ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 9

Il nous a paru intéressant, dans la mesure du possible, de préciser dans ce catalogue la
provenance des documents, qu’ils viennent des grandes collections ci-dessus citées ou de bien
d’autres, comme la prestigieuse collection anglaise d’Alfred Morrison, ou qu’ils aient été acquis
chez les marchands spécialisés.
Il faut enfin saluer la féministe Marguerite Durand (1864-1936), fondatrice du journal
La Fronde
, qui fit don à la Ville de Paris de ses importantes collections sur l’histoire des femmes,
notamment d’autographes, maintenant conservées dans la bibliothèque qui porte son nom.
Le présent catalogue retrace, à travers lettres, documents et manuscrits, de 1376 à 1984, six
siècles de l’histoire des femmes, leur rôle dans l’Histoire ou dans l’activité créatrice, mais aussi dans
leur vie intime, confiée au fragile papier qui a conservé leurs confidences. Si le domaine français a
été privilégié, on trouvera cependant bien des Européennes, voire quelques Américaines.
Une grande diversité mêle ici têtes couronnées et princesses aux militantes révolutionnaires,
des religieuses aux courtisanes et actrices, des saintes aux aventurières et criminelles (la Brinvilliers,
Sophie Dawes, Marthe Hanau) ; la littérature et tous les arts sont représentés, sans compter les
sciences, le music-hall, le cinéma ou les sports… Femmes célèbres pour la plupart, certaines parfois
oubliées, mais aussi des inconnues, comme la jeune Henriette Blancheur, qui relate dans son journal
les événements de la chute de l’Empire, de la Restauration et des Cent Jours à Nancy, ou la jeune
étudiante Germaine Marron, amoureuse de Jean-Paul Sartre (1927-1929). Quelques « intrus »
apparaissent ici, soit comme « maris de »…, certains écrivant sur la même lettre que leur femme (le
duc de Montausier avec sa chère Julie d’Angennes, Napoléon corrigeant Joséphine, Adèle et Victor
Hugo à leur fils) ou sous la dictée de leur amie (d’Alembert pour Julie de Lespinasse), soit parce
qu’ils apportent un éclairage à d’autres lettres (le cardinal d’Amboise à Anne de Bretagne, Nublé sur
Lauzun et la Grande Mademoiselle…), ou qu’ils parlent des femmes (Victor Hugo, Léon Daudet,
André Maurois)… sans oublier un fameux travesti en la personne de la « chevalière » d’Éon !
À un classement alphabétique, par séries, ou strictement par dates (avec bien des lettres
non datées), nous avons préféré, dans un déroulement chronologique, organiser ces documents en
36 chapitres, qui permettent d’allier des affinités et de former, au sein d’un défilé historique, des
ensembles cohérents, en particulier ceux sur les Précieuses, les nièces de Mazarin, Madame de
Sévigné, Madame de Maintenon, la famille et les maîtresses de Louis XV, les salons et l’Europe des
Lumières, Madame de Staël, la famille d’Orléans (chère à Camille de Flers), Juliette Drouet et Victor
Hugo, ou George Sand… De copieux index permettent de se retrouver aisément dans cette grande
masse de documents.
Des chartes de la Reine Blanche de Navarre à l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981
saluée par Gisèle Halimi, on peut feuilleter bien des pages de l’Histoire où les femmes jouèrent
souvent un rôle de premier plan. Citons ici quelques documents historiques d’importance : la lettre
de Sainte Jeanne de France prenant la défense de son mari, le futur Louis XII, emprisonné (1487) ;
la procuration donnée par Éléonore d’Autriche, Reine de Portugal, pour négocier son mariage avec
François I
er
, alors prisonnier de Charles Quint (1525) ; Catherine d’Aragon intercédant auprès du Pape
pour qu’il empêche Henry VIII de divorcer (1529) ; Marie Stuart pleurant l’assassinat de son oncle
François de Guise (1563) ; la Reine de Navarre Jeanne d’Albret dénonçant à Catherine de Médicis les
intrigues de Blaise de Monluc contre son fils, le futur Henri IV (1568) ; Anne d’Autriche pressant
Richelieu de conclure la paix avec l’Espagne (1629) ; Christine de Suède en faveur d’une paix
générale entre les pays du Nord (1652) ; les deux lettres secrètes de Catherine II qui vient d’accéder
au trône de Russie, expliquant sa politique à son ancien amant Stanislas Poniatowski (1762) ; les
lettres de Théroigne de Méricourt ou de Madame Roland sous la Révolution ; l’Impératrice Eugénie
sur la capitulation de Metz (1870) ; Louise Michel maudissant les vainqueurs de la Commune
(1878)… N’oublions pas non plus les grandes favorites : Anne de Pisseleu en résidence forcée après
la mort de François I
er
(1548), Diane de Poitiers s’inquiétant de la santé des enfants royaux (1551),
la Montespan intriguant pour la libération de Lauzun (1682), la Pompadour détaillant ses châteaux
(1749), la Du Barry et les « ouvrages de peinture » qu’elle a commandés au peintre François Drouais
de 1768 à 1774…
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