50
128.
Pauline VIARDOT
. 2 L.A.S., 1877-[1884], au compositeur Ernest R
EYER
; 2 pages obl. in-8 à son chiffre, et 2 pages
in-12 deuil à son chiffre.
250/300
7 janvier 1877
. Elle lui transmet, au nom du Roi de Hollande, une invitation pour assister aux examens d’octobre prochain au
château royal du Loo : « Vous voyez bien que vous êtes rentré dans les bonnes grâces de sa Majesté et que si vous n’êtes pas le plus
heureux des mortels, ce ne sera pas sa faute »…
5 janvier [1884]
. Elle avait espéré pouvoir assister à la première représentation de
Sigurd
, « mais je ne me sens pas encore en état de voir du monde et de suivre un ouvrage qui m’intéresserait, avec attention ». Elle
est allée dimanche au concert du Conservatoire : « Je n’ai fait que pleurer tout le temps au point qu’il m’a fallu quitter ma loge et
m’en aller ». Elle lui souhaite un vif succès et espère qu’il lui rendra visite à son retour : « Vous ferez par là un grand plaisir à une
pauvre femme bien triste » [après la mort de Louis Viardot et d’Ivan Tourgueniev (5 mai et 3 septembre 1883)]…
129.
Pauline VIARDOT
. L.A.S. « PV »,
Fridau
9 septembre [1900], à son arrière-petit-fils Jean O
MER
-D
ECUGIS
; 4 pages
in-8 à en-tête et
VIGNETTE
illustrée du
Kurhaus Fridau
.
250/300
C
HARMANTE
LETTRE
DE
L
’
ARRIÈRE
-
GRAND
-
MÈRE
à son « cher petit Jeanjean » (né le 14 avril 1900). Elle s’adresse à lui sachant sa
maman trop occupée, le chargeant de « distribuer tes plus jolis sourires ». Elle évoque les enfants turbulents qui jouent autour
d’elle… « Dis à ta maman que l’on danse ici tous les soirs après avoir joué à la pincette, au mouchoir passé en rond, à l’objet caché,
etc. etc. tous jeux que tu connaîtras bientôt ». Avec sa nourrice Clémence, il a peut-être fait la connaissance « de quelque joli
pioupiou » aux Tuileries. « Tes petit papa et petite maman te font-ils de la miousic le soir ? […] Les petites quenottes commencent-
elles à poindre ? As-tu un petit anneau d’ivoire à promener entre tes petites gencives ? […] Je t’embrasse avec mon bec de plume
tout doucement pour ne pas te faire de mal »…
O
N
JOINT
une L.A.S. à sa petite-fille Jeanne C
HAMEROT
, Mme Henri O
MER
-D
ECUGIS
, 13 juillet 1899 (4 pages in-12).
130.
Louis VIARDOT
(1800-1883). 1 L.S. et 5 L.A.S., 1850-1879, à
SON
ÉPOUSE
P
AULINE
V
IARDOT
; 18 pages in-8
(la première incomplète de la fin).
1.000/1.500
B
ELLE
ET
INTÉRESSANTE
CORRESPONDANCE
À
SA
FEMME
,
NOTAMMENT
SUR
LA
GENÈSE
DE
S
APHO
DE
G
OUNOD
.
Courtavenel 2 août 1850
[Pauline est à Londres]. Il lui donne ses impressions suite à sa première écoute de
Sapho
, que G
OUNOD
vient de composer à sa demande sur un livret d’Émile Augier, et dont il fait un long commentaire : la « charmante » romance de
Glycère, des chœurs excellents, le début du second acte « gai, drôle, franc »… « Puis Le duo de Sapho et Glycère, scène qui peut et
doit être de grand pathétique. Ici une observation : ce duo, presque dans son entier, est seulement de la
déclamation
, un récitatif
rythmé et accompagné, où l’on doit entendre les mots, et chaque mot d’un dialogue serré, nerveux »… Viardot y a souligné « deux
défauts : manque de proportion entre la 1
ère
et la seconde partie du duo, amoindrissement de la partie de Sapho », et Gounod a
remanié la scène et « fait dire la cabalette d’abord par Sapho seule, puis par les deux ensemble. Ce sera beaucoup mieux ». Il est
un peu déçu par le second tableau, mais attend une seconde écoute… « le chant du pâtre est un bijou, un diamant. […] Le chant de
désespoir de Sapho doit être d’un grand et terrible effet – je crois du moins que tu le
feras
ainsi – mais il avait un grand défaut si
je ne m’abuse : c’était de finir dans le même sentiment de désespoir insensé et furieux » ; et il explique comment il a fait remanier
cette fin par Gounod : « Ce sera plus juste, et plus beau »… La seconde écoute, à nouveau commentée, a renforcé sa très bonne
impression… Etc.
Bade 12 décembre 1865
. Il attend le retour de Pauline [de Berlin]. Il la félicite, « parmi ses autres adorateurs », pour sa
prestation lors de la soirée chez le peintre P
IETSCH
: « Tu étais en voix, bien portante, gaie, animée, fêtée. Qu’y a-t-il au monde qui
puisse plus me satisfaire et m’enchanter ? Le bon accueil de la bonne vieille reine m’enchante aussi ». Le Prince et la Princesse de
H
ESSE
demandent régulièrement de ses nouvelles. Il termine en la priant de saluer de sa part le couple M
EYERBEER
…
Bougival 21-25 août 1877
. Leur fils Paul (violoniste) est rentré chez eux aux Frênes mais il repartira probablement bientôt à
Trouville faire un concert au bénéfice de P
ASDELOUP
… Il expose l’avancement des travaux de la maison… Il a reçu cinq lettres pour
T
OURGUENIEV
et ne sait où les renvoyer… Il a reçu la visite du frère de Pauline, « comme une comète désordonnée », qui se rendait
à Tarbes et à Madrid… Il évoque le séjour au bord de la mer de Pauline et Claudie : « J’ai su par T. [Tourgueniev] que vous aviez
des nouvelles de F
AURÉ
, et de bonnes »…
Paris 4 mai 1879
[Pauline chante des œuvres de sa fille Louise à Weimar]. «
Public content
est une maigre formule de succès,
et la seconde envoyée à 5 jours d’intervalle n’annonce pas non plus l’enthousiasme »… Le récit des dernières répétitions laissaient
promettre mieux. « Mais si
Lindoro
a obtenu ce qu’on nomme un
succès d’estime
, Louise doit s’en contenter. Ce qu’elle voulait
surtout, c’était s’entendre. Elle a déjà cette satisfaction et cette bonne étude qu’on fait sur soi-même ; et puis qu’elle n’oublie pas
que si
Fidelio
est tombé sur cette prévention qu’un symphoniste, ne peut être aussi un dramatiste,
Lindoro
avait à lutter contre la
prévention bien plus forte qui s’attache à un compositeur-femme – sans compter peut-être celle qu’ont les Allemands contre tout
ce qui est français, et qu’ils t’ont bien prouvé à Carlsruhe. Femme et Française, c’est trop ». Il est charmé d’apprendre que L
ISZT
joue le quatuor de Louise…