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COMMODE DE FORME GALBÉE EN LAQUE
DE CHINE ET LAQUE EUROPÉENNE
à fond noir et décor polychrome de Fleurs, de chrysanthèmes
et d’échassiers à l’imitation de la Chine, dans des encadrement.
Elle ouvre à deux tiroirs sans traverse en façade, la ceinture
sinueuse, elle repose sur des pieds cambrés. Décoration
de bronzes ciselés et dorés tels que : poignées de tirage
ornées de fleurettes, chutes et sabots ajourés, encadrements.
Estampillée M. Criaerd Dessus de marbre brèche d’Alep
Époque Louis XV
(quelques soulèvements, restaurations)
H : 84 L:99 P:57 cm
Mathieu Criard, actif à Paris sous la Régence accède à la maîtrise en 1738 à
l’âge de 49 ans. Sa carrière semble prospère comme l’atteste sa dot et les
dons à ses deux fils, Antoine Mathieu et Sébastien Mathieu1 de 6.000 livres
en 1748 et 1761. Mais c’est vraisemblablement grâce à ses liens proches
avec le grand Marchand-Mercier Thomas -Joachim Hébert, fournisseur du
Garde-Meuble de la Couronne que son entreprise se développe.
Cette commode correspond à l’influence de l’exotisme et de la fantaisie
liés à la mode des “chinoiseries” en Europe dans la première moitié
du XVIIIème siècle. Apparu dès la fin du règne de Louis XIV à travers
les œuvres d’Antoine Watteau puis de François Boucher, un nouveau
répertoire décoratif se met en place relayé par les ornemanistes Nicolas
Pineau et Juste-Aurèle Meissonnier. Les marchands-merciers tel Lazare
Duvaux, diffusent ce goût en fournissant aux ébénistes des panneaux de
laque de Chine provenant le plus souvent de coffres ou de paravents. Il
n’est pas aisé pour les ébénistes du début du XVIIIème siècle, de plaquer
des panneaux rectilignes de laque de Chine ou du Japon sur le mobilier
européen aux formes galbées. C’est pourquoi, dans un premier temps,
les panneaux de laque ne couvrent que partiellement les tiroirs et les
cotés des meubles laissant apparaître une structure en bois de placage,
puis le décor en laque envahit de plus en plus la surface du meuble.
Devant le coût des laques, les européens tentent également de copier
les productions orientales par différentes techniques tel le vernis Martin
et Criard allie parfois les deux techniques: laque de Chine et laque
européenne sur le même meuble comme en atteste la commode que nous
présentons.2
1 -A. Pradère, Les Ébénistes Français de Louis XIV à la révolution “ 1989 p
223 – 225.
2 -Th. Wolvesperges, Le Meuble Français en laque au XVIIIe siècle, Paris
2000, l’Amateur Ed., Ed. Racine, p.78
12 000 / 18 000 €
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