310. ZOLA (Émile). T
HÉRèSE
R
AquIN
.
Paris, Librairie Internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1868
.
In-12, maroquin noir serti d’un filet doré et orné d’un encadrement d’un jeu de 6 filets dorés, janséniste,
doublure de maroquin aubergine, gardes de soie brochée, doubles gardes de papier marbré, tranches dorées,
non rogné, couverture, étui (
Marius Michel
).
2 000 / 3 000 €
Édition originale, dont il n’a pas été tiré de grand papier.
E
NVOI AuTOGRAPHE DE
Z
OLA
:
A mon confrère Jules Claretie. Emile Zola.
Jules Claretie (1840-1913) était membre de l’Académie française et occupa le poste d’administrateur de la Comédie-
Française.
Parfaite reliure doublée de Marius Michel.
311. ZOLA (Émile). Lettre autographe à Gustave Flaubert, signée
Émile Zola,
datée
Médan, 30 novembre
[18]
78
,
4 pages sur un bifeuillet in-8 (210 x 136 mm) à l’encre noire sur papier vergé, sous chemise demi-maroquin
noir moderne.
3 000 / 4 000 €
L
ETTRE TRèS AMICALE À
F
LAuBERT DANS LAquELLE IL EST quESTION DE
N
ANA
ET DE
L’A
SSOMMOIR
Cette lettre date des débuts de la période naturaliste, à une époque où Zola et ses jeunes amis écrivains, encore débutants,
voyaient en Flaubert leur « Maître » à tous.
Zola et Flaubert s’étaient rencontrer en 1871.
Zola, qui vient d’avoir des nouvelles de Flaubert par leur ami Maupassant, a su
que le travail allait bien, mais que les
affaires marchaient mal
. L’éditeur Charpentier ne donnant pas suite à une proposition de Flaubert (une édition de luxe de
Saint Julien l’Hospitalier)
, Zola met en garde son ami :
Charpentier est un lâcheur. Il faut le mettre au pied du mur, pour
en obtenir une réponse nette. Vous avez eu tort de ne pas exiger tout de suite de lui un engagement formel
. Il essaiera aussi
de trouver un journal pour publier la
féerie
de Flaubert (
Le Château des cœurs
).
Puis il évoque son travail, la rédaction de
Nana
(qui paraîtra en 1880) :
Nana marche bien, mais lentement. Je n’ai que
trois chapitres et demi sur seize. La grande difficulté, c’est que ce diable de livre procède continuellement par vastes
scènes, par tableaux où se meuvent vingt à trente personnages
[...],
et il me faut conduire tout ce monde, les faire agir et
parler en masse, sans cesser d’être clair, ce qui est souvent une sacrée besogne. Enfin, je ne suis pas mécontent. Je crois
que c’est très raide et très bonhomme à la fois. Mon ambition est de montrer la popote des putains, tranquillement,
paternellement. Mais je ne serai pas prêt avant un an.
À propos du théâtre et de la représentation de
L’Assommoir
(qui aura lieu en janvier 1879) :
Quant au drame de
l’Assommoir, je ne crois pas qu’il passe avant le milieu de janvier. Nous n’avons pu encore trouver une Gervaise; on finira
par prendre la première femme venue. Les autres rôles sont distribués assez mal
. Il veut se
désintéresser le plus possible
de l’aventure.
Mais il s’avoue
très tourmenté par l’idée de faire du théâtre. Je viens de lire Augier, Dumas, Labiche, et
vraiment il y a une bien belle place à prendre à côté d’eux, pour ne pas dire au-dessus d’eux
.
Il a appris que Goncourt
travaillait ferme à son roman des deux clowns
(
Les Frères Zemganno
, 1879).
Quant à Daudet, il
serait souffrant et triste
. Il lui souhaite
bonne chance et bon travail
et l’exhorte :
Faites de beaux livres, cela vous
consolera, si vous avez du chagrin. Quand le travail marche, tout marche. Et vous n’en êtes pas moins un bien grand
écrivain, notre père à tous, même si on vous embête.
Bibliothèque du Colonel Daniel Sickles (I, 20-21 avril 1989, n° 243).
Correspondance
, éd. sous la dir. de B.H. Bakker, Presses de l’université de Montréal et Centre national de la Recherche
scientifique, t. III, p. 278.
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