
dure un quart d’heure et tout rentre dans le calme le plus complet [...] Le dimanche tout le monde se promène en toilette et va
voir les remparts. Les gardes nationaux seuls font force d’exercices »...
20 octobre 1870
, Alexandre à sa mère : « Nous sommes
très occupés à faire notre éducation militaire, ce qui fait que nous sommes devenus très paresseux pour écrire. Je rencontre
aujourd’hui une plume parce que je suis garde dans Paris et que j’ai un rapport à faire comme chef de poste. Je suis au Palais-
Royal. Paul va très bien. Il est très heureux comme sergent major, a un peu à travailler, mais ne monte pas de garde [...] Nous
sommes sans nouvelles de Versailles. Les Prussiens passent pour n’y avoir rien pillé. C’est le quartier général de leurs blessés
[...] Nous attendons la venue de votre armée pour frapper un grand coup. On a, le bruit nous vient de Tours, de bonnes nouvelles
de Bazaine. Le Crédit communal est enfoncé, il ne nous paie même plus 1 centime »...
On joint : 2 l.a.s. de Louise Borgnis-Desbordes, à sa fille Claire [4 septembre 1870], et à ses fils Alexandre et Paul [1
er
février
1871], exhortant sa fille à quitter Provins et annonçant son départ pour Tours, puis donnant des nouvelles d’Ernest, fait
prisonnier lors de la capitulation de Metz, détenu à Hambourg avec d’autres officiers, et qui a été nommé capitaine au mois de
décembre ; 2 documents concernant Paul Borgnis-Desbordes : nomination de capitaine dans la Garde Nationale (22 novembre
1870), et laissez-passer (16 février 1871) pour retourner à Provins.
178.
Gustave BORGNIS-DESBORDES
. 15 L.A.S., Toulon, Versailles, Paris 1871-1878 et s.d, à sa famille ; environ 50
pages, la plupart in-8, qqs. en-têtes.
1.000/1.500
Sur la guerre et l’insurrection de Paris en 1871.
De retour de Cochinchine en mars 1871, le futur général Gustave Borgnis-Desbordes a été affecté à l’École de pyrotechnie de
Toulon, puis nommé à Paris à la direction de l’artillerie et ensuite à l’inspection générale de l’arme, sous la direction du général
Frébault.
Parmi ces lettres, 4 sont destinées à sa mère, Louise Borgnis-Desbordes, 8 à sa sœur Claire Lethier, 2 à ses frères et une à son
beau-frère Henry Lethier. Les 7 premières lettres, écrites de Toulon entre le 23 mars et 30 mai 1871, évoquent les événements
de la Commune à Paris, la tactique du gouvernement, la situation à Toulon, les nouvelles de la famille, etc.
179.
Gustave BORGNIS-DESBORDES
. L.A.S., Bafoulabé [Haut-Sénégal] 22 mai 1883, au général Brière de l’Isle ;
4 pages in-8.
800/1.000
Belle lettre sur son action en Afrique. [Gustave Borgnis-Desbordes (1839-1900) dirigea trois colonnes expéditionnaires
à travers le Haut-Sénégal et le Haut-Niger entre 1880 et 1883. Ces campagnes, qui s’achevèrent par la défaite des chefs Fabou
et Samory, contribuèrent à la pacification du pays et permirent la construction d’une ligne télégraphique, d’un chemin de fer et
de forts militaires entre Médine (sur le Sénégal) et Bamako.]
Borgnis-Desbordes, qui vient d’être nommé colonel, remercie son ancien supérieur, le général Brière de l’Isle, gouverneur du
Sénégal de 1876 à 1881, pour les compliments qu’il lui a adressés au sujet de sa récente promotion, et surtout pour l’aide qu’il
lui a apportée lors des préparatifs de sa première campagne dans le Haut-Fleuve : « J’ai conservé pour votre bonté envers moi à
mon arrivée à St Louis la plus profonde reconnaissance. Ne sachant rien ou presque rien du Sénégal, n’y ayant jamais été, vous
auriez pu dire, comme l’ont fait vos successeurs : Débrouillez-vous, Monsieur, je signerai tout ce que vous voudrez. Et je n’en
aurais certainement pu sortir. Car les années suivantes, sachant alors ce que je voulais, ce dont j’avais besoin, malgré toutes les
signatures du gouverneur, je ne suis jamais arrivé à partir aussi bien préparé pour faire campagne qu’en 80. C’est que l’inertie
de tous les petits chefs, qui tremblaient devant vous, était pour moi un obstacle souvent insurmontable »... Il critique ensuite
l’attitude du capitaine de vaisseau Vallon, gouverneur du Sénégal de juin à novembre 1882, qu’il juge « si peu à la hauteur
de sa difficile mission, et si désireux de voir tout échouer »... Puis il recommande l’un de ses officiers au poste de commandant
supérieur du Haut-Fleuve : « Ne croyez-vous pas que le commandant Boilève serait à la hauteur de la situation ? Je l’ai fait
venir à Bammako. Il a marché avec la colonne dans la 3
e
et dernière attaque contre l’armée de Samory [...] Nous avons causé du
pays et des différents chefs. Il aime le Sénégal et me paraît un très honnête homme »... Il ajoute : « Le général Faidherbe veut
ses bateaux à vapeur sur le Niger. Mais il faut d’abord les y porter, et pour cela il y a des mesures à prendre »…