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Charme de fin de vacances “garées des voitures” », avec récit d’une virée à Gergovie…
Toulouse 29 décembre
. Il a attendu pour écrire
de savoir ce qu’était devenue l’affaire du major : « la plaignante a été convaincue être une personne “de mauvaise vie”. Le major
s’est fait blanc de son épée, comme on disait autrefois. Brave major ! Il y a un dieu pour les majors et pour leur ordre. – Lettre de
J.V., qui proteste hautement contre le changement du titre, et je me rends à sa raison : vous connaissez ma “versatilité”. En vérité,
c’est que je n’ai rien trouvé de bon à la place. Ainsi, le sort en est jeté : je serai l’auteur des
A.P.
[
Amitiés particulières
] Tant pis !
Ou tant mieux ! Ne croyez pas que c’est l’avis de V. qui l’emporte à mes yeux sur le vôtre. Vous savez que ce fut, au fond, toujours
le mien : ce livre ne peut pas avoir d’autre enseigne. Et laissons notre amitié en dehors de cela. C’est quand vous l’aurez lu que
vous jugerez de ce que vous pouvez faire, quel que soit le titre […] Et, une fois de plus, je déclare que la littérature est une chose,
l’amitié et la vie une autre. Ne parlons donc plus de cela. – Je fais mon deuil de
La Reine Morte
– état vacant au point de vue lutte
personnelle, en ce moment. Quel évangile, en effet, que celui-là ! »…
198.
Roger PEYREFITTE
. L.A.S.,
Paris
lundi soir [décembre 1942 ?], [à Henry de M
ONTHERLANT
] ; 2 pages in-8, en-tête
Grand Hôtel Taranne
.
300/400
B
ELLE
LETTRE
SUR
LEUR AMITIÉ
. Impossible de dire sa joie : « J’ai rendu, à partir de votre petit mot le
baiser
qu’en rêve, j’avais reçu
de vous : le baiser de paix, d’amitié, et de réconciliation. (Vous êtes “l’homme des baisers” comme Pérignon avait “les enfants du
baiser” : je ne sais laquelle de “nos mères” vous baise la main). Que deux êtres ayant autant d’affinités que nous – souffrez que je
me flatte un peu – puissent se fâcher plus de huit jours, – et, à l’avenir, se fâcher un seul jour, un seul moment, – ce serait vraiment
trop bête. Je suis auprès de vous, suivant l’une de vos paroles, comme l’eau sur la rive ; éloignez-vous, et je n’existe plus ; je ne
vois que du sable, que fuit même le soleil, et où je n’aurais qu’à disparaître. Sur ce rivage fertile et solide, fleuri et plein de chants,
où jouent les Amours et les Muses, il n’y a qu’un petit vallon, qui est votre souci de certaines règles de l’“incertitude” puérile et
honnête »… Il comprend « que vous pouviez avoir vos “irritations”, comme j’ai les miennes, – et le droit d’une amitié aussi
vraie
que la mienne, doit, j’espère, vous ne doutez pas, être de ne pas les provoquer. Je suis sûr que, derrière les joies cruelles que vous
sembliez étaler, il y avait le regret sincère de me faire une peine infinie. D’accord que je méritais peut-être une leçon, mais je vous
en voulais d’avoir si mal – ou si bien – pris votre temps »... Etc.