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15.
Mary CASSATT
. L.A.S.,
Mesnil-Beaufresne par Mesnil-Theribus (Oise)
Dimanche [9 juin 1912], au critique d’art
Achille S
EGARD
; 4 pages in-8 à son adresse (petit deuil).
1.500/2.000
B
ELLE
LETTRE
SUR
SES
COLLECTIONNEURS
ET MARCHANDS
.
Elle attend M. S
TILLMAN
pour déjeuner. « Je viens vous parler de Monsieur J
ACCACI
, qui doit vous voir ou vous écrire au sujet
d’une publication qu’il fait sur des collections de tableaux en Amérique. C’est une affaire importante […] Il a déjà eu des articles
d’écrivains à Paris et quand je lui ai parlé de vous il m’a dit qu’il vous verrait. Strictement entre nous il n’aime pas du tout ma
peinture, mais comme j’ai des tableaux dans des collections d’amis mutuels il doit avoir des articles sur mes tableaux ». Mais ni
Mme H
AVEMEYER
ni M. S
TILLMAN
ne veulent qu’on parle de leurs collections… « Quand à l’esquisse que vous avez vu ici, je crois
que je vous ai donné une fausse impression sur mes relations d’affaire avec Monsieur V
OLLARD
, ce qu’il a de moi il l’a acheté il y
a six ou sept ans, à ce moment les D
URAND
-R
UEL
ne tenant pas à l’esquisse, au moins par moi, depuis tout a changé et comme j’ai
un traité avec eux je n’ai pas le droit de vendre à d’autres. Mais au sujet de l’esquisse je ne veux pas le vendre c’est
la seule
chose
en peinture de moi que je possède, et si comme c’est très possible je ne recouvre pas la santé assez pour travailler cela serait le seul
souvenir pour les miens. Autrement je vous le donnerai avec plaisir, je ne pourrai pas le vendre »…
16.
Mary CASSATT
. L.A.S., Villa Angeletto, Grasse 31 décembre [1912], au critique d’art Achille S
EGARD
; 3 pages et
demie in-8 (petit deuil).
1.500/2.000
B
ELLE
LETTRE
SUR
D
EGAS
ET
LES
PRIX
DE
LA
VENTE
R
OUART
.
Elle a lu avec beaucoup d’intérêt l’article de Segard sur D
EGAS
: « c’est M. D
URAND
-R
UEL
qui me l’a donné, il est en visite chez
R
ENOIR
, pour se remettre de la fatigue de la vente Rouart. J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt. Degas n’a jamais été prix
de Rome, l’idée seule le ferait bondire. Je ne trouve pas juste de dire que les femmes n’ont pas pris, ou n’ont pas aimé son art. Le
premier Degas qui est allé en Amérique a été acheté par une jeune fille, et j’en connais d’autres et à la vente plusieurs femmes était
parmi les acheteurs, ou aurait voulu l’être, seulement les prix ont été tellement au-dessus de ce qu’on a supposé qu’ils serait. Une
amie a laissé un prix de 75 000 frs pour
Les Modistes
et ne l’a pas eu. […] Ici nous avons eu beaucoup de soleil, mais il m’a fallu
du temps pour m’acclimater et je n’ai pas encore repris le travail »…
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17.
Mary CASSATT
. L.A.S., Villa Angeletto, Grasse 31 mars [1913], au critique d’art Achille S
EGARD
; 4 pages in-8
(petit deuil).
2.000/2.500
I
NTÉRESSANTE
LETTRE
SUR
SA
VIE
,
SA
FAMILLE
ET
SON
TRAVAIL
DE
PEINTRE
, à l’auteur de
Mary Cassatt, un peintre des enfants et des
mères
(Ollendorff, 1913).
Elle a reçu les épreuves de son livre : « Comment faire, il y a tant de choses à dire à rectifier, et je ne sais pas écrire, surtout
en français. Laisse-moi d’abord vous remercier de tout ce que vous avez dit sur ma peinture, j’en suis très touchée. Quant à ma
psyhcologie, je crois que je suis comme cela. Pour la partie biographique c’est inexacte. Ma famille a quittée Pitsburg quand j’étais
bébé
, nous sommes venus en France quand j’étais très jeune je crois que j’ai appris à lire à Paris, nous sommes restés en Europe,
France, et Allemagne, pendant presque cinq ans »… Elle fournit des précisions sur les carrières de son père et son frère aîné ; ce
dernier, président du Chemin de fer de Pennsylvanie, commissionna la construction de la gare de New York, fort admirée d’Arnold
B
ENNETT
, qu’elle cite. « Strictement entre nous la situation de mon frère a nuit à la mienne, sa gloire a suffit pour la famille. Je n’ai
jamais travaillé avec P
ISSARRO
, ni reçu de ses conseils. Je ne l’ai pas vu dans l’Oise, il venait me voir dans mon atelier à Paris, mais je
ne l’ai pas vu les dernières quinze années de sa vie. J’ai
beaucoup
travaillé en plein air »… Elle le prie de nommer les portraits qu’elle
a faits pour M. de S
AILLY
, supérieurs à celui de Mme Morel d’Arleux ; « la description des tableaux d’après les photographies sont à
revoir pour les couleurs »… Elle reviendra à Paris fin mai ou début juin selon le temps : « je suis beaucoup mieux, et espère bientôt
travailler mais j’ai essayé en Février et étais obligée de m’arrêter »… Quant à un portrait d’elle-même, « W
HISTLER
n’en a jamais fait
un, et je ne puis accepter l’étude d’une criminelle que D
EGAS
a fait, après tout je n’ai jamais assassiné personne. On n’a pas fait une
photographie de moi depuis des années, je pensais faire un kodak en plein air ici. Dites-moi si je dois faire des corrections pour les
couleurs dans votre livre »… Elle ajoute : « J’ai vu R
ENOIR
plusieurs fois je le trouve bien interressant ».
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