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Bibliothèque maçonnique
provenant de Charles de Hesse Cassel
La plupart des ouvrages proposés proviennent de la Bibliothèque du Landgrave Charles de Hesse Cassel, une des
figures majeures de cette famille dont l’un des ancêtres Maurice (dit le Savant) fut lui aussi très impliqué, aussi bien
dans l’origine du phénomène Rosicrucien, que dans l’étude et la pratique alchimique, et, plus particulièrement, dans
sa spécificité paracelsienne, mais aussi par la Pansophie. Ainsi l’une des très grandes figures de l’hermétisme, Michel
Maïer, se mit à son service, après le décès de l’Empereur Rodolphe II.
Le Prince Maurice accorda sa protection à l’imprimeur Wilhelm Wessel (il lui délivra en 1594, le privilège d’être son
graveur et imprimeur) lequel devait assurer la publication des Manifestes Rosicruciens. Quant au père de Maurice,
Guillaume IV, dit le Sage (1533-1592), ce prince éclairé possédait lui-même de très grandes connaissances dans ces
domaines particuliers qu’il ne manqua pas d’approfondir avec, entre autres, le grand savant suédois Tycho Brahé,
astronome et bien naturellement astrologue auquel on attribue un très troublant Calendarium Naturale Magicum,
perpetuum… 1582, gravé par Théodore de Bry, dont le titre indique assez bien la spécification toute particulière des
doctrines exposées.
Charles (1744-1836) lui aussi perpétua cette « vocation familiale ». Il fut le Grand Maître des Frères initiés d’Asie et
de la Stricte Observance Templière, et appartint à divers courants maçonniques. Il fut un proche du Comte de Saint-
Germain auprès duquel il étudia et pratiqua l’alchimie. Celui-ci vécut ses dernières années à Darmstadt, où il mourut
en 1784.
Dans le cadre de ses responsabilités dans la Société Secrète issue de la Rose-Croix d’or de Salomon Richter, il fut
très probablement nourri de certaines doctrines issues de la Kabbale et plus précisément de l’enseignement d’Isaac
Luria. Très imprégné de la doctrine de la réincarnation des âmes (Rotation, Gilgoul), lesquelles avaient été exposées
préalablement par deux membres du mouvement hétérodoxe Sabbatéiste, le baron Thomas von Schoënfeld [Junius
Frey] et Ephraïm Joseph Hirschfeld, Charles fit état de visions de ses vies antérieures à de très nombreuses reprises (voir
le chapitre consacré à cette thématique dans l’étude de G. Van Rijnberk : Episodes de la vie ésotérique. Lyon, 1948).
Il conviendrait également d’évoquer les liens que le landgrave entretint avec certaines autres personnalités comme
Lavater, auquel il tenta de faire partager certaines de ses visions extraordinaires, Von Wachter pour le domaine plus
spécifiquement théurgique et bien sûr J. B. Willermoz, dont il reçut des éléments de la doctrine et des pratiques de
Martinès de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin. C’est d’ailleurs avec Willermoz que le landgrave eut une
action de toute première importance lors du fameux Convent de Wilhelmsbad (juillet et août 1782) à l’occasion duquel
le rite Écossais rectifié fut adopté par la Franc-Maçonnerie allemande, mais qui fit également éclater de nombreuses
dissensions dans l’univers maçonnique.
En fait la famille de Hesse dont nous n’évoquons ici rapidement que quelques figures majeures, fut profondément nourrie
et imprégnée de mysticisme et exerça sans aucun doute, par ses nombreux liens avec les cours européennes, une
indéniable influence.
Charles de Hesse légua sa bibliothèque à la Grande Loge du Danemark, qui se sépare aujourd’hui d’ouvrages en double,
portant son ex-libris.