Previous Page  46-47 / 306 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 46-47 / 306 Next Page
Page Background

46

47

101.

BLOY, Léon

“Pour exaspérer les imbéciles”.

Manuscrit autographe signé

Paris, [9 mai 1897]

EXTRAORDINAIRE ET CÉLÈBRE TEXTE DE

L’ÉCRIVAIN CATHOLIQUE ET RÉVOLUTIONNAIRE

LÉON BLOY SUR L’INCENDIE DU BAZAR DE LA

CHARITÉ.

LA MORT DES DUCHESSES ET DES BANQUIÈRES

DEVIENT OBJET DE SCANDALE ET MAINTENANT

VENGEANCE DE DIEU PUISQUE LES RICHES

MEURENT ENFIN JUSTEMENT : “AH ! S’IL S’ÉTAIT

AGIT D’UNE POPULATION DE MINEURS, GENS AUX

MAINS SALES”

MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET

prolongé par le fragment d’un autre texte

“Extrait d’une autre lettre. Au même. 6 septembre 97”. En tout 3 pp. in-4 (220 x 173mm), encre

noire, signature à la fin, quelques ratures et corrections, indications de numérotation à l’encre

rouge et bleue et corrections destinées sans doute à l’impression, quelques fissures dans les plis

“Vous me demandez “quelques mots” sur la récente catastrophe. J’y consens d’autant

plus volontiers que je souffre de ne pouvoir crier ce que je pense. J’espère, mon

cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu’à la lecture des premières

nouvelles de cet événement épouvantable, j’ai eu la sensation nette et délicieuse, d’un

poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre des victimes, il est

vrai, limitait ma joie. Enfin, me disais-je tout de même, enfin ! ENFIN ! voilà donc

un commencement de justice. Ce mot de Bazar accolé à celui de CHARITÉ ! Le Nom

terrible et brûlant de Dieu réduit à la condition de génitif de cet immonde vocable

(...) des prêtres, des religieuses circulant dans ce pince-cul aristocratique (...) Et le

Nonce du Pape venant bénir tout ça ! (...) Alors, immédiatement, le Feu a été déchaîné,

et TOUT EST RENTRÉ DANS L’ORDRE (...) Elle n’est pas non plus pour toi cette

Parole, n’est-ce pas, marquise ? Tout le monde sait que l’Évangile fut écrit pour la

canaille (...) Ah ! s’il s’était agi d’une population de mineurs, gens aux mains sales, on

aurait peut-être vu plus clair, les yeux étant beaucoup moins remplis de larmes. Mais,

des duchesses ou des banquières qui “s’étaient réunies pour faire le bien”, comme l’a

positivement dit le généreux gaga François Coppée, songez donc, chère Madame ! (...)

On ne fait pas joujou avec les formes saintes, et c’est à faire peur de galvauder ainsi le

nom de Charité, qui est le Nom même de la Troisième Personne Divine”...

Il s’agit d’une mise au net autographe, sans doute destinée à

l’imprimeur, d’un texte que Léon Bloy adressa à son ami André

Roullet. Le 4 mai 1897, l’incendie du Bazar de la Charité avait

causé la mort de plus de 120 personnes, essentiellement des

femmes de l’aristocratie européenne brûlées vives dans un

hangar en bois où avait été reconstituée une rue du Moyen Âge.

RÉFÉRENCE : L. Bloy,

Journal

, Paris, 1956, I, pp. 247-248

2500 - 4.000 €