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les collections aristophil
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YOURCENAR MARGUERITE (1903-1987)
Lettre autographe signée au peintre Élie GREKOFF
Petite Plaisance, Notheast Harbor, 25 mai 1982, 2 pages
grand in-8 à l’encre, enveloppe autographe
700 / 800 €
Belle et amicale lettre de Yourcenar évoquant son retour d’un voyage
en Europe avec Jerry Wilson, ainsi que la guerre des Malouines
qui fait rage, depuis le 2 avril 1982, entre l’Argentine et l’Angleterre.
« Je sais ce que c’est que de se trainer au bureau de poste avec
un paquet et de faire les formalités nécessaires – Quelle preuve
d’amitié ! Après un arrêt agréable dans le nord - au Mont-Noir, où
j’ai eu la grande joie d’ouvrir la petite réserve naturelle des Monts
de Flandre, qu’on a mise sous mon nom, nous sommes repartis
pour l’Angleterre, et de là au Etats-Unis sur ce qui semble être pour
longtemps le dernier Elizabeth II de temps de paix. Quelle guerre
dangereuse et imbécile ! Nous sommes allés passer une dizaine de
jours dans l’Arkansas, où Jerry tenait à me montrer la ferme de son
enfance et à me faire entendre les chants et les airs de guitare des
noirs sur les levées du Mississipi. En mai, la chaleur précise était déjà
écrasante. Ici, au contraire, il fait encore froid, mais toutes les fleurs
s’ouvrent au jardin et nous en ajoutons beaucoup d’autres. J’espère
que vos fermiers apprendront : on apprend si vite quand on y met
de la bonne volonté ! Toutes mes amitiés à Pierre et de Jerry pour
vous. Je vous embrasse. ».
En 1939, Yourcenar part pour les États-Unis rejoindre sa compagne
Grace Frick. Les deux femmes s’installent à partir de 1950 sur l’île
des Monts déserts (Mount Desert Island) à la frontière du Canada
dans une maison baptisée Petite-Plaisance. Yourcenar y passera le
reste de sa vie jusqu’à sa mort le 17 décembre 1987.
Élie Grekoff (1914-1985), maître cartonnier, réalisa les décors de la
pièce de théâtre de Yourcenar,
Electre ou la chute des masques
au
théâtre des Mathurins. Jerry Wilson entre dans la vie de Yourcenar
peu avant le décès de Grace Frick. Yourcenar s’en éprend et s’en fait
un compagnon de voyage. Elle revit auprès de ce nouveau compa-
gnon pensant avoir enfin trouvé « l’intelligent amour » qui n’implique
plus les sens.