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meme sur le point de manquer leur effet par un bon mot qui venoit couper subitement l’impression reçue, vous arreter, et
repousser l’ame en sens contraire. L’on ne demandoit pas mieux que de suivre ; le bon mot entendu, on ne scavoit plus que
devenir. On etoit dérouté. On ne pouvoit plus ni pleurer ni rire […] Le poete qui se proposera d’etre pathetique et plaisant à
la fois, ressemblera à un auteur qui auroit composé
Phèdre
,
Alzire
ou
Iphigenie
et qui se feroit accompagner d’un bouffon qui
tourneroit en ridicule toute la piece à mesure qu’il la liroit. Bientôt l’on prendroit le boufon en deplaisance, quelque sublime
qu’il fut dans son genre, et on le prieroit civilement de sortir ou de se taire. Rien de beau qui ne soit un. N’introduisons point
les satyres lascifs et libertins dans les grottes secrettes de Diane et de ses chastes nimphes, et ne les faisons point danser
autour des autels de Vesta »…
81.
Jean-Baptiste DROUET
(1763-1824) maître de poste à Sainte-Menehould, il fit arrêter Louis XVI à Varennes ;
conventionnel (Marne). L.S., 2 pluviose VII (21 janvier 1799), au citoyen Barras, membre du Directoire exécutif ;
2 pages in-4, adresse, marque postale
Conseil des Cinq-Cens
.
400/500
Il appuie la demande d’une place d’inspecteur des relais de postes pour le citoyen Guillaume. « Ce citoyen est celui qui
a contribué le plus efficacement par son courage et son dévouement patriotique avec moi à l’arrestation du ci-devant roi à
Varennes. L’assemblée constituante a rendu un decret en sa faveur en vertu duquel il fut nommé officier de dragons et par
suite il fut nommé commissaire des dépôts g
aux
de cavalerie & dragons près l’armée des Pyrennées Occidentales. Cette armée
ayant été supprimée par la paix d’Espagne, il se trouve depuis ce tems sans employ et à peu près sans ressource chargé d’une
nombreuse famille »…
82.
Alexandre DUMAS fils
(1824-1895) auteur dramatique. L.A.S., [1864] ; 2 pages et demie in-4.
200/250
Sur son prochain mariage avec Nadine Narischkine (31 décembre 1864). « Naissance, éducation, intelligence, et ce qui
vaut mieux que tout cela, bonté, voilà ce que j’épouse. La personne est riche, et veuve ce qui lui permet de servir de mère à
ma fille et ce qui me donne à moi, de son premier mariage une fille charmante grande déjà et que j’aime comme si elle était la
mienne [Henriette, née en 1860, était en fait la fille de Dumas, qu’il reconnaîtra]. Tout cela aime d’avance les gens qui m’aiment.
Tout cela vous connaît donc depuis longtems, et vous apprécie et vous aime. Le nom que Madame Dumas porte encore est
de Narischkine c’est-à-dire le nom de la mère de Pierre le Grand. Elle jette bravement dans la destinée d’un poète sa parenté
avec les empereurs de Russie »… On joint une petite L.A.S. pour une soirée avec « les cheveux blonds de Mad
lle
Nilson »…
83.
Claire de Kersaint, duchesse de DURAS
(1778-1828) femme de lettres. L.A.S., au comte Louis de Fontanes ;
2 pages in-8.
300/400
Elle le prie de lui donner sa soirée de demain : « Je n’aurai personne que M
me
Svetchine cette dame russe dont vous avez
fait la conquête, elle meurt d’envie d’entendre
les Six tilleuls
, je n’ose pas les demander, vous m’avez si mal traitée tout l’hyver
que je ne me crois plus aucun droit. Mais pensez pourtant que c’est une vieille dette que vous acquitterai là, et que ce n’est
pas un grand engagement pour l’avenir que d’accorder aux gens ce qu’ils sollicitent depuis deux ou trois ans, et ce qu’on leur
a promis cent fois »…
84.
Émile DURKHEIM
(1858-1917) sociologue. L.A.S.,
Paris
21 septembre 1905, [à Paul Gsell] ; 4 pages in-8 à en-tête
de
L’Année sociologique
(qqs biffures pour impression).
600/800
Réponse à une enquête sur la morale destinée à
La Revue
(1
er
décembre 1905). « Ceux qui, comme moi, voient tout
simplement dans la morale la partie vitale de la discipline collective, se refusent naturellement à admettre qu’elle ne puisse
être enseignée qu’à l’aide de je ne sais quels procédés mystiques : œuvre humaine, faite par les hommes et pour les hommes,
on ne voit pas comment ni par où elle pourrait être soustraite au jugement de la raison »… Mais œuvre humaine ne signifie
pas construite par l’entendement pur : « Toutes ces constructions dialectiques, dans lesquelles se complaisent d’ordinaire les
moralistes, ne sont, à mon sens, que des jeux de logicien dont j’ai montré ailleurs la vanité. La morale n’est pas une géométrie
[…]. Elle est d’une bien autre complexité. Elle est de l’ordre de la vie, non de l’ordre de la spéculation. C’est un ensemble de
règles de conduite, de pratiques impératives qui se sont constituées historiquement sous l’influence de nécessités sociales
déterminées »… Il faut chercher par l’analyse historique et statistique les causes des préceptes moraux ; il faut une science et
non « de vagues synthèses », et une connaissance des conditions de la vie sociale qui déterminent la morale… Cela n’est pas
incompatible avec les exigences d’un enseignement populaire et dès aujourd’hui, comme le démontrent un certain nombre
d’anciens élèves, cela suffit à l’enseignement élémentaire « où il s’agit uniquement de faire comprendre, en gros, aux enfants
pourquoi ils doivent être attachés à leurs familles, à leur patrie, à l’humanité »… Etc.
Reproduction page ci-contre
85.
ÉLISABETH DE BELGIQUE
(1876-1965) Reine des Belges, épouse d’Albert I
er
. L.A.S., Laeken 21 juin 1925,
au Président Édouard Herriot ; 2 pages et demie in-4 à son chiffre couronné.
200/300
« Vous avez été si aimable de m’envoyer de superbes soies de votre ville de Lyon. L’empressement avec lequel vous avez
donné suite à votre offre si gracieuse faite à l’occasion de votre belle réception au Palais Bourbon, me touche vivement. Je
serai ravie de m’envelopper du ravissant tissus blanc et argent et je mettrai la somptueuse et chatoyante soie blanc et or pour
le prochain bal de Cour »…