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AUDIARD (Michel).
Le Chant du départ.
Sans lieu ni date
[vers
1985].
Manuscrit autographe et tapuscrit de 212 feuillets.
Le dernier roman de Michel Audiard, resté inédit.
Précieux ensemble réunissant manuscrits autographes et
dactylogrammes abondamment corrigés par l'auteur, ainsi
que les épreuves de la couverture.
Version primitive du dernier roman de Michel Audiard, resté inédit,
Le Chant du départ.
Son écriture, tenue en secret, accapara Michel Audiard durant
les mois qui précédèrent sa disparition : “Ses dernières forces,
les ultimes gouttes d’acide de son talent, il les consacra à une
histoire sombre qui, singulièrement, résonne comme son
chant du cygne” (Durant). Une dernière fois, Michel Audiard
fait tomber le masque du dialoguiste narquois pour jeter un
regard désabusé sur son parcours :
Toutes les générations n’ont pas l’aubaine de pouvoir invoquer
des motifs historiques à leur déconfiture. Nous autres, oui.
Car il s’en est passé ! Indéniable ! Les dates sont là ... 1939
et la suite ... La drôle de guerre, la moins drôle, l'exode, la
honte, plus de beurre ... puis d'autres guerres, plus de pétrole
... une branlée interminable. Qu’espère-t-on de pire ? On en
voit pourtant qui complotent encore, fourbissent leurs armes,
réclament Pondichéry, Mahé, Chandernagor. Pauvres gens.
Moi je tourne des films. Ca gagne bien et ça ne fait de mal à
personne.
Le Paris qui sert de décor est celui des grandes affaires
criminelles qui jalonnèrent la vie de l’auteur, avec, comme point
de départ, la récente disparition de l’ennemi public numéro 1,
Jacques Mesrine :
Si je fréquente et mélancolise toujours Rive Gauche, je griffonne
et rature à présent de l’autre côté des ponts, tout là-bas au
diable derrière l’Etoile, une contrée perdue, cosmopolite à faire
peur : le 16
ème
arrondissement. C’est à connaître !
(...)
Les gens
que l’on croise entre les ambassades louches et les studios aux
volets perpétuellement clos, n’ont leurs semblables nulle part
ailleurs.
(...)
Les ombres des assassins qui nous précèdent dans
les rues finissent par créer entre nous d’étranges rapports, une
connivence farceuse. Mais qu’y faire ? Déménager ? Pour aller
où ? Aucun quartier n’est vraiment sûr. Et puis, je crains m’être
habitué aux ombres d’ici, et, parmi elles, à celle du Docteur
Petiot
(...)
De même que l’on perçoit le ricanement de Landru
dès les premiers rosiers de Gambais, à l’orée de la rue Lesueur
je sens pointer entre mes omoplates le regard acéré du bon
Docteur que j’imagine penché à son balcon, en blouse blanche,
espiègle et raccoleur.
On joint un ensemble d’ébauches autographes et autres
documents ayant trait à l’ultime roman de Michel Audiard :
-
Ebauche primitive.
Dactylogramme avec ajouts et
corrections autographes. 5 pages autographes et 58 pages
dactylographiées ou photocopiées, chemise de papier vert.
Le dossier réunit des manuscrits, des dactylogrammes et
des photocopies de manuscrits, avec ajouts et corrections
autographes. Il s’agit d’une version primitive du début du roman.
-
Version plus aboutie du même récit
. 212 ff. dont 136
dactylographiés avec ajouts et corrections autographes,
42 ff. de photocopies avec ajouts et correction autographes,
7 ff. photocopiés et 27 ff. autographes.
Tapuscrit comportant de nombreux ajouts et corrections
manuscrits. Les noms de deux personnages ont été modifiés,
comme l’indique une note autographe en tête :
Véra Varlope
au lieu de Alexia Stuyvesant. Sévère au lieu de Maxence
. Une
citation de Henri Calet figure pour la première fois en exergue :
Ne me remuez pas, je suis plein de larmes.
-
Version définitive.
Dactylogramme 1 f. autographe, 189 ff.
dactylographiés avec corrections autographes.
Le feuillet autographe en tête indique deux changements de
nom :
Etiennette Communal au lieu de Véra Varloge. Olympe
au lieu d’Adrienne.
- Ensemble d’ébauches et notes autographes.
Sans date [ca.
1979-1981]. 81 feuillets de formats divers.
Réunion de notes disparates dont la plupart semblent se
rattacher au
Chant du départ
. Certains feuillets sont à l’en
tête de différents hôtels (George V, Hôtel de la Trémoille, Hôtel
Normandy à Deauville, Le Grand Hôtel d’Enghien les Bains).
“
Un jour je ne me souviendrai plus de rien. Ce sera Tant mieux.
J’ai la mémoire en horreur
. (...)
Je n’aime pas les quartiers
chics, je m’y sens engoncé. Mais, d’un autre côté, je me sens
‘parvenu’ dans les quartiers pauvres
.”
“Les dernières cartouches. La dernière cartouche. Le titre de
ce livre ne reflète en aucune manière son contenu. Simplement
en commençant d’écrire je venais de prendre la décision
d’arrêter de fumer, je descendais donc au bistrot-tabac le
plus proche où j’achetais une cartouche de gaulois filtre me
promettant bien que ce serait la dernière. Je ne tiens jamais
mes promesses”
.
-
Epreuves de la couverture du roman
. Paris, Denoël, sans
date. Impression en couleurs de la première de couverture :
27 x 20 cm.
Epreuves “avant correction de photogravure” (annotation
manuscrite de l’imprimeur).
A l’évidence, le dernier roman de Michel Audiard était prêt
pour la publication au moment de son décès. Le titre définitif
retenu ici semble inconnu aux biographes du cinéaste.
3 000 / 4 000
€




