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même, content moins naturellement de ma plume. Quant à la poésie… Voyons, ne te moque pas de ta vieille amie […]. La
vraie
poésie
c’est de vivre affectueusement avec les gens qu’on aime »… Jugement sur le jeune ténor Gréville fils. « Je suis charmée que
S
AINT
-S
AËNS
soit à Londres – voilà mon accompagnateur, avec lui je chanterai tout ce qu’on voudra et avec plaisir »… Évocation de
son séjour à la campagne avec Claudie…
Weimar 28 avril [1879
, elle y interprète des œuvres de sa fille Louise]. Elle est arrivée en
train, par Francfort. Elle a été frappée de la taille et la beauté des hommes en uniforme quelconque : « Les grands blonds aux larges
épaules, à la poitrine bombée, avec leur front de cheveux bien peignés, leurs barbes serrées, leur air hautain et propre, ont bien le
physique de conquérants. Quant aux autres hommes, c’est tout des petits rabougris à l’expression mesquine et misérable, ou bien
des juifs affairés. Il me semble que dans ce moment les différentes castes en Allemagne se séparent de plus en plus. […] C’est une
belle et terrible race que celle qui nous a battus et qui en battra bien d’autres ! »… Répétitions de
Lindoro
… L
ISZT
est venu dès le
matin pendant les répétitions au théâtre…
126.
Pauline VIARDOT
. 2 L.A.S., 1864-1866 ; 1 page in-8 chaque.
200/250
14 mai 1864
, à M
me
de F
RANCQUEN
. Elle lui envoie, « en souvenir de ma bienaimée », un petit objet qui lui a appartenu. Elle
regrette de n’avoir pu la voir avant son départ : « Je n’ai pas eu un moment de liberté pendant mon triste séjour. Excusez-moi
avec votre bienveillance ordinaire »…
Mardi [octobre 1866].
Elle ne renverra pas l’air de
Médée
, qui doit être recopié « avec les
changements que j’ai faits d’après la partition dans les arrangements ». Elle n’a toujours pas le duo de
Sémiramis
dont elle a besoin,
copié ou gravé, pour pouvoir travailler…
127.
Pauline VIARDOT
. 36 L.A.S. ou L.A., 1873-1909 et s.d., à
SA
FILLE
C
LAUDIE
et à son gendre Georges C
HAMEROT
;
environ 105 pages formats divers (une incomplète), certaines sur papier à son chiffre, 3 enveloppes ; quelques lettres
en espagnol.
3.000/4.000
C
HARMANTE
CORRESPONDANCE
FAMILIALE
, adressée à son « petit Didichon » ou sa « Didie », notamment lors de ses séjours en
Suisse à la montagne : elle y raconte alors les bienfaits du calme et la paix intérieure qu’elle y trouve, ses promenades, ses lectures,
commente les pièces de théâtre et concerts auxquels elle assiste presque quotidiennement… Claudie Viardot (1852-1914) a épousé
en 1874 l’éditeur et imprimeur Georges C
HAMEROT
(1845-1922).
Bougival 16 août 1873
. Lettre écrite avant le mariage du couple [mars 1874], en réponse à la demande de Georges : « Nous nous
sommes promis, mon mari et moi, non seulement de ne point imposer notre choix à nos enfants, mais même de ne l’influencer
qu’en le dirigeant, et en nous réservant, comme il est juste, le droit de le ratifier. C’est donc de Claudie elle-même qu’il s’agit
d’abord de vous faire connaître et apprécier. Vous la connaissez à peine, elle vous connaît moins encore, avec un cœur tout à fait
libre, et n’ayant vu le monde que fort peu, elle n’a pu faire aucune comparaison, accorder aucune préférence. Je crois donc que
toute déclaration formelle pourrait tourner contre votre espoir »… Elle lui conseille de poursuivre des relations amicales et de
laisser évoluer les sentiments…
Sceaux
8 août [1897 ?].
Elle aimerait être à Baden avec eux, revoir l’emplacement de leur ancienne maison ; la Musikhalle
existe-t-elle toujours ? Elle a entendu dire que le théâtre était devenu « une espèce de boui-boui. La villa de Tourgli [T
OURGUENIEV
]
doit être encore là »…
S
ÉJOUR
EN
S
UISSE
,
À
V
ALLORBE
PUIS
M
ONTREUX
, août-septembre 1897.
21 août
. Elle évoque « la verte prairie qui s’étend devant
l’hôtel », et une soirée animée par E. Caston, musicien-improvisateur, qui « jouait l’alto au Th. Lyrique quand j’ai chanté
Orphée
! il
avait 16 ans alors »… Elle fait des recommandations à Claudie, blessée au bras ; elle raconte un bal à l’hôtel, ses promenades et les
excursions de ses compagnons ; elle évoque de nombreux amis, et ses petits-enfants… Le 9 septembre, elle est arrivée à Montreux,
à l’Hôtel des Bains, charmant et confortable, mais « où l’on mange joliment mal »… Elle évoque le beau lac, le Casino, où elle va
fréquemment au spectacle : il y a « toujours quelque ouverture plus ou moins intéressante. Ah par exemple, quand on nous joue
celle de
Norma
ou de
Sémiramis
, je suis désolée de voir l’effet nul et presque grotesque qu’elles produisent ! Toute cette musique
n’est, pour ainsi dire que dans la forme, toujours identiquement semblable (je parle de la musique d’opéra). Il s’y trouve certainement
des idées charmantes très souvent, mais jamais développées ; aujourd’hui c’est tout le contraire, beaucoup de développement […]
et le moins d’idées possible ! L’intérêt se porte sur le travail résultant de l’étude et de l’effort, et non plus sur l’idée qui devrait en
être le point de départ – la forme, si chère aux
compositeurs italiens
est devenue insupportable comme une vieille rabâcheuse »… Un
article dans
Le Ménestrel
lui prête des propos « comme quoi, entre autres, je préférerais
Norma
au
Prophète
! […] Il a l’air de dire que
je n’apprécie pas le 3
ème
acte de
Sapho
! Précisément ce qu’à mon sens, G
OUNOD
a fait de plus beau ! »…
S
ÉJOUR
EN
S
UISSE
À
F
RIDAU
, août 1900.
15 août
. Elle évoque le succès du
Sardanapale
de D
UVERNOY
au Trocadéro ; elle craint
que Georges ne puisse être nommé officier : « Il ne s’en est pas assez occupé, et puis son malheureux accident l’a retenu trop
longtemps loin de l’Exposition »… Elle fait travailler à Félix « la chansonnette
Il barchettino
» (
CITATION MUSICALE
)… Après
Quo vadis
,
elle lit
Consuelo
de George S
AND
: « C’est
comme du Mozart
! »…
Sceaux jeudi
. Elle remercie Georges pour l’argent qu’il lui a envoyé. La seule dépense extraordinaire qu’elle ait faite, « c’est
celle de faire imprimer à mes frais (puisque les éditeurs n’en voulaient pas) plusieurs mélodies et morceaux de piano – je n’ai pas
lieu de le regretter car il y a des morceaux qui se vendent bien »…
Lundi
. Elle prie Georges d’envoyer de l’argent à sa fille Louise à
Berlin car « son concert a lieu le 9 et elle aura de gros frais et, je le crains peu de recettes »…
Vendredi
, visite de son notaire M
EUNIÉ
,
« notaire de comédie, joué par un bon acteur. […] A bas les notaires ! à bas les affaires ! vive la république ! »… Etc.
Reproductions page 51