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” (Picasso à Pierre Daix)

277

Paul ÉLUARD.

À toute épreuve

. Gravures sur bois de Joan Miró.

Genève, Gérald Cramer,

1958.

In-folio, en feuilles, sous couverture illustrée et emboîtage.

Première édition illustrée : tirage à 130 exemplaires sur papier vélin d’Arches.

Le numéro 1 des 6 exemplaires de tête.

Il est enrichi d’une suite des illustrations sur papier de Chine, une suite sur papier nacré du

Japon, la décomposition des couleurs d’une illustration, l’élément d’une illustration tiré en

noir rehaussé à la gouache par l’artiste et un bois gravé double page ayant servi à illustrer cet

ouvrage. Dans l’exemplaire, l’illustration tirée en noir et gouachée est une double page et le

bois gravé à double page est également entièrement gouaché.

Merveilleux livre illustré par Miró de 80 compositions gravées sur bois en noir et

en couleur : “One of the most original and beautiful books of the century” (Riva

Castleman).

Du projet à la fin de l’impression, il s’est écoulé onze années. (La gestation du livre a été un

temps interrompue par la mort de Paul Éluard le 18 novembre 1952.)

À toute épreuve

est un livre d’exception. Même si l’on peut lui préférer la rigueur de

Parler

seul,

il manifeste une telle liberté, tant d’inventions, sans aucun temps mort, c’est un tel plaisir

de le parcourir […] qu’on pardonne à Miró d’avoir donné à ces poèmes, dont certains sont

comparables par leur brièveté à des haïkus, une visibilité si différente de celle de l’édition

originale : nettement plus grande, tout en étant rendue presque trop discrète dans le

déploiement de formes et de signes que la gravure sur bois a favorisé” (Antoine Coron).

Miró écrivait à l’éditeur en décembre 1949 : “Nous allons faire un livre sensationnel et […]

vous pourrez vous vanter d’avoir édité un des plus beaux livres de l’époque” – ce qu’il est,

assurément.

Vingt ans plus tard, écrit encore Antoine Coron, Miró “attribuait à ce livre, dans son œuvre,

une importance « capitale », allant jusqu’à écrire à Cramer, le 17 octobre 1979 :

C’est avec toi

que j’ai commencé ma carrière d’illustrateur.

On joint 77 bons à tirer signés et annotés de Miró, dont la couverture : ils sont montés sur des

doubles feuillets formant une maquette de l’ouvrage.

Les bons à tirer sont datés du 10 mai 1951 au 26 juin 1956. Il manque un double feuillet à la

fin comprenant le titre et le début du poème

Amoureuses

avec trois gravures.

Les bons à tirer sont parfois accompagnés de notes de la main du peintre demandant des

modifications typographiques, s’interrogeant sur la qualité du papier pour les collages (“obtenir

plus de matière” ; “choisir qualité du papier” ; “mettre papier auvergne”) ou alertant sur la

qualité des couleurs : “étoile couleur plus lumineuse”, “les traits bleus sont un peu lourds”, etc.

Ensemble unique.

(Cramer,

Joan Miró,

les livres illustrés

, n° 49.- Coron,

De Goya à Max Ernst, Livres illustrés de

la bibliothèque R.M.,

nº 68.- Castleman,

A Century of Artists Books,

p. 101 : la bibliographe

souligne “the truly exuberant embellishments that dance on the pages of this perfectly

produced book.”)

150 000 / 200 000