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les collections aristophil

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psychiatrique. Elle parle de son film

Daddy

:

« Jean Tinguely, ma famille et presque toute

la presse furent indignés par ce film. Seule

ma mère, quelques critiques et Jacques

Lacan prirent ma défense ». Les psychiatres

consultés n’ayant pas toujours cru à la réalité

de ce qu’elle avait vécu, elle se sent à jamais

solidaire « de tous ceux que la société et la

loi excluent et écrasent. [...] Je t’embrasse,

chère Bloum, avec beaucoup de tendresse.

Maintenant tu en sais un peu plus sur ta

grand-mère. Love. Niki ». L’artiste écrivit une

lettre très semblable à sa fille Laura, mère

de Bloum, et c’est le texte de cette lettre-là

qui fut édité en fac-similé par les éditions

de La Différence en 1994.

Document bouleversant.

348

SAINT-PHALLE NIKI DE (1930-2002)

L’été des serpents

Manuscrit autographe titré et signé

Îles Canaries, décembre 1992,

31 pages in-4 à l’encre noire puis

bleue, paginées, plus une page de

titre signée. Nombreuses ratures et

corrections et quelques passages

biffés. 6 feuillets ont été découpés

et remontés par bandes collantes.

2 000 / 3 000 €

Niki de Saint Phalle raconte son enfance

mutilée, les souffrances et les traumatismes

engendrés par le crime dont son père s’est

rendu coupable lorsqu’elle avait l’âge même

de sa petite-fille, Bloum, à laquelle cette

longue et terrible confession est adressée.

C’est durant l’été 1942, dans une maison de

vacances aux Etats-Unis que son père lui

fit subir toutes sortes d’attouchements

criminels : « Pour la petite fille, le viol c’est

la mort. Il n’y a qu’une solution : la loi. La

loi pour protéger ceux qui ne peuvent pas

se protéger. La prison pour les violeurs de

petites filles. C’est la seule manière de les

contrôler : par la peur. A onze ans je me

suis sentie expulsée de la société. Ce père

tant aimé est devenu objet de haine, le

monde m’avait montré son hypocrisie, j’avais

compris que tout ce qu’on m’enseignait était

faux. […] l’été des serpents fut celui où mon

père, ce banquier, ce grand bourgeois, avait

essayé de mettre son sexe dans ma bouche ».

L’artiste explique qu’elles furent les séquelles

et comment elle décida de se consacrer

à la peinture, après un séjour en hôpital