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Toute cette aventure, cet effort constant pour découvrir de nouvelles
clefs, s’enracine dans la Bretagne des terres et de la mer, nul doute encore
qu’un parfum de l’Algérie d’enfance ne vienne orienter les dispositions
qui s’amorcent, ainsi les perles en bocaux comme de plausibles bonbons.
Voyageur de l’imaginaire entre deux mondes réels, telle est Annie Robine.
Elle cherche à travers la diversité des matières et des formes, elle s’appuie
bien évidemment sur la structure à mors ouverts qui ne relie les plats au
corps d’ouvrage (dont les feuillets restent dégagés) que par une solide
couture avec des liens qui autorisent une infinie variation de matières une
fois de plus. Les plats rendus libres peuvent ainsi être travaillés à loisir,
devenir cette épaisseur qui ne pèse pas, cette sculpture qui ne se détache
nullement. Dialoguant quotidiennement avec Tugdual, artiste et éditeur
de gravures et de livres qui partage sa vie, entourée de nombreux créateurs
épris d’invention, Annie Robine dresse ses propositions de reliure dans
une indépendance d’esprit assez rare. Elle imagine assurément un horizon
des plus amples, se jouant aussi bien ici que dans la lointaine distance de
l’inaccessible. L’enthousiasme la guide autant que l’humour et la franchise,
il s’agit d’aller droit, de ne se subordonner à rien si ce n’est au livre, à ce
bouquet des mots qui s’évadent et qu’elle retrouve dans la juste écoute. Elle
fait de ce lien sacré le signe même de son indépendance, ne dédaignant pas
de partager sa foi avec les étudiants qu’elle forme ou quelques amateurs
que pousse la curiosité. Elle a pris sur elle, sans aucun orgueil déplacé, de
tenter dans l’art de la reliure, qui peut parfois se fixer un peu trop vite, une
lutte contre toutes les conventions, elle n’a pas d’autre ambition que de
respirer cet air du large qui l’emplit et qu’elle a garde de restituer de la plus
heureuse des manières. Annie Robine cherche, elle trouve, elle regarde,
elle est entièrement libre de ses écarts et de ses continuités. Elle tend une