58
144. [
Paul CLAUDEL
(1868-1955)]. 14
PHOTOGRAPHIES
de presse, 1927-1950 ; formats divers.
100/150
Les photographies le montrent notamment à son arrivée à Washington comme ambassadeur, reçu par Toscanini, la Reine
Élizabeth de Belgique, le Pape Pie XII, sur les répétitions de
Partage de Midi
, etc.
145.
Jean COCTEAU
(1889-1963). 3 L.A.S. et
MAQUETTE
autographe, 1921, à Bertrand G
UÉGAN
; 3 pages in-4 et 1 page
in-8.
1.000/1.200
C
ORRESPONDANCE AVEC
LE DIRECTEUR ARTISTIQUE DES
ÉDITIONS DE
L
A
S
IRÈNE
POUR
L
’
ÉDITION DE
SON RECUEIL DE
POÈMES
V
OCABULAIRE
.
Besse en Chandesse
23 juillet 1921
. Il se rétablit après avoir souffert de douleurs névralgiques. Il prie d’envoyer d’urgence les
épreuves du recueil : « Il faut que je révise les ponctuations – (n’en dis rien à la Sirène) »…
[Début août ?]
. Il renvoie les épreuves
corrigées : « J’
AI
PONCTUÉ
LE
LIVRE
.
C’est un drame, je le sais bien, mais moins terrible que des corrections de Blanche et de Proust.
N’en parle pas. Aide-moi. Calme l’imprimeur et presse-le. Je désire qu’on tire
Vocabulaire
sans numérotage et qu’on fasse un assez
grand nombre de luxe, rendant à la Sirène le service d’une édition limité. (Je n’approuve pas la 1
ère
édition de luxe) »…
Piquey
[août]
.
Il souhaiterait ajouter « 3 ou 4 poèmes » au recueil : « Faut-il te les envoyer de suite ou attendre mon retour ? »… Il s’enquiert de
l’éditeur L
AFFITTE
qui lui avait promis de l’argent : « Je n’en ai jamais eu moins que depuis un article du
Mercure
où l’auteur me
croit milliardaire ainsi que mes musiciens. »
M
AQUETTE
autographe pour la page de titre ou la couverture, avec dessin de la Sirène, et projet de « cadre avec grosse et petite
ligne ».
O
N
JOINT
une autre maquette dessinée par Bertrand G
UÉGAN
avec indications typographiques, et une épreuve du titre.
Reproduction page 55
146.
Jean COCTEAU
. 4 L.A.S. et un
TAPUSCRIT
signé avec corrections autographes, 1952-1954, à Marc-Gilbert G
UILLAUMIN
dit M
ARC
’O ; 4 pages et 3 pages in-4.
1.000/1.300
St Jean Cap Ferrat 9 septembre 1952
. Il lui envoie un article : « Si l’article vous intéresse, publiez-le »... – Le
TAPUSCRIT
,
Usage
externe
, encourage la liberté de création et le renouveau de la scène artistique : « La jeunesse, et elle a raison, ne peut ni ne doit se
résoudre à passer de la scène dans la salle. D’un jeu d’acteur aux fauteuils d’orchestre. Elle est mouvement. Le piège qui la menace
est l’École. Dès qu’un mouvement devient École, il se fige et l’artiste debout, s’asseoit. C’est difficile de vivre debout, de manger
debout, de dormir debout, je vous l’accorde. Un Mouvement en arrive presque toujours au dogme, fût-ce celui de la liberté qui
prend vite allure d’esclavage. Libre de n’être pas libre. C’est la formule américaine. Car la jeunesse iconoclaste se sculpte une idole
de résultats. Arriver où ? À quelle heure ? Je vous le demande. On ne part ni on arrive. On
est
»... Égratignant au passage Mauriac,
il termine par un quatrain, également intitulé
Usage externe
: « Je résiste assez mal à la chute des corps / Mon âme se repose assise
entre deux chaises / À ma table invité, je suis le chiffre 13 / Et le sommeil m’encombre avec ses vieux décors ». [L’article paraîtra
dans le n°3 de la revue
Le soulèvement de la jeunesse
, fondée par Marc’O]. –
28 septembre 1952
. « Vous avez, j’en suis sûr, très bien
deviné que mes réserves
ne sont pas des réserves
mais sont un mécanisme d’effluves qui disparaissent (dont l’efficace disparaît) dès
qu’on les constate. J’ai toujours peur, un matin, par distraction de raser mes antennes. Saviez-vous qu’une oreille malade pousse
des poils
pour se défendre
. Il est probable que je mourrai debout »... Et à propos de son article : « J’ai fait ici un très gros travail. [...]
