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les collections aristophil

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ISMAËL DE LA SERNA (1897-1968)

Composition à la viole, 1935

Huile sur toile, signée en bas droite,

contresignée au dos et datée

60 x 73 cm

Composition with a Viola, 1935

Oil on canvas, signed in the lower right,

signed again on the back and dated signed

on the back and dated

60 x 73 cm (23,6 x 28,7 inches)

8 000 / 12 000 €

Bercé par l’enseignement traditionnel de la

composition, de la forme et de la couleur

à l’Académie des Beaux-Arts de Grenade,

Ismaël de la Serna découvre l’impression-

nisme français en 1917 et décide de s’éman-

ciper des codes.

Soucieux de prendre ses distances avec une

sphère artistique espagnole encore réticente

aux innovations picturales, de la Serna emmé-

nage à Paris en 1921, où son compatriote

Picasso est, depuis une décennie déjà, une

figure reconnue du mouvement cubiste.

Malgré une première exposition réussie à la

Gallery Flechtheim à Berlin, le peintre voit

la grande majorité de ses œuvres restées

en Allemagne détruites avec la montée du

régime nazi. Heureusement, c’est l’Europe

entière qui lui réserve un accueil chaleureux

et de la Serna expose, en 1928, à la Galerie

Zak à Paris ainsi qu’à la Galerie Le Centaure

à Bruxelles.

Si nombre de ses œuvres sont imprégnées

de l’influence de Picasso et de Braque, de

la Serna s’illustre par un cubisme qui lui est

propre; impressionné à la vue des toiles du

peintre grenadin, le maître catalan s’exclame

«Voici enfin un peintre, un vrai !» tandis que

Christian Zervos écrit que son incroyable

talent lui permet de dépeindre l’abstraction

du réel. Jouant de l’équilibre entre exubé-

rance et sobriété, l’artiste emprunte aussi à

Cézanne ou le Greco pour réconcilier les

extrêmes du figuratif et de l’abstrait.

En 1932, il revient finalement à son pays natal

où il expose sur l’ensemble du territoire. La

fin de la Seconde Guerre Mondiale lui offre

de rendre publique une partie secrète de son

travail, honorant la Résistance et dénonçant

les atrocités du combat.

Au cours des années 1940 et 1950, de la Serna

continue d’exposer en France, en Allemagne,

en Espagne et au Mexique, tout en perfec-

tionnant l’unité de son style, couplant un

profond désir d’expression et à un véritable

soin donné à la forme. En 1963, il participe

à l’exposition du Tate Gallery de Londres

consacrée aux peintres français et expose

à l’Hammer Galllery de New York.

En 1974, le Musée d’Art Moderne de la Ville

de Paris organise une rétrospective de son

œuvre, laquelle témoigne de l’infinie diversité

des sujets de la Serna. L’œuvre que nous

présentons, constitue une réinterprétation

très personnelle d’un thème typiquement

cubiste et illustre, quant à elle, la grande

technicité de son trait.

ISMAËL DE LA SERNA (1897-1968)

bibliographie :

Ismaël de LA SERNA, texte de Cesareo Rodri-

guez Aguilera, Éditions Cercle d’Art, Paris,

1977, reproduit p249 sous le n° 586

provenance :

Vente de la succession de La Serna, Maîtres

Morel et Morel, novembre 2002