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Ce catalogue s’ouvre sur un ensemble de livres précieux ayant
appartenu, pour la plupart, à Napoléon, à Joséphine ou à Marie-
Louise, dont un exemplaire des
Considérations sur l’art de la
guerre
du général Rogniat, rageusement annoté par Napoléon
à Sainte-Hélène.
Parmi les lettres des Rois de France, de François I
er
à Louis XVIII,
on notera celle qu’adresse le futur Henri IV, alors Roi de Navarre,
à Catherine de Médicis la suppliant de mettre fin aux guerres
de religion. À leurs côtés, bien des personnages se pressent,
de Louise de Savoie écrivant à Anne de Bretagne, ou Saint
Vincent de Paul, jusqu’à Cagliostro rédigeant une prière impie
contre Louis XVI et Marie-Antoinette, ou les écrits militaires du
comte de Guibert. On notera un beau manuscrit du généalogiste
Clairambault relié aux armes de Louis XV, établissant les parentés
du Roi avec les maisons royales et princières d’Europe.
Un exceptionnel album rassemble les principaux acteurs de
la Révolution, évoquée aussi par un décret signé par Danton
le 10 août 1792, un manuscrit de Buonarroti pour combattre le
nationalisme corse, ou les lettres du jeune ocier Pluvié-Guibert,
sur les campagnes d’Italie et d’Égypte.
L’épopée napoléonienne revit, à travers les documents, du siège
de Toulon à Sainte-Hélène. Le jeune Napoléon écrit un roman,
dont on lira ici le début, puis se fait remarquer aux journées
de Vendémiaire. Quelques jours avant d’épouser Joséphine,
il lui adresse une lettre d’amour ardente et tourmentée ; plus
tard, il flirtera avec Christine de Mathis. À Sainte-Hélène, le
proscrit trompe son ennui en apprenant l’anglais avec Las
Cases, rédige ses souvenirs sur ses campagnes, ou prépare avec
Bertrand un volumineux
Essai sur la fortification de campagne
.
La famille proche est évoquée par de jolies lettres de Joséphine,
la belle correspondance de Marie-Louise avec sa dame d’atours,
l’importante et attachante correspondance de la Reine Hortense
à son amie d’enfance Églé Auguié, épouse du maréchal Ney, sur
une trentaine d’années. Les campagnes napoléoniennes revivent
à travers la correspondance du général Bertrand à sa femme
où l’on suit presque au jour le jour la Campagne de Saxe, ou
celle du maréchal Soult racontant à sa femme les campagnes
de Pologne et d’Espagne. Notons encore le plaidoyer de Fouché
pour un consulat à vie héréditaire en faveur de Bonaparte, et le
volumineux manuscrit des Mémoires de Cambacérès.
Au XIXe siècle, on retiendra la remarquable correspondance
spirituelle de Lacordaire à Mme Swetchine, les écrits de Lamartine
en 1848, ou le journal intime de Victor Schoelcher. En Russie, à
côté de la rare édition originale de l’oukase abolissant le servage,
Alexandre II entretient avec sa maîtresse « Katia » une abondante
correspondance amoureuse et érotique. À l’orée du XXe siècle,
après les articles politiques de Clemenceau ou Jean Jaurès, la
Grande Guerre est racontée à travers l’exceptionnel « journal de
guerre » et les albums photographiques de l’abbé Loys Roux.
La Seconde Guerre mondiale revit à travers quelques-uns de
ses acteurs : le maréchal Pétain, Charles de Gaulle, Churchill,
Eisenhower, Montgomery, le général Koenig.
Signalons enfin quelques témoignages d’écrivains mêlés à l’histoire
de leur temps : Guez de Balzac écrivant à Richelieu, Fénelon,
Saint-Simon, Grimod de la Reynière en gourmand amoureux,
le marquis de Sade pris dans la tourmente révolutionnaire, Karl
Kraus avec une conférence antimilitariste et pacifiste en 1917,
Georges Bernanos avec une belle correspondance lors de son
exil au Brésil en 1939-1942, et Saint-Exupéry avec six écrits de
guerre, dont un scénario inédit sur la Résistance et le brouillon
de son vibrant
Appel aux Français
.
Thierry Bodin
LIVRES, LETTRES ET
MANUSCRITS AUTOGRAPHES
CATALOGUE N°
36




