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MARTIN DU GARD Roger (1881-1958) Ecrivain français, prix Nobel de Littérature en 1937

9 lettres et 3 cartes autographes signées, 16 pages in-8 ou in-12 ; années 1928 à 1956. Quelques enveloppes. Pièces jointes.

Beaux textes littéraires.

En 1928, Roger Martin du Gard informe Green que ses Thibault vont être publiés en Allemagne, traduits par une jeune femme remarquablement douée dont la plus grande ambition est de pouvoir traduire Le Voyageur . « … Quoiqu’ il advienne de ce projet… j’aurai été content de faire quelque chose pour celle de vos œuvres que je préf ère encore à toutes les autres… ». Quatre ans plus tard, après la lecture d’ Epaves : « … vous avez écrit là un terrible bouquin : le drame hideux de l’oisiveté riche… Vous lisant, je me suis parfois demandé combien de temps encore ce genre de souffrances seront compréhensibles ; et ce que sera ce livre pour les générations à venir… Je crois que pour bien toucher les fonds et bas-fonds de ce livre, il faut connaître votre visage… ». « … Ces sortes d’ écrits valent ce que vaut l’ homme – écrit-il en 1946 à propos du Journal III Le ton si simple, si probe, des premiers tomes, m’avaient conquis d’emblée. Sans doute ne sont-ils que des extraits, des fragments expurgés. Combien je regrette que mon âge ne m’autorise pas à espérer de pouvoir lire un jour le Journal au complet… ». Et en 1950, à propos de Moïra : « … Bravo ! J’achève ce soir les deux fragments… Si le reste est de la même veine, si tout a ce poids, cette épaisse saveur, cette force d’ évocation, vous aurez écrit le meilleur de vos meilleurs livres ! ... ». L’année suivante, écrivant de Berlin, c’est du Journal V dont il s’agit : « … Il me semble avoir passé ces soirées au coin du feu auprès de vous… Certes, nous sommes ‘ diablement’ éloignés l’un de l’autre ! Mais, en ce qui me concerne, la sympathie réduit tellement la distance que j’oublie presque, en vous lisant, les … immensités qui nous séparent, pour savourer sans réserve tout ce qui nous rapproche… ». A propos de Sud , en mars 1953 : « … je n’ai rencontré personne qui ait vu votre pièce, et j’ai résisté jusqu’ ici à la tentation de la lire par fragments dans la revue. C’est vous dire que je suis aussi peu renseigné que possible. Néanmoins, d’après les échos cueillis ici et là, j’ai bien le sentiment… que vous êtes dans la fosse aux lions… En attendant que vous en sortiez indemne – et grandi – je pense souvent à vous… ». Des ennuis de santé ayant contraint RMG à un long repos en février 1956, il se plaint d’être « … fatigué, submergé… Mais il faut que vous sachiez la joyeuse émotion que je dois à votre lettre… Elle est là, sur ma table ; je l’ai relue bien des fois, je ne me décide pas à la ranger. Vous vouliez évidemment me faire plaisir ? Vous y avez réussi au-delà de toute mesure ! ... ». La dernière lettre de RMG, hospitalisé, à Green est consacrée au Malfaiteur « … livre envoûtant, ensorcelant, et dont la hantise se prolonge longtemps après la lecture, comme celle d’un voyage qu’on viendrait de faire dans un pays, dans un monde inconnu et inoubliable. Le confrère romancier ne peut s’empêcher de se demander à chaque instant ‘comment diable est-ce fait ? ’, ‘comment parvient-il à donner, avec une telle aisance, une telle existence individuelle à chacun de ses personnages ? Vos sortilèges restent très mystérieux, personnels, inimitables ! ... ».

On joint 3 minutes de lettres de Green à RMG, une tapuscrite et deux autographes, ces derniers concernant Moïra : « … j’ai vraiment voulu vider mon sac, car par les temps qui courent c’est peut-être la dernière occasion qui me sera donnée de dire tout ce que j’ai à dire sur ce qui me tient à cœur… J’ai confiance en votre jugement… Vous avez sûrement remarqué que le personnage de Moïra apparaît si tard que je ne pouvais retarder encore son entrée en scène… mais elle m’ était si violemment antipathique que j’ai pris un plaisir tout particulier à l’ étouffer par les mains de Joseph. Croyez bien… qu’ il ne la tue pas seulement pour des raisons métaphysiques… C’est la violence de son conformisme qui le dirige vers Moïra alors que sa vraie nature le porterait ailleurs… Il la tue parce qu’ il la déteste et il la déteste parce qu’elle n’est pas l’autre. Peut-être une telle confusion n’est-elle possible qu’en Amérique où les hommes gardent parfois une sorte d’ innocence qui ferait rire aux éclats un petit Européen de 16 ans. Ici on a très bien deviné que la bataille au bord de l’ étang était tout bonnement une scène d’amour… », etc.

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