Page 26 - ROBINE-RELIURE

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gris pour protéger le livre d’Hervé Carn,
Avec Sima
(elle a comme solidifié
les grands nuages de Sima), cette même ardoise qu’elle magnifie une fois
de plus avec
La Nuit des pierres
, ce livre discret et accompli d’Yves Prié et
de Dilasser ; une autre intrusion significative et splendide, révélatrice on ne
peut plus d’une main et de tout un pan de rêverie, c’est quand elle achève
la parure de
Mémoires aux alouettes
, collaboration de Nicole Laurent-
Catrice et Isabelle Dubrul, faite d’une large peau de buffle rose surmontée
d’un baudrier en léopard de mer violine, par la venue en guise de fermoir
d’un coquillage d’un brun très foncé ; une autre encore est une féerie
quand, pour Robert Desnos et sa
Calixto
, elle place sur des plats de buffle
bordeaux et coquelicot des jetés de coquillages et de fleurs séchées, parfaite
nature morte qui témoigne d’un art tout japonais de la langueur propre
aux choses arrêtées dans leur survie. La noblesse des matières étourdit,
leur juxtaposition et leur entrecroisement suscitent le ravissement. Annie
Robine aurait pu se contenter de varier infiniment ces manières de faire
autrement de la reliure, cela aurait été déjà considérable, mais elle ne l’a pas
voulu, au reste elle ne l’aurait pas pu. Une urgence d’expression était en elle
qui lui intimait de faire retentir toute la gamme des possibles.
Calixto
, Robert Desnos