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180.
Léonie LÉON
(1838-1906) maîtresse de Léon Gambetta. 2 L.A.S., 1885-1908, à Arthur Ranc, et manuscrits
dictés de mémoires ; 2 pages et demie in-8 à son chiffre (deuil, effrang. à la 1
ère
lettre), et 38 pages in-4 ou in-8.
1.000/1.200
3 juin 1885 
: « Celui qui m’a aimée recevait de mes mains chaque jour quand j’avais le bonheur de l’avoir à Ville d’Avray
ce plateau que Madame Floquet vous remettra. Merci de l’aide que vous m’avez fait parvenir par M
me
Jeanne Scheurer-
Kestner »…
5 juillet 1908 
: « Mme Juliette Adam m’a tant fait pleurer en répandant le bruit que j’ai tué Celui qui m’a aimée que
mes yeux meurtris ne peuvent plus lire les journaux mais je sais par Madame Charles Floquet que vous allez épouser un
professeur du lycée Fénelon et je lui offre le dernier cadeau reçu en 1881 de votre grand ami »…
Fragments dictés de mémoires qui semblent inédits, consacrés à son enfance et à sa passion partagée avec Gambetta,
« M
r
G ». « Dès 1869 un courant magnétique s’était établi entre M et moi et quelques regards échangés à la Chambre avaient
dès lors décidé de nos cœurs. Follement éprise de sa beauté, de son talent, de sa passion patriotique, je sentais à n’en
pouvoir douter qu’un amour aussi ardent que celui qui me possédait le toucherait un jour »… Elle parle d’elle, de son père,
raconte son enfance malheureuse, puis son admiration pour l’avocat et l’orateur à la Chambre, leurs échanges de regards,
leur première rencontre… « Cette heure suprême de la réunion était enfin venue […] J’étais la femme idéale entrevue dans
des rêves de bonheur, je correspondais à toutes ses aspirations, même patriotisme, même goûts poétiques et littéraires, […]
enfin une entente parfaite, deux intelligences qui se confondaient pour ne plus faire qu’une âme ! »… Elle livre des souvenirs
sur Gambetta, sur la vie à Ville d’Avray, leurs voyages, rapporte des propos de Gambetta… « Pour avoir poussé à l’extrême la
délicatesse, le désintéressement, je suis réduite aujourd’hui au sort du lépreux de la vallée d’Aoste. Que le monde est ignoble.
Et si intrigante égoïste rapace je m’étais mariée, même en extremis ou fait faire un testament en ma faveur j’aurais eu une
cour nombreuse célébrant mon malheur avec ma richesse […] en vérité j’ai eu grand tort à tous les points de vue de ne pas
accepter et même de ne pas exiger alors qu’il ne le voulait pas encore un mariage qui eût eu sur sa destinée une influence
des plus heureuses »…
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