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209.
Jean-François MARMONTEL
(1723-1799) écrivain. L.A.S., 29 mars 1787, à « Monsieur L.C.C.D.L.B. », à Paris ; demi-
page in-4, adresse, cachet cire rouge brisé.
400/500
Lettre de conseils à un jeune auteur. « Si vous etes jeune Monsieur, ne vous pressez pas d’écrire. Lisez beaucoup,
etudiez les modeles du genre dans lequel vous avez envie de travailler. Penetrez vous de leurs beautés. Attendez qu’il se
presente à votre pensée un sujet heureux et fecond, et lorsque vous en serez bien plein, commencez par en tracer le plan, et
si vous m’honnorez encore de votre confiance communiquez le moi avant de faire un vers »…
210.
Henri MARTIN
(1860-1943) peintre. 3 L.A.S., 1909-1910, [à Édouard Herriot, maire de Lyon] ; 4 pages in-8 chaque.
400/500
Décembre 1909 
: Viviani lui a appris « la décision de la commission d’acquérir une toile importante de moi pour son musée.
Il m’a dit aussi votre intention de venir à mon atelier ». À son retour d’un séjour à Venise et dans le Midi, « je vous montrerais
la besogne que j’ai rapportée et aussi les projets de toiles plus importantes »…
Février 1910 
: « M
r
Fenaille a dû vous annoncer
la surprise qu’il a voulu vous faire en vous adressant, pour ajouter au
Village de Labastide
, et à la
Tête de fillette
le
Pont sur le
Vert
que vous aviez aimé dans mon atelier »…
[Mars 1910]
. Sa grande toile inondée n’a pas été trop abîmée : « Depuis quelques
jours je l’ai reprise et c’est encore la très grande joie de l’effort, sans trop d’inquiétudes – hélas elles viendront assez tôt. J’ai
revu M
r
Fenaille il désire que je lui fasse un carton pour une tapisserie, c’est un rêve que je caressais depuis longtemps »…
211.
Guy de MAUPASSANT
(1850-1893) écrivain. L.A.S., Chalet des Alpes, Antibes [fin 1886, à l’éditeur Paul
Ollendorff] ; 2 pages in-8 à son chiffre et l’en-tête
Yacht Bel-Ami
.
1.000/1.200
« Je pourrai vous donner un volume de nouvelles vers le mois d’avril, pour paraître au 15 mai. Mais… je ne vous le lâcherai
pas à moins de 0
f
75 par exemplaire. Lemerre a, de son propre mouvement, donné ce prix à Bourget. – Sans cela je préfère les
conditions Havard à qui je donnerais ce volume 0
f
40
c
pour les 3 premiers mille et 1
f
pour les suivants. Vous seriez bien gentil
de me répondre un mot à ce sujet. Nous causerons de la question Roman lors de mon retour, en janvier »… Il prie de lui faire
envoyer l’argent dû sur
Monsieur Parent
 : « je fais de grosses dépenses sur un petit yacht que je viens d’acheter et la moindre
monnaie est fort bien reçue en ce moment »…
Reproduction page ci-contre
212.
Guy de MAUPASSANT
. L.A.S.,
10 rue de Montchanin
, à une dame ; 1 page et demie in-8 à son chiffre et son
adresse.
700/800
« Je suis revenu hier seulement et je vais repartir jeudi pour tout l’été, aussi me sera-t-il très difficile de recevoir madame
Caule. Je pourrai cependant l’attendre chez moi mardi, entre deux et trois heures, si elle veut. Mais je crains bien de ne
pouvoir lui être bon à rien. Elle m’a parlé d’un manuscrit que je ne pourrais lire, car une maladie des yeux dont je souffre
depuis quatre ans m’interdit toute lecture et me laisse à peine la possibilité d’écrire quelques lettres »…
213.
Giuseppe MAZZINI
(1805-1872) patriote et révolutionnaire italien. L.A.S. « Joseph », [Lausanne] 30 novembre
[1849], à George Sand ; 2 pages et demie in-8, adresse.
1.000/1.500
Belle et longue lettre sur la situation politique et sur son portrait.
Il commence par la féliciter chaleureusement sur
François le Champi
[créé à l’Odéon le 23 novembre] : «ce doit être une
bonne œuvre. Acceptez donc un serrement de main de votre ami, et puisse votre succès vous encourager au travail ! Puisqu’on
vous comprend, le travail, aujourd’hui même, n’est pas inutile »… Il n’a pu lire l’article de Sand
Aux modérés
. Il approuve le
projet d’un
Journal du Progrès
, dont Louis Blanc ou Ledru-Rollin a dû l’informer : « en ralliant sous ce drapeau quelques
noms connus de tous les pays, on donnerait une sorte de gage d’union, d’activité commune fort petite hélas ! en réalité, mais
significative aux yeux de ceux qui ne nous voient pas de près. Or, bien souvent, l’opinion qu’un fait exige, engendre le fait ».
Puis il aborde le sujet de son portrait, sur lequel il refuse de porter un jugement, puisqu’il s’agit justement de
son
portrait :
« Mad
e
Hawkes m’aime beaucoup ; elle a fait ce portrait par affection ; elle a dans sa maison un peintre, Frank Stone, qui fait
rage à Londres, ce qui ne prouve rien, mais ce qui contribue à maintenir l’artiste dans son erreur, si erreur il y a : – elle a eu
le suffrage de Delaroche – elle a donné les 2000 fr. à Calamatta – elle en a dépensé je ne sais combien, avec le graveur
anglais – elle a envoyé un certain nombre d’exemplaires à ma mère pour qu’elle les vende au profit de l’émigration romaine, –
elle en fait de même ailleurs – elle se comporte envers moi avec toute la délicatesse d’une affection pure et dévouée, envers
nous tous avec toute la noblesse d’une femme qui adore notre idéal. Et moi, incapable de savoir par moi-même ce qui en est,
moi qui ne peux regarder un portrait de moi sans avoir envie de me moquer de moi, irais-je dire à cette femme : vous m’avez
mal peint : Calamatta a raison de changer, de modifier votre œuvre ; et vous avez tort ? »… Il demande l’arbitrage de Sand, et
essaiera d’arranger l’affaire…
Il termine sur la situation en Italie : « Nos affaires marchent bien en Piémont : la dissolution de la Chambre et ce qui se
prépare ramène à nous, à la vérité, grand nombre d’intelligences trompées En France aussi, la position me paraît s’améliorer.
Mais la désorganisation, et l’anarchie des chefs, devient du scandale. Le mal que fait cette formule sèche et aride qu’on
appelle Proudhon est immense. J’ai lu son livre [
Les Confessions d’un révolutionnaire
] : c’est un mauvais livre, selon moi, et
une mauvaise action. Il y a du Méphistophélès en cet homme ; et de la cuisine de la sorcière en son œuvre »…
Reproduction page ci-contre