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Parler d’Olivier Aaron, mon frère, qui nous a quitté l’année dernière est
une tâche facile et difficile.
Facile car Olivier avait une nature particulière, exceptionnelle. Il m’a
appris tant de choses, à regarder, à analyser, à comprendre...
Difficile car cela renvoi à un passé fait de plaisirs et de douleurs.
Son regard était universel : il connaissait l’architecture, aussi bien que la
peinture ou la mode.
Sa passion pour notre métier et pour la collection débuta très tôt. Il créa
avec deux amis un club d’amateurs de dessins : j’avais quatorze ans, il
en avait dix-sept.
Il se mit à acheter des dessins d’architectures et des décorations,
puis simultanément il établit le département tableaux dans la galerie
Didier Aaron avec une superbe exposition Hubert Robert. Sa passion
dévorante ne fit que s’amplifier, l’enfermant même dans un monde à
lui : collection de médailles, de porcelaines de Sèvres, de dessins, de
souvenirs historiques, de livres, passant sa vie à faire partager aux autres
cet appétit inouï.
Il écrivit deux livres, l’un fort touchant : se mettant en scène en expliquant
à son filleul sa collection de dessins du XVIIIème. L’autre qui fut primé :
le catalogue raisonné de Georges-Marie Pierre en collaboration avec
Nicolas Lesur.
Il était extraordinairement doué, avec une mémoire fabuleuse. Olivier
avait l’Œil.
Il me semble naturel et sain qu’aujourd’hui d’autres découvrent son
univers.
Hervé Aaron, le 3 septembre 2019




