Page 58 - ROBINE-RELIURE

Version HTML de base

57
à une les remontées de son imagination. Elle ne craint pas de dire sur
un ton étonné et interrogatif : « C’est cela la reliure ! ». Oui, pourrait-on
lui répondre, à condition d’avoir su relever les défis et se plonger en soi-
même pour mieux voir les lumières de sa personnalité. Reprend la ronde
des reliures, elle pousse le regard vers l’excès qu’il découvre d’autant mieux
qu’il répond à son besoin. Fascination par les formes et les couleurs, les
matières et les épaisseurs. Voilà que le livre se prend à être debout, il est ce
volume sculpté qui s’expose à l’air, à moins qu’il ne soit disposé dans une
boîte de protection glissée dans la bibliothèque. Selon les cas, l’apparition
est immédiate ou différée, toujours elle engage à la lecture sensible, à la
perception du texte et de l’image. La reliure est une œuvre qui ne se sépare
pas de son prétexte, le livre. Elle est une saveur en elle-même, comme un
parfum qui se serait solidifié autour de son flacon. Elle est aux pourtours
du livre, elle ne rêve que d’en dévoiler le cœur.
Yves Peyré
Le lent incendie
, Marie-Laure Missir