74
194.
Marcel PAGNOL
(1895-1974). L.A.S., Paris 20 mars 1967, à Emmanuel B
ERL
; 1 page et demie in-4.
150/200
Il le remercie pour son amitié et l’assure de la sienne : « Je ne sais pas pourquoi nous restons si longtemps sans nous rencontrer,
alors que nous voyons à longueur de journée une foule de gens qui à nous dire quelque chose d’important (pour eux) »… Il s’apprête
à partir en vacances avec son fils mais le rappellera à son retour…
195.
Jean PAULHAN
(1884-1968). L.A.S., 11.XI [1949 ?], à Emmanuel B
ERL
; 2 pages in-8 à en-tête
nrf
, enveloppe.
300/400
B
ELLE
ET
LONGUE
LETTRE
LITTÉRAIRE
à propos du roman
Sylvia
en cours d’écriture et que Berl publiera en 1952.
« Mais de
vous-même
je ne vous ai jamais rien dit ! Je ne parle que de ce
vous
que présente, que
fait croire
“Sylvia”. Il est très
possible, il est même incertain qu’il ne vous ressemble pas (si le mot de
ressembler
a ici un sens). Méfiez-vous simplement de
l’“expression” qui vous donne allure de suffisant quand vous êtes modeste, de muffle quand vous êtes délicat, de menteur quand
vous êtes franc. Faire un roman c’est un métier comme disait l’autre. C’est un métier qui consiste justement à empêcher que se
produisent de tels retournements, renversements et autres. Et pour le reste le grenadier de 2
e
classe qui affirme que Napoléon lui
a dit… prend allure d’épateur (même si Napoléon lui a simplement dit : vous êtes un con). Alors quoi ? Eh bien il faudrait que
Napoléon (ou Proust) fût si minutieusement – mais si complètement présenté – qu’il devînt tout à fait
indifférent
qu’à la fin on le
nommât ou non. […] Et pourquoi diable votre obstination à ne pas tenir un roman pour [un] roman ? Eh bien je suppose (mais c’est
pure hypothèse) que vous êtes beaucoup trop brillant en conversation pour n’avoir pas une confiance extrême (et imprudente) dans
la “communication”. […] Tel que vous l’avez entrepris, Sylvia devrait honnêtement tenir six volumes. »
Reproduction page précédente
196.
Joséphin PÉLADAN
(1859-1918) le Sâr, écrivain et mystique. 2 L.A.S. et 1 L.S., [1893 et s.d.] ; 4 pages in-4 avec
vignettes, 2 à en-tête
Rosæ Crucis Templi Ordo
pour la
Deuxième Geste Esthétique
…
450/500
[Mars 1893]
, lettre signée en anglais à un rédacteur du
Studio
: il lui transmettra les premières épreuves du catalogue de la
Rose+Croix avec des photos de dessins pour publication dans
The Studio
…
– Dinard pré des oiseaux [1893]
, à V
AUQUELIN
, Président
de l’Union libérale : « Parmi les tableaux que les exposants de la R+C ont négligé de reprendre en temps opportun ; il y en a deux
de M. Arthur P
AYNE
que je vous prie de faire remettre au porteur. – Une religieuse assise & lisant, petit cadre. – Une scène de bain
oriental »…
Paris
, [à Mrs. Arthur P
AYNE
]. Il lui donne toute licence pour traduire et adapter
Istar
: « j’ai fait un grand voyage, en
Égypte & en Syrie & mon peu d’amour pour votre île ne s’est pas accru ; mais du moins votre race a un sentiment de l’aristocratie
que satisferait par l’individualisme hautain de mon œuvre. […] Oui, renvoyez-moi mon drame d’
Istar
puisqu’il ne vous sert plus à
rien : je reverrai curieusement ce document car, depuis le temps où je vous voyais & où je l’écrivis, j’ai retrouvé l’art de Sophocle &
d’Eschyle : les spécimens en sont à votre disposition »… O
N
JOINT
une carte de vernissage pour la
Cinquième Geste Esthétique
(1896),
le numéro des
Hommes d’aujourd’hui
consacré à Péladan avec caricature d’Alfred Le Petit, et une photographie (carte postale).
Reproduction page précédente
197.
Roger PEYREFITTE
(1907-2000). 5 L.A.S., juin-décembre [1942], à Henry de M
ONTHERLANT
, à Paris ; cartes postales
de correspondance, 1 page in-8 chaque remplie d’une minuscule écriture, avec au verso adresses de l’expéditeur et du
destinataire.
700/800
I
NTÉRESSANTE
CORRESPONDANCE
adressée à « M. Millon » (autre patronyme de l’écrivain), signée au nom de l’expéditeur (une
« R.P. Fitte » et une « de St Phalle »),
PARLANT
À MOTS
COUVERTS DE
LEURS
LIAISONS
ET
AVENTURES HOMOSEXUELLES
,
DE
LA NOUVELLE
PIÈCE
DE
M
ONTHERLANT
L
A
R
EINE MORTE
,
ET
DE
SON
PROPRE
ROMAN
L
ES
A
MITIÉS
PARTICULIÈRES
.
Toulouse
27 juin
. « Je ris encore du poème (“Donne-lui donc à bouffer, disait la mère”.) À bouffer “la bonne lettre”,
naturellement. Mais aussi ne suis-je guère porté à gémir pour vous de la fermeture d’Espinathie, que tant de garçons compensent
largement »…
29 juin
. Il participe de loin aux succès de son ami, et confirme son arrivée aux environs du 14, pour la Saint-Henry,
« petite fête intime, chez le rival d’Espinathie, avec “gâteau”, bien entendu », et un bref séjour. À Toulouse, c’est « morne. N’ai
d’ailleurs guère “la tête à ça”, passé par mon travail. Une incompréhension g
ale
, qui me faisait souvent […] aspirer après ces horizons
parisiens que vous m’assombrissiez. Maintenant que vous me les peignez en rose, c’est des “chefs-d’œuvre” et des “superbes
éditions” que vous me dégoûtez. Où est le temps où je disais : mon œuvre (je ne prétendais pas encore au chef-d’œuvre), c’est
une vie. Trop heureux homme qui menez admirablement les deux de front (aurai-je un jour votre savoir-faire ?), – la plume et
l’“épée” ! »…
12 septembre
. « J’applaudis, de loin, aux enrichissements de la célèbre collection : les deux nouvelles divinités inscrites
sous les n
os
X et XVI me paraissent devoir être des morceaux de choix, et qui me prouvent qu’il n’est de bonnes antiquités que
de Paris. Ici, ce n’est pas que le choix ne serait abondant, car j’ai décidé, une fois de plus, de m’en tenir à ce que les antiquaires
m’apportent à domicile : j’ai accroché – pas trop haut – mes cornes de chasseur. La statuette qui faillit vous être livrée à Paris a fait
plusieurs fois mes délices, – et je n’ai pu décider son propriétaire de me la livrer en forme : elle va, elle vient, elle est fugace »…
Dorat
29 septembre
. Il a retardé son retour à Toulouse, et « espère que vous n’ayez été fâché que l’on vous vît d’ici en petit garçon
vêtu de velours noir, et en boucles blondes. Je sais qu’il est des images qui vous sont antipathiques, tout autant qu’à moi. […]