L’article était surtout une preuve de l’amitié que je vous porte. Un signe »...
Samedi [1954]
. Après un rendez-vous manqué : « Je
peux dire
sincèrement
que je regrette d’avoir à vous reprocher une mauvaise grâce qui ne vous ressemble pas. J’ai été très malade et
je le suis encore. Il est vrai qu’on n’a pas le droit d’être malade. Au reste, malade, je travaille et répète
La Machine infernale
après
midi et soir »...
[Autriche]
17 février 1954
. Il se rétablit difficilement. Quant à la programmation de
Closed Vision
de Marc’O au
Cinéma d’Essai (avec
Le Sang d’un poète
), on lui fait des histoires pour la grande salle. « Par contre la petite salle est excellente et
j’ai constaté que le même film avait un public attentif dans la petite salle et inattentif dans la grande. En ce qui concerne
Le Sang
d’un poète
votre idée me semble bonne mais il faudrait que le film sorte non pas en vieille copie mais d’après une copie neuve. […] Je
rechigne toujours à donner
Le Sang d’un poète
en France à cause de cette immense bêtise inculte dont vous avez aussi à souffrir »...
Reproduction page précédente
147.
Jean COCTEAU
. M
ANUSCRIT
autographe signé, [avril 1954] ; 2 pages in-4 (traces de trombone).
1.000/1.200
D
ISCOURS
DE
PRÉSENTATION
DU
FILM
C
LOSED
V
ISION
DE
M
ARC
’O
AU
F
ESTIVAL
DE
C
ANNES
DE
1954.
Essai symboliste et révolutionnaire, ce premier long-métrage de Marc’O devait, selon Cocteau, sauver le cinéma en produisant
un choc sur les spectateurs, guère habitués à ce nouveau type de langage poétique. Il le présenta à Cannes avec Louis B
UÑUEL
.
Il s’agit ici d’un brouillon du discours, avec ratures et corrections. La version définitive du texte comportera quelques variantes.
« Même si je désapprouvais le film de Marc’O et de Yolande du Luart réalisé par V
ICKMAN
– ce qui n’est pas le cas – je
le présenterais quand même. L’essentiel est qu’il existe et qu’il veuille vivre. On connaît l’obstacle que l’industrialisation du
cinématographe à la jeunesse. Un jeune a fait ce qu’il voulait faire. Je ne le juge pas. Je le présente. Un jour Marc’O me téléphona
qu’il souhaitait me montrer son film
Closed Vision
et que je le présentasse au festival de Cannes. […] Lorsque nous fîmes, il y a
trente ans, B
UÑUEL
L’Âge d’Or
et moi
Le Sang d’un poète
, nous ne nous doutions pas que nos films courraient le monde et fixeraient
l’esprit d’une époque. En outre, à distance, les esprits antagonistes se confondent en un seul style et Buñuel me raconte qu’il
arrive au Mexique qu’on lui attribue
Le Sang d’un poète
et qu’on m’attribue
Le Chien Andalou
. Il est possible que
Closed Vision
fixe
l’esprit d’une époque et même qu’on s’en serve pour condamner une époque. […] Salvador D
ALI
me parlait dernièrement à Madrid
d’une science nouvelle qu’il baptise : Phoenixologie. C’est la science qui consiste à mourir plusieurs fois de suite et à revivre en
chair et en os. On observe ce phénomène dans nos vieux films. On le retrouve dans
Closed Vision
– ce qui prouverait qu’il existe