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Le présent
MANUSCRIT DE
TRAVAIL
montre que Sartre a rédigé lui-même une grande partie du scénario. Il se présente sous forme
de script, en deux colonnes, avec les dialogues dans la colonne de droite, et à gauche les didascalies, les mouvements et cadrages
de la caméra, le jeu des acteurs, etc. La première partie (jusqu’à la page 73 incluse) est écrite au dos de feuillets dactylographiés
d’un script de film sur la vie de François d’Assise. Le début est très fragmentaire, mais la suite est quasiment complète. Les pages
dactylographiées insérées dans le manuscrit, généralement avec corrections, sont des fragments du script, avec les séquences
numérotées.
Pages 8 et 8 bis, scène entre le général et Estelle, puis Estelle s’adressant à l’employé de la réception.
Page 11, trois répliques pour une scène (coupée dans le film) entre Inès et un « gosse » qui brûlait des papillons.
Estelle assiste à son enterrement en le commentant (p. 33-35 avec corrections, p. 34 d’une autre main), puis Inès voit
Florence dans sa chambre et l’interpelle : « Tu n’es donc pas morte ? Tu t’es ratée ? C’est partie remise. Tu en seras quitte pour
recommencer »… (p. 35-36) ; puis les femmes amènent Garcin devant la fenêtre (p. 37). Garcin voit sa femme (37
bis
-
ter
dactyl.
[séquence 114]). Scène entre Garcin, Inès et Estelle (38 par Sartre, et 39-40 dactyl. [séq. 123-131]). Estelle et son mari, leur première
rencontre et leur vie commune [scène coupée dans le film] (41-42 dactyl., 43-45). Retour au salon, scène entre Estelle, Inès et
Garcin ; Estelle se met du rouge à lèvres (46-54, dont 47-48 dactyl. [49 manque, séquences 145-148]). Procès de Garcin, Garcin et
sa femme (55-60, et 61-62 dactyl. [séq. 149-154]). Inès raconte son histoire avec Florence, et la voit dans leur appartement ; le mari
de Florence vient la chercher, rage d’Inès (63-67). Aveux d’Estelle (68-73 [71 manque]).
Page 74 et la suite non paginée jusqu’à la fin (28 ff.). Estelle voit Olga emmener Pierre au dancing ; Olga raconte à Pierre
l’infanticide d’Estelle… Inès tente de séduire Estelle, qui lui crache au visage. Estelle drague Garcin ; jalousie d’Inès, violemment
repoussée par Garcin. Inès voit Florence et son mari... Garcin voit la salle de rédaction de son journal, Gomez et ses amis
journalistes le jugent comme un lâche et suppriment son nom de l’affiche. Estelle se serre contre Garcin. Garcin va vers le rideau :
ils sont murés… Garcin veut s’enfuir, la porte s’ouvre ; Garcin revient et referme la porte. Estelle veut se faire embrasser par
Garcin, ils s’enlacent ; vive réaction d’Inès, ainsi que d’une « foule indistincte »…
G
ARCIN
: « Il ne fera donc jamais nuit ? […] Alors c’est ça, l’Enfer ? Je n’aurais jamais cru. Vous vous rappelez : le soufre, le
bûcher, le gril… Ah ! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l’enfer c’est les Autres »…
Estelle frappe Inès avec le coupe-papier :
I
NÈS
(se débattant et riant)
Qu’est-ce que tu fais, tu es folle ? Tu sais bien que je suis morte.
Elle prend le couteau des mains d’Estelle
et s’en frappe avec rage.
Morte ! Morte ! Morte ! Nous sommes ensemble pour toujours.
Sur Estelle riant.
E
STELLE
Pour toujours ! Mon Dieu que c’est drôle ! Pour toujours.
Garcin riant
G
ARCIN
Pour toujours.
Sur les trois riant.
Long silence. Garcin s’éponge le front
avec son mouchoir puis il va à elles.
G
ARCIN
Eh bien, continuons.
Chacun reprend sa place sur le canapé
et c’est fini. »