Previous Page  252-253 / 308 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 252-253 / 308 Next Page
Page Background

933

PROUST, Marcel.

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

.

Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1920

.

Grand in-4 [326 x 220 mm] de 1 frontispice, 250 pp., (1) f. blanc ; 228 pp., (4) ff. de table et de

catalogue, 2 grands placards d’imprimerie (477 x 645 mm ; 497 x 645 mm), en feuilles, sous chemise

cartonnée noire à rabats, entièrement recouverte d’un décor de fleurs et feuilles stylisées peintes au

pochoir en bleu, parme, violet et blanc, étui en chagrin bordeaux, plats en plexiglas de Boichot.

Édition tirée à 50 exemplaires sur papier Bible, au format in-4 (n° I).

Publiée par souscription, elle est illustrée en frontispice d’un portrait de Proust par Jacques-Émile

Blanche, héliogravé et tiré sur papier vélin fort.

Publiée deux ans après l’édition originale, elle intègre d’importantes variantes. La plupart des fautes

y ont été corrigées et des modifications introduites. C’est la seule édition contemporaine d’ordre

véritablement bibliophilique : elle a paru en feuilles, sans couverture imprimée.

L’énigme d’une luxueuse édition hors commerce.

Voulue et conçue jusque dans le moindre détail par Proust lui-même pour être publiée dans un

format et sur un papier inusités, sous chemise illustrée au pochoir et enrichie de deux placards

d’épreuves, elle présente pour la première fois au lecteur, avec le portrait par Jacques-Émile Blanche,

l’effigie de l’écrivain. L’édition “truffée” contraste avec l’indifférence de Proust pour la bibliophilie

autant qu’avec sa réticence à dévoiler ses manuscrits au public, craignant “l’indiscrétion posthume”.

De fait, l’édition de luxe coûtait fort cher. Elle fut une opération commerciale lancée par l’auteur

lui-même avec Gaston Gallimard. Jean-Yves Tadié en a livré les ressorts : “Aux trois quarts ruîné par

ses cadeaux inconsidérés, des spéculations hasardeuses et la guerre, Proust a en effet toujours besoin

d’argent. Un tirage de cinquante exemplaires d’

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

, sur grand papier, avec

des placards d’épreuves corrigées par l’auteur y pourvoira” (

Lettres au duc de Valentinois

, 2016, préface

p. 10). À sa grande déconvenue, l’auteur eut du mal à écouler la totalité du tirage, certains de ses amis

fortunés n’ayant pas répondu à son attente.

L’exemplaire est complet des deux placards : le second est entièrement autographe.

Le premier, portant l’inscription du typographe “N° 21”, est constitué de 17 papillons ; il appartient

au type des placards mixtes, mélangeant des fragments imprimés et manuscrits : 8 papillons

autographes, 8 imprimés et un imprimé avec une correction autographe.

Il correspond à 9 pages de l’édition originale d’

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

(pp. 163-167 ; 176-179

haut ; 184) à la fin de la première partie et au début de la seconde partie,

Nom de pays : le pays

.

Le placard offre un passage clé de la

Recherche du temps perdu

: la fin de l’amour douloureux du narrateur

pour Gilberte et la séduction qu’exerce sur lui la mère de Gilberte, Odette.

Le second placard, titré par le typographe “Cahier violet N° 26”, est composé de 18 fragments

autographes. Il correspond à 4 pages de l’édition originale (pp. 412-415).

Il relate la partie de furet sur les falaises de Balbec. De beaux passages y sont consacrés aux mains

d’Albertine que le narrateur réussit à toucher furtivement lors de la partie de jeu.

Tirés d’un des cahiers manuscrits de Proust, la composition de ces fragments permet de “linéariser”

le texte des cahiers : “les fragments découpés des lignes principales sont suivis de ceux qui ont été

découpés des marges, la planche présentant ainsi une alternance de formats larges et étroits” (Wise).