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Annie Robine,
la vérité imprévue de la reliure
Yves Peyré
L
e papier est invariablement lourd et fragile, il se lève dans son
impondérable, lié feuille à feuille, il devient un volume. Qui
peut rester tel, qui peut être enveloppé. Grande question de
l’intervention. Le protéger, le parer, le combler.Tout le paradoxe
de la reliure est d’être un ajout nécessaire. L’ajout dit l’aléa, la nécessité la
force de l’intervention. La reliure déroule une longue histoire de respect de
l’imprimé et de liberté prise avec les conventions. Annie Robine est relieur,
mais un relieur qui, si elle connaît les règles traditionnelles du métier au
point de se les soumettre, s’en écarte toujours au profit de la création. Annie
Robine est autant un créateur que plus précisément un relieur. Néanmoins
son attention et sa ferveur se portent sur le livre, il ne s’agit rien moins
que de l’accompagner, voire de le porter dans la lumière de son triomphe.
Chaque reliure d’Annie Robine, même la plus janséniste, fait penser à une