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aussi d’honnêtes femmes de Genève, Nîmes, etc. ; « les jeunes hommes de ce païs sont tous des benets que la debauche a énervé
qui n’aiment point faire la cour à des dem. honnetes mais qui preferent satisfaire leurs criminels desirs en voyant des filles »…
Il voit le port depuis sa chambre, peuplé d’« Arabes turcs algeriens juifs negres holland
s
angl. », etc. « Il y a maintenant des troubles.
Aboudabab gouverneur d’Egypte est entré en Sirie a pris Japhe (ancienne Joppe) a passé tous les habitans au fil de l’épée. Acre
ville voisine effrayée de ce traitement a ouvert ses ports nous esperons que nos affaires n’auront pas souffert. Je m’en vais faire
l’habile négotiant »… Il espère lui envoyer quelques graines de fruits, peut-être une « basteque qui ressemble extr
t
à la courge »,
des papillons pour sa collection, une cigale « grosse comme un gros cerf volant » et d’autres curiosités qu’il aura par la maison de
Syrie… Et de terminer par les affaires de galanterie : il a écrit à Gotton « mille extravagances » ; le climat local « porte les deux sexes
à se joindre […]. Les marins augmentent extrem
t
la debauche et les femmes qui font ce metier, j’ai grandi maigri noirci. J’ai tout
le visage abimé de boutons produit par la chaleur et non par la debauche »…
8 octobre
. Il séjourne à la campagne où il chasse tous
les matins sur des montagnes voisines ; aujourd’hui dimanche 12 personnes sont venues dîner dont de jolies demoiselles et une
« beauté divine […] de ces figures à faire entreprendre le tour du monde à son service par un homme qui a un cœur mais mon cher
je m’egare […]. Je n’en suis pas du tout amoureux mais j’ai du plaisir à voir une jolie et tendre fillette »…
54.
Henri-Adrien Prévost de LONGPÉRIER
(1816-1882) numismate et archéologue. 3 L.A.S., 1864-1865, [à Alexandre
G
RASSI
] ; 11 pages in-8, un en-tête
Ministère de la Maison de l’Empereur. Direction générale des Musées impériaux
.
150/200
14 février 1864
. Il remercie le jeune archéologue corse pour le numéro de
L’Avenir de la Corse
et le fragment de vase antique
de terre rouge, dont il transcrit et commente l’inscription à la pointe ; observations sur le nom Maria, dans l’Antiquité, et sur
l’inscription d’Auguste et de son petit-fils Caius César…
22 mars 1864
. Ayant exprimé quelques réserves sur son explication
« ingénieuse » du nom du potier du fragment, il l’entretient de l’expédition archéologique au Mexique, auquel Grassi souhaite
se joindre : il faut faire valoir « une spécialité bien déterminée » auprès du ministre, et il parlera de lui : « J’aurai le concours de
M
r
Mérimée »…
25 juin 1865
. Encouragements pour les recherches numismatiques de Grassi en Corse. Il se félicite de n’avoir pas
réussi à le faire envoyer au Mexique, où les recherches des archéologues sont entravées par les gouverneurs de province : « le plus
clair de notre expédition scientifique sera la publication des riches et excellents documents que M
r
Aubin avait recueillis, il y a
vingt ans »…
O
N
JOINT
une L.A.S. du baron Henri A
UCAPITAINE
à Grassi, Aléria 3 février, avec transcription d’une inscription sur deux
fragments de marbre.
55.
Henri MATISSE
(1869-1954). L.A.S., Vence novembre 1943, [à Henry de M
ONTHERLANT
] ; 2 pages in-8.
1.000/1.200
P
RÉPARATION DE
P
ASIPHAÉ
. C
HANT DE
M
INOS
. (L
ES
C
RÉTOIS
)
DE
M
ONTHERLANT
,
AVEC GRAVURES ORIGINALES
PAR
M
ATISSE
(M. Fabiani,
1944).
« Cher ami, Les épreuves que je vous ai envoyées vous intéressent, j’en suis flatté. J’apprends que, comme elles doivent faire
partie d’un futur album de mes études sur
P
. & le
Ch. de M
., même dans le tirage imparfait de
l’Éclaireur de Nice
elles ne pourront
exister quand l’album en question paraîtra. Ça ne sera pas avant un an. Alors je vous les remplacerai. Vous les trouverez dans
l’ensemble que je vous prierai d’accepter. Content d’apprendre que votre pied est guéri, vous allez pouvoir déployer vos ailes ».
Il espère le voir en janvier…
Reproduction page 29
56.
Henri MATISSE
. L.A.S., Vence 9 août 1944, [à Henry de M
ONTHERLANT
] ; 3 pages et quart in-8.
4.000/5.000
À
PROPOS
DE
SA
FEMME
ET
DE
SA
FILLE
, M
ARGUERITE
D
UTHUIT
,
ARRÊTÉES
PAR
LA
G
ESTAPO
EN
AVRIL
1944
POUR
FAITS
DE
RÉSISTANCE
.
« Cher ami, fringuant cavalier ! Gobineau est gentil, vous aussi, je ne puis constituer le trio car pour moi : “Il y a le travail,
puis rien”. J’ai simplifié. Vous y viendrez aussi ; peut-être comme Victor Hugo irez-vous cogner la nuit à la porte de votre bonne
à laquelle vous répondrez : “C’est le vieux lion !” (chronique familiale). Enfin rigole qui peut en ce moment. Il y en a aussi qui
dorment peu et ont des réveils pas gais. Rire quand on en a envie n’est rien, c’est mieux de rire lorsqu’on n’en a pas envie, dit
Dickens dans
Copperfield
, je crois ».
Puis il en vient aux nouvelles des siens : « Ma femme a été condamnée à 6 mois de prison signifiées le 1
er
juin. Comme elle
y est depuis 25 avril, qu’elle est souffrante et a 72 ans, on espère qu’elle sortira bientôt ! Ma fille est à Rennes, depuis 4 mois,
seulement il y a 15 jours, une dame de la + R., qui s’occupe d’elle, l’a écrit. – Pauvre femme. Dans quel état doit-elle être. Je
me suis renseigné à Nice pour savoir où elle peut être en ce moment, car vous savez que Rennes… C’est la + R. Suisse qui peut
le savoir car elle va faire les 2 camps. Pouvez-vous me rendre le grand service le très grand service de demander à Madame
Micheli [déléguée de la Croix-Rouge Suisse en France] de s’en occuper »… Il donne l’adresse de la prison de sa fille, à la prison
départementale de Rennes.
Il a bien reçu le premier exemplaire de
Fils de personne
… « Je me relève d’une touche au foie qui m’a mis au lit 3 semaines.
La Radio annonce ce matin une tentative de débarquement possible dans notre région qui est en effet assez bombardée tous ces
jours-ci. À notre tour, et voilà Je ne bouge pas, tant pis »…
